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D’entrée de jeu, le titre de l’ouvrage attire notre attention. En éducation, le terme cognitique n’est pas usuel. Bien qu’il laisse entrevoir, a priori, la possible conjonction entre cognition et informatique, de quoi s’agit-il au juste ? Que renferme ce néologisme qui recouvre deux domaines fortement en développement ? Le lecteur curieux de trouver réponse à ce questionnement est vite renseigné, puisque, dès l’introduction, l’auteur prend le soin de le situer. Ainsi, apprend-on que le mot cognitique a été légalement déposé par J.-M. Truong, en 1983, auprès de l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI), et qu’il a été inscrit à la Commission du Titre d’Ingénieur (CTI), en 2002 en France, devenant par le fait même une discipline de l’ingénierie. Aujourd’hui, la cognitique, que l’auteur définit comme étant la science et technique du traitement automatique de la connaissance, s’inscrit dans le domaine de l’informatique et des technologies de l’information, tout en prenant appui sur les sciences biologiques, sociales, humaines et de la gestion. Ces clarifications étant faites, il nous intéressait de découvrir tout ce que recèle la cognitique, notamment en quoi elle peut contribuer au développement des sciences de l’éducation.

Dans son livre, le professeur Claverie, qui dirige l’Institut de Cognitique à l’École nationale d’ingénieurs interne de l’Université Bordeaux 2, expose les fondements de la cognitique, d’une part en présentant le cheminement historique du machinisme, de l’automatique, de l’électronique et de l’informatique et, d’autre part, en analysant divers concepts sur lesquels elle repose tels connaissance et cognition, machines et machinisme, automatique et automation, informatique et information ainsi que cognitique et connaissance.

L’un des intérêts de cet ouvrage est certes celui de resituer la cognition en termes d’informations, de connaissances et de savoirs au regard des processus mentaux pouvant être reproduits par l’intelligence artificielle. L’auteur montre la place qu’occupe la machine à penser, et en quoi celle-ci peut suppléer, voire dépasser le cerveau humain, compte tenu de ses limites, soit sa puissance (mémoire) et sa vitesse de réaction. Cette argumentation pourrait soulever la question de savoir si l’ordinateur va remplacer un jour l’enseignant. Loin de l’auteur l’idée de relancer ce débat, celui-ci souhaitant davantage mettre la cognitique au service de la connaissance dont l’utilité apparaît indéniable pour traiter et gérer la grande masse d’informations disponibles.

Selon l’auteur, la cognitique est de nature pluridisciplinaire et le cogniticien se définit comme le spécialiste de la transversalité de la connaissance. Or, bien qu’il y soit fait mention que les applications de la cognitique en éducation sont nombreuses, l’ouvrage présente peu de liens et d’exemples concrets avec ce domaine. Cela n’enlève en rien à sa pertinence, qui vise principalement à démystifier cette discipline en émergence. Peut-être une prochaine publication s’y attardera-t-elle davantage ?