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Soulignant le 40e anniversaire de la fondation des cégeps, ce vaste ouvrage, constitué de cinq parties, propose un panorama du réseau collégial. Une vingtaine d’auteurs traitent de divers sujets en autant de chapitres. En premier lieu, les débuts de cette aventure collective sont évoqués, puis son évolution – notamment la réforme de 1993 – et le rayonnement des cégeps dans leur région et dans la société québécoise. Ensuite, sont mis en évidence des aspects comme la riche vie intellectuelle et pédagogique du collégial, voire sa présence sur le plan international. Enfin, plusieurs chapitres sont consacrés à l’organisation du réseau ou aux principes d’administration locale. Cet ouvrage trouve sa richesse, non dans son exhaustivité, mais dans le fait que chaque chapitre, à partir d’études ou de témoignages, fait la synthèse d’un aspect significatif du collégial.
Les éléments abordés sont variés, mais logiquement ordonnés, allant du financement institutionnel selon le mode FABES au concours Cégeps en spectacle. De nombreux tableaux, encarts et figures font état des instances de tous les niveaux, de statistiques scolaires, démographiques et économiques ou de séquences historiques. L’un des principaux mérites de l’ouvrage est donc l’explicitation des liens entre le ministère et le réseau collégial, entre les cégeps, les universités et l’industrie. En ce sens, on découvre que les cégeps sont de véritables moteurs de la société québécoise, sur les plans social, économique et éducatif. Contrairement à l’opinion souvent entendue, ils ne sont pas le fruit d’une improvisation, mais bien d’une volonté d’action qui trouve ses racines dans les années 1950. Cette volonté s’est consolidée au fur et à mesure du développement du réseau et de l’augmentation de la fréquentation scolaire, l’un des fruits les plus marquants de leur évolution à ce jour.
Sur le plan institutionnel, l’ouvrage rend compte des changements sociaux importants qui ont germé grâce au bouillonnement de la création du réseau collégial et des critiques, fondées ou non, qui sont inhérentes aux résistances diverses suscitées par le changement ou la constatation de ratés (par exemple, en matière de rendement au regard du taux de diplômés). On constate, entre autres, un phénomène particulier : l’arrivée importante des femmes, tant chez les gestionnaires et professionnels que chez les étudiants.
Cependant, on regrettera le ton parfois trop apologétique de certains passages, tant dans les témoignages que les chapitres à caractère plus quantitatifs. Ces passages, plutôt que d’être strictement descriptifs ou explicatifs, semblent vouloir convaincre le lecteur de certaines missions éducatives ou autres aspects idéologiquement ou politiquement connotés. A contrario, d’autres extraits, quoique très bien documentés, en restent à des considérations statistiques qui ne sont traitées, somme toute, que de façon générale. On aurait aimé une plongée au coeur même des aspects pédagogiques et scolaires propres à la nature de la cohorte des élèves du collégial. Toutefois, l’un des points forts de cet ouvrage demeure sa grande cohésion et le tableau général qu’il brosse de cette réalité complexe et unique qu’est le réseau collégial québécois. Il apparaît comme un ouvrage de référence incontournable, ne serait-ce que par les nombreux renvois aux documents ministériels, statistiques, didactiques, idéologiques et administratifs (sans compter un répertoire bibliographique de près de 80 pages). En ce sens, cet ouvrage se rapproche d’une méta-analyse par son esprit et d’un ouvrage de vulgarisation par la diversité du propos.