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Cet ouvrage collectif présente la formation continue à partir d’analyses effectuées dans des pays industrialisés et des pays considérés comme en développement. Ces analyses portent principalement sur la situation des femmes, leurs problématiques d’inclusion aux différentes trajectoires de la formation continue. La condition masculine par rapport à la formation continue est présentée dans une perspective d’impact de la formation, selon qu’on est femme ou homme.

Les différents auteurs du collectif tracent des tableaux de la formation continue du Canada, du Québec, de la France, de la Suisse, du Mexique et du Burkina Faso, selon certaines études réalisées sur le terrain ou de données provenant d’organismes de formation continue. Le poids des traditions semble influer sur l’égalité d’accès des femmes à la formation continue. Alors que pour les hommes, la formation continue constitue une étape vers un gain salarial ou une promotion, pour les femmes, cette réalité est bien différente, et la formation continue n’est pas un vecteur de promotion. Selon Fournier au chapitre 2, si les femmes veulent jouer un jeu égal à celui des hommes, elles devront adopter le modèle masculin de carrière. Il se dégage une constance, à savoir que les modèles de formation développés pour un sexe ne conviennent pas nécessairement à l’autre, comme le souligne Bizot au chapitre 6.

Dans les pays en voie de développement, coexistent deux secteurs de la prise en charge de la formation continue : les organismes gouvernementaux et les organismes non gouvernementaux. Les premiers sont très critiqués parce qu’ils renforcent l’exclusion sociale en offrant un service de faible qualité qui encourage la marginalisation et la passivité. Par contre, le secteur des organismes non gouvernementaux semble proposer des solutions idéales de formation en prônant une approche multidimensionnelle qui redonne aux femmes un rôle actif par l’appropriation de l’appartenance à la collectivité.

Au-delà des paramètres universels de la formation continue, il existe des facteurs culturels et sociaux que le collectif effleure à peine. L’état de la question de la formation continue au Mexique ou au Bukina Faso est certes intéressant pour des lecteurs de pays industrialisés. Toutefois, au coeur de ces mêmes pays, la formation continue demeure un rêve lointain pour une catégorie de femmes et d’hommes qui n’y auront pas accès. Au chapitre 9, Gervais mentionne que les femmes immigrantes sont coupées de la formation par une culture qui parfois les enferme. En lisant certains commentaires de ce chapitre qui décrit brièvement la situation de ces femmes, on se demande à quel moment de leur vie ces femmes immigrantes seront désignées sous l’appellation de femmes québécoises.

L’ouvrage dirigé par Claudie Solar ne pouvait certes pas toucher à toutes les facettes de la formation continue, mais parce que l’immigration, dans un pays industrialisé comme le Canada, est devenue un pivot important de l’évolution de la société, des analyses d’envergure internationale auraient pu en rendre compte de façon plus approfondie.

Il reste à souhaiter que les pistes d’intervention suggérées dans l’ouvrage alimenteront la réflexion sur le contexte social et culturel de la formation continue.