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Alors que peu d’écrits traitent exclusivement de la didactique de l’oral, cet ouvrage vient combler un besoin chez les didacticiens du français et amorce ainsi un débat important au sujet de l’oral, à la fois comme objet d’enseignement et comme outil réflexif à l’apprentissage. Tout aussi critique est la discussion au sujet du développement des compétences orales lors de la formation initiale.

Ce livre collectif regroupe divers chapitres explorant les enjeux de la didactique du français oral. En introduction, une perspective historique est tracée, avec le constat de la place de l’oral dans les programmes d’études au fil des ans. Les auteurs discutent alors des postulats qui orientent l’enseignement de l’oral. La première partie de l’ouvrage traite de l’oral comme objet d’enseignement, en explorant la mise en oeuvre de la démarche didactique de Lafontaine, incluant la vérification de la prise en compte des concepts enseignés lors d’une prestation orale formelle, et ensuite en comparant les démarches de l’enseignement de l’oral dans des manuels scolaires du Québec avec une séquence didactique d’auteurs suisses romands pour l’exposé oral. La deuxième partie se concentre sur l’oral réflexif, en explorant l’apport de l’oral aux compétences discursives autour de l’oeuvre litté- raire lors de la mise en place de cercles littéraires. L’oral réflexif est également étudié sous l’angle des groupes de révision rédactionnelle, alors que les pairs font des appréciations et des suggestions autour des premières ébauches de textes. La troisième partie table sur des réflexions autour du développement des compétences orales en formation continue et fait état de cours de didactiques de l’oral dans quatre différentes universités québécoises, en explorant des dispositifs didactiques, contenus, outils et modalités pédagogiques ainsi qu’une grille d’évaluation pour l’oral.

Quoique les sujets paraissent hétéroclites et que leur regroupement puisse sembler de prime abord artificiel, l’habile introduction guide le lecteur en établissant le fil conducteur de l’ouvrage et les chapitres qui s’ensuivent se déroulent alors avec cohérence, fluidité et complétude. À travers le livre, les propos sont bien documentés et ancrés solidement dans des perspectives théoriques bien articulées. Les résultats de recherche viennent compléter les arguments, même si les différentes méthodologies pourraient parfois être mieux expliquées. Les démarches didactiques explicites et les cadres de références adaptables à divers contextes outilleront le didacticien pour l’enseignement de l’oral. Il serait toutefois souhaitable d’en trouver davantage pour le contexte secondaire et primaire, surtout en ce qui a trait à l’oral comme objet d’enseignement autre que les prestations formelles.

Il faut aussi remettre en question le titre même de l’ouvrage, qui n’inclut pas la francophonie canadienne et internationale, malgré l’exploration, dans un chapitre, du contexte minoritaire néo-brunswickois et, dans un autre, d’une séquence didactique suisse-romande. Il semble qu’une inclusion de la francophonie canadienne, autant dans le titre que de façon plus exhaustive dans l’ouvrage, aurait pu enrichir la réflexion autour des enjeux qui reviennent au long de l’ouvrage, tel l’écart entre le vernaculaire et le standard, ainsi que l’insécurité linguistique, présente autant chez les élèves que les étudiants en formation initiale.