Reconnaissance

Cartographier, célébrer, renforcer, stimuler : une contribution au champ de l’éducation relative à l’environnement[Record]

  • Lucie Sauvé

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  • Lucie Sauvé
    Titulaire de la chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement, Département d’Éducation et pédagogie, Université du Québec à Montréal

NDLR

Lucie Sauvé a reçu, en 2009, le prix Reconnaissance de l’Association des doyens et directeurs pour l’enseignement et la recherche en éducation au Québec (ADEREQ), pour sa contribution remarquable à l’avancement et au rayonnement des études et de la recherche en éducation au Québec.

Depuis la fin des années 1980, je me suis intéressée à la cartographie du champ de l’éducation relative à l’environnement (ERE), afin de rendre compte de la richesse et de la diversité des théories et pratiques en ce domaine, qui n’ont cessé de se développer au cours des cinq dernières décennies. L’éducation relative à l’environnement s’inscrit dans la mouvance sociale, éducationnelle et environnementale qui agite notre époque et elle se vit en contexte, au creux de cultures spécifi- ques ; elle s’associe aux questions de paix, de santé, d’équité socio-écologique, d’interculturalité, de citoyenneté, etc. Dans le but d’offrir des repères critiques pour naviguer dans ce vaste territoire de fondements, d’approches et de stra- tégies, j’ai donc décrit et caractérisé la pédagodiversité déployée par les différents acteurs de l’éducation relative à l’environnement (chercheurs, formateurs, enseignants, animateurs, interprètes, communicateurs, etc.) dans les divers milieux d’intervention au sein de la société éducative, à travers diverses régions du monde. Entre autres, des enquêtes et des études de cas dans divers contextes ont permis 1) de repérer des initiatives particulièrement porteuses (dont les acteurs sont des médiateurs de changement social) ; 2) de confirmer tout l’intérêt de la réflexion et de l’expérience de ceux-ci comme source d’inspiration ; et 3) de saisir l’importance des défis qu’ils doivent relever et d’entrevoir des solutions. Ainsi, la recherche joue un rôle d’appui aux pratiques de terrain : systématiser, renforcer, soutenir et diffuser les initiatives. Pour ce faire, j’ai privilégié une dynamique de recherche collaborative, attentive aux possibilités comme aux entraves et enjeux des situations. Une telle recherche menée dans une perspective critique peut devenir elle-même une forme d’action sociale – un levier de transformation écosociale – au sein des organisations, des entreprises ou des communautés, offrant un contexte privilégié d’apprentissage, de développement professionnel et d’innovation. En ce sens, la question de l’institutionalisation a traversé plusieurs de mes travaux, en lien avec les dimensions critique, éthique et politique de l’éducation relative à l’environnement. En particulier, comment aborder la prescription onusienne du développement durable au regard d’une éducation relative à l’environnement visant un au-delà du développement ? Quel argumentaire et quelles stratégies permettront de convaincre enfin les décideurs d’accorder à ce champ particulier l’espace social et les moyens nécessaires à son plein déploiement ? Dans une telle perspective d’institutionnalisation, je me suis consacrée à la structuration du champ de l’éducation relative à l’environnement, mettant en évidence les liens étroits entre les activités de formation, de recherche et d’interaction sociale, valorisant ainsi une vision écologique de la recherche et situant l’éducation dans une dynamique d’action sociale. Diverses stratégies – interreliées – ont été adoptées afin de structurer, légitimer et promouvoir le champ de l’éducation relative à l’environnement : une unité de recherche (une chaire), un programme de formation de 2e cycle, une revue internationale de recherche, un réseau de chercheurs, un centre de ressources éducatives. Ces initiatives et d’autres encore sont décrites dans le site www.unites.uqam.ca/ERE-UQAM. Au bilan, le constat le plus marquant de toutes ces années d’engagement en recherche est celui de l’importance du travail d’équipe, des réseaux de collaboration et du soutien de l’institution. D’ailleurs, l’éducation relative à l’environnement porte en elle-même ce message de connectivité, de reliance et de solidarité. À l’occasion de ce prix de l’ADEREQ, je tiens à célébrer tous les collègues, étudiants et autres partenaires, d’ici et d’ailleurs, qui se sont joints à moi au fil des ans pour intégrer le fil des réalités et préoccupations socio-écologiques dans la trame de l’éducation contemporaine.