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La compétence en orthographe lexicale concerne une composante de l’enseignement du français qui est responsable d’un trop grand nombre d’erreurs dans les productions écrites des jeunes tout le long de leur scolarité (Groupe DIEPE, 1995 ; Jalbert, 2006 ; Simard, 1995). Cette thèse doctorale avait pour objectif de vérifier la contribution de facteurs d’ordre linguistique et motivationnel dans le rendement en orthographe lexicale chez les élèves québécois francophones à la fin du primaire.

Ce croisement de regards a permis de cerner l’apprentissage de l’orthographe lexicale de manière multidimensionnelle. Afin d’avoir une compréhension plus large du phénomène, nous avons également effectué une comparaison selon le niveau orthographique des élèves et selon leur sexe. L’échantillon, composé de 242 élèves francophones de 6e année du primaire, a été soumis à diverses prises de mesure, dont une dictée de mots (adapté de Mousty, Leybaert, Alegria, Content et Morais, 1994), une tâche de jugement de pseudomots, adaptée de Pacton, Perruchet, Fayol et Cleeremans (2001) et une épreuve de décision lexicale (Khomsi, Nanty, Pasquet et Parbeau-Guéno, 2005). Les élèves ont répondu à plusieurs questions portant sur leur motivation à orthographier correctement, adaptées de Guay, Marsh, Dowson, Larose et Boivin (2006), ainsi que sur leur perception des comportements émis par leurs parents et leur enseignant au regard de cet apprentissage, questions adaptées d’Otis et Pelletier (2003). Enfin, nous avons conçu des grilles d’analyse du traitement phonologique et morphologique effectué par les élèves.

Les résultats montrent que les élèves mobilisent des connaissances phonologiques, lexicales et morphologiques lorsqu’ils orthographient. Bien qu’elles soient suffisamment développées, leurs connaissances implicites portant sur certaines régularités orthographiques sont faiblement associées à leur compétence orthographique. Sur le plan de la motivation, les analyses effectuées indiquent que la perception des rétroactions sociales émises par les parents est liée à la perception de compétence orthographique de l’élève, et cette perception est liée en retour à sa motivation intrinsèque à orthographier selon la norme. Ce type de motivation est associé de façon positive au rendement en orthographe, alors que la motivation non autodéterminée y est négativement associée.

Les analyses de variance effectuées indiquent un effet du niveau orthographique et du sexe des élèves sur plusieurs variables. Plus particulièrement, les faibles orthographieurs ont de légères difficultés à traiter de façon phonologique les mots écrits. Les bons orthographieurs, quant à eux, se distinguent des autres groupes en rapportant être motivés intrinsèquement à apprendre l’orthographe. Les filles se distinguent des garçons par des scores en orthographe lexicale plus élevés et en étant davantage motivées. Ces résultats sont discutés à la lumière de la théorie motivationnelle de l’autodétermination (Deci et Ryan, 1985).

En conclusion, cette étude doctorale permet de mettre en lumière des résultats riches qui documentent la complexité des connaissances orthographiques chez les scripteurs fréquentant la fin du primaire. Considérer deux types de facteurs permet de prendre en compte une vision élargie de la maîtrise de l’écrit, perspective qui s’avère elle aussi féconde pour mieux comprendre le travail réel de l’élève scripteur.