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Cet ouvrage collectif, dirigé par Diana Masny, professeure à l’Université d’Ottawa, réunit les propos de onze chercheurs francophones intéressés à éclairer le concept de « littératie ». Les textes, regroupés en chapitres, proposent une réflexion sur le concept de littératie sans pour autant lui donner une définition claire et précise. Par ailleurs, l’autrice accompagne son lecteur tout au long du livre, dans la quête de sa propre définition.

Le titre, La culture de l’écrit : les défis à l’école et au foyer, évoque d’emblée des questions sur le sens que l’autrice souhaite apporter à l’écrit. Est-ce le sens traditionnel ? Y a-t-il d’autres sens ? Quel rapport avec la lecture ? Que dire des liens possibles entre l’écrit, l’école et le foyer ? Tout prend forme, cependant, dès l’introduction. À l’invitation de l’autrice, le lecteur élargit, en effet, le cadre traditionnel de l’écrit en y ajoutant les différentes formes de communication, comme l’audiovisuel, les hypertextes et le multimédia, dans la perspective de littératies multiples.

Suivent huit chapitres ouvrant sur les opinions de différents chercheurs. En même temps se précisent les croyances de l’autrice. Chaque chercheur aborde une dimension théorique et pratique de la littératie selon son champ d’expertise. Dans le premier chapitre, « Pour une pédagogie axée sur les littératies », Diana Masny présente l’enjeu de son modèle pédagogique mettant à profit trois axes : la littératie scolaire, la littératie communautaire et la littératie personnelle. La littératie de même que les volets du préscolaire et de la jeune enfance sont abordés dans « Interventions des parents lors de l’écoute de la lecture de leur enfant de première » de Jocelyne Giasson et Lise Saint-Laurent, dans « Les classes du préscolaire : une étape importante dans la construction des littératies multiples chez le jeune enfant » de Claire Maltais, et dans « Pour une littératie critique dès les premières années d’école » de Kathy Hall. Deux chapitres traitent de l’apprentissage et de l’enseignement des sciences de la nature : « L’enseignement des sciences au primaire » de Mireille Baulu-MacWillie et Abdeljalil Métioui, et un exemple pratique présentant les résultats d’une recherche-action, de Bernard Laplante, « Apprendre en sciences, c’est apprendre à parler sciences : des élèves de sixième année apprennent à parler des réactions chimiques ». Ronald Plante aborde la place des mathématiques dans « Littératies et discours explicatif en mathématiques ». Enfin, Jean-Claude Boyer et Nicole Lamarche jettent un regard sur la formation des enseignants et des enseignantes dans « La culture de l’écrit à la formation des maîtres ».

Différents aspects, voire différentes littératies, étoffent le message de Masny présenté dans son introduction. Les propos tenus sur une variété de thématiques offrent au lecteur la possibilité d’en dégager des points communs. En fait, Masny semble avoir concrétisé son intention : présenter un scénario et remettre au lecteur la responsabilité de construire sa propre définition du concept.

La structure de ce recueil est conviviale. L’introduction et la conclusion sont éclairantes et servent d’encadrement aux chapitres. Chaque chapitre expose en quelques pages les opinions des auteurs tout en précisant les enjeux évoqués par le titre de l’ouvrage. Notons également la forte pertinence et la grande utilité des bibliographies à la fin des chapitres. Cet ouvrage, le premier du genre semble-t-il, brosse un portrait de la littératie en s’appuyant sur quelques chercheurs francophones. Il est indispensable à quiconque cherche une définition de la littératie, car l’autrice nous amène à considérer la littératie dans un sens très large.

Osons croire que les succès de l’auteure feront valoir l’importance de continuer le processus de construction en cours. Dans l’éventualité d’un prochain recueil, des questions telle l’élaboration d’une définition de la littératie ou, du moins, une synthèse des définitions existantes jetteraient une lumière plus forte sur le concept. En outre, une analyse des littératies multiples dans différents contextes ainsi qu’une clarification des ressemblances et des différences entre les chercheurs francophones et leurs homologues anglophones, quant au concept de la littératie lui-même, pourraient préciser les champs d’action des responsables de l’éducation. Enfin, une réflexion plus poussée serait utile, voire nécessaire, sur la langue conçue comme un outil de construction identitaire au-delà de tout apprentissage scolaire et personnel.