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Cet ouvrage soulève de nombreux défis liés à l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation. Pour illustrer son propos, l’auteur rapporte quatre projets d’intégration des TIC. D’abord, le premier projet est celui du programme de recherche In-Tele (Internet Based Teaching and Learning) dans lequel quatre universités et une entreprise privée ont été partenaires dès 1998. Chaque université était responsable d’un axe du projet de recherche dont l’élément rassembleur était l’utilisation d’Internet à des fins pédagogiques. Les premiers résultats d’In-Tele ont été réinvestis dans un second projet, à savoir l’Établissement Scolaire Virtuel (ESV), une application regroupant divers services en ligne pour les élèves, les parents, les enseignants et les administrateurs. Toujours dans le prolongement du même programme de recherche, la création d’un consortium avec des entreprises a permis la distribution de portables dans des collèges français. Enfin, l’auteur décrit le processus de création et d’expérimentation du diplôme d’Utilisation des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation offert à distance dans une visée de coopération Nord-Sud entre des institutions universitaires.

À travers ces projets qui se déroulent de façon concomitante par moment, Jaillet rapporte des résultats qui ont l’avantage de bien cerner la complexité de l’appropriation des TIC à des fins pédagogiques. L’auteur adopte une attitude objective face à ceux-ci, n’hésitant pas à faire part des difficultés rencontrées, par exemple, de la faible utilisation de l’ESV lors dès débuts. Parmi les questions soulevées, l’auteur s’interroge, à juste titre, lorsque les résultats montrent que les élèves qui obtiennent les meilleurs résultats scolaires sont ceux qui se branchent le plus souvent à l’ESV dans le cadre de l’opération portable. Alors que le projet visait à favoriser un accès égalitaire à tous les élèves, les données recueillies montrent que l’écart se creuse entre les élèves ayant de bons résultats scolaires et ceux qui ont de faibles résultats scolaires au regard de l’utilisation. Une telle opération contribue-t-elle vraiment à réduire la fracture numérique ou ne fait-elle que l’amplifier ? Il est permis de se poser la question…

Comme l’auteur fait le choix de décrire les difficultés liées à l’utilisation d’Internet à des fins pédagogiques, surtout du point de vue de l’enseignant, ce choix nous laisse sur notre appétit quant aux pistes à envisager pour effectuer une intégration des TIC réussie dans l’enseignement. À cet égard, la présentation de plusieurs projets de façon brève ne permet pas toujours de bien cerner le contexte de ces derniers et d’apprécier la portée des résultats rapportés. Enfin, l’ouvrage ne présente pas une synthèse des principaux constats qui auraient pu contribuer à faire le lien entre les projets et fournir des recommandations à explorer pour donner suite aux projets expérimentés.

En guise de conclusion, cet ouvrage a le mérite de soulever des enjeux qui permettent de comprendre pourquoi l’intégration d’Internet à des fins pédagogiques est un processus complexe qui demande du temps à l’enseignant, tant au niveau du changement des pratiques que de l’appropriation que cela exige d’un point de vue technique.