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Les thèmes abordés dans cet ouvrage collectif rendent compte de la complexité de la pratique de la discussion comme mode d’échanges délibérés, réflexifs et argumentatifs qui s’inscrit dans une perspective de co-construction des connaissances. Tantôt une finalité, tantôt un moyen pour apprendre ou faire apprendre, la discussion en éducation et en formation remet en question à la fois le mode traditionnel de transmission des connaissances et le rapport à la vérité. En effet, elle inviterait les personnes au sein des différents systèmes éducatifs (dans la famille, la vie scolaire, la classe, l’établissement scolaire, etc.) à développer des postures épistémologiques et des savoir-faire démocratiques et éthiques qui favorisent la rencontre de l’altérité et imposerait des changements profonds dans le rapport à l’autre, au savoir et au pouvoir. Bien que la discussion semble être à plusieurs égards une pratique avantageuse et souhaitable en éducation et en formation, elle comporterait aussi des limites et des obstacles dont cet ouvrage fait état.

L’ouvrage est intéressant à plusieurs égards. Les questionnements et les propos nuancés des auteurs qui y ont contribué favorisent chez le lecteur l’adoption d’un regard critique à l’égard des dérives potentielles et de la tentation de voir en la discussion une panacée pour pallier tous les problèmes éducatifs. La mise en contexte de l’irruption de la discussion en éducation et en formation et l’explicitation d’enjeux éducatifs, sociaux, politiques, épistémologiques et éthiques éclairent sur l’intérêt pour cette pratique en concomitance avec l’intérêt pour le développement de la pensée réflexive. La pratique de la discussion est étudiée sous de multiples facettes et dans différents contextes. Enfin, des moyens sont proposés et des pistes soulevées, en vue de favoriser la pratique de la discussion et ses retombées positives en éducation et en formation.

Cependant, nous devons formuler quelques critiques. D’abord, sur la forme, certaines références à des auteurs ne sont pas complètes dans le texte et certaines sont absentes dans la bibliographie. Aussi quelques propos sont basés sur des écrits d’auteurs qui eux-mêmes ont repris les propos d’un autre. Dans ces cas, il peut être difficile de vérifier la véracité des propos rapportés. Sur le fond, bien que des aspects plus affectifs de la discussion soient nommés à différents endroits dans les textes, ils sont peu explicités et mériteraient d’être développés davantage, en vue de saisir toute la complexité des processus inhérents à la discussion. Enfin, comme on parle d’un nouveau champ de recherches et en annonçant l’urgence de développer des recherches sur la pratique de la discussion, un lecteur peut avoir l’illusion que la discussion n’a jamais fait l’objet de recherches antérieures. Pourtant la discussion, les échanges, le débat en contexte de formation font déjà, depuis plusieurs dizaines d’années, l’objet de nombreuses réflexions et recherches en psychologie, en psychosociologie et en communication. La nouveauté pourrait être davantage associée au récent intérêt en éducation pour l’étude de ce phénomène et au paradigme adopté pour l’étudier, en éducation. Il importe de le préciser.