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Deux axes structurent cette histoire du système éducatif français. Le premier en décline les thèmes les plus marquants : le pouvoir de l’Église et de l’État au regard de l’école, la construction des savoirs scolaires, l’évolution des pratiques éducatives, la centralisation et l’autonomie, la formation au travail, les inégalités, l’innovation technique. Selon le deuxième axe, le récit propose un découpage en sept périodes : les deux premières couvrent l’Antiquité et vont jusqu’au xiie siècle ; une troisième s’amorce avec l’essor des universités médiévales ; la quatrième démarre avec la Contre-réforme ; ensuite viennent l’étape de la Révolution et de l’Empire qui se prolonge jusqu’à la IIIe République, l’ère de l’École républicaine qui dure jusqu’à la fin des années 1950 et, enfin, celle de la Ve république. Un découpage qui relie les évolutions du système éducatif, voire ses transformations, à celles de la nation française sur les plans politique, social et économique et qui permet de comprendre comment il s’est façonné. Les auteurs ne s’emprisonnent cependant pas dans ce découpage, qu’ils modulent selon le thème traité.

Une des forces du livre réside dans les quelques constats qui se dégagent à la suite de la visite des thèmes et que le lecteur intéressé à la comparaison des systèmes éducatifs saura garder en mémoire. D’abord, l’influence prégnante des conceptions du savoir issues de l’Antiquité. Ensuite, la mise en place de la forme scolaire qui s’est imposée progressivement pour les enseignements du primaire et du secondaire à partir du xvie siècle avec la Contre-réforme, et qui se caractérise, entre autres, par la classe de niveau, une centration sur l’activité écrite des élèves, le choix de contenus d’apprentissage commandé trop souvent par les examens et la hiérarchie négociée des savoirs, l’autorité affirmée du maître, une insistance sur la discipline longtemps fortement répressive et une intention d’inculcation de valeurs et de normes. Aussi, une trame en plusieurs épisodes, où les impulsions qui ont commandé l’installation progressive du système visaient surtout à servir les besoins de maintien ou de développement soit de l’Église, soit de l’État, soit, à quelques moments, de groupe d’intérêts. Enfin, le fait d’un système dont les caractéristiques qui en ont fait l’efficacité le rendent en même temps peu flexible face à la diversité des situations locales et difficilement capable d’adaptation profonde. Ici comme en plusieurs autres pays, se posent les défis reliés à la scolarisation massive et aux inégalités, aux demandes d’expression religieuse et aux exigences d’autonomie des établissements.

Ce petit livre saisit l’intérêt du lecteur par son accent sur ce qui semble constituer l’essentiel, par son organisation et par sa clarté. La lecture en est facile. Une introduction à l’histoire d’un système éducatif, qui couvre très large et qui est réussie. Toutefois, le lecteur doit se fier aux auteurs en ce qui concerne les sources sur lesquelles ils s’appuient. À cet égard, les références dans le texte sont rares et la liste de références (la bibliographie) est courte. Une limite inhérente au concept qui préside à la production de plusieurs livres de la collection Que sais-je… Par ailleurs, ceux-ci étant probablement assez recherchés par des lecteurs hors-France, pourquoi ne pas ajouter de la France aux titres lorsqu’il y a lieu, par considération pour ces lecteurs ?