Article body

La préface de Pierre Lucier du livre de Jean-Pierre Proulx et Jean-Pierre Charland met l’eau à la bouche. On y lit que tout système d’éducation […] porte les traces toujours opérantes de ses origines, de ses évolutions, des étapes des son parcours, des tendances et des mouvements qui l’on façonné, des tensions sociales et idéologiques qui le travaillent, de ses contradictions même… C’est ce facteur humain qui constitue la face cachée des réalités institutionnelles. On se dit que le système éducatif québécois ne devrait pas être abordé dans l’ouvrage ainsi préfacé comme un déroulé de l’existant et de son histoire, que l’on découvrira un travail d’archéologue et de socio-historien, soucieux de faire parler des indices pour en éclairer la genèse, l’évolution et la portée.

Au terme de la lecture, on n’est pas déçu. Et pour un lecteur non averti de la réalité québécoise, Le système éducatif du Québec aide à mieux comprendre les héritages culturels qui se sont heurtés à travers les institutions du Québec. Ces legs – la prégnance de l’église, les affrontements linguistiques, les traditions familiales de fréquentation scolaire, l’émergence de l’urbanisation au détriment de la ruralité – constituent autant de facettes d’un kaléidoscope que les auteurs utilisent pour nous aider à comprendre que […] ce que l’homme a devant lui, c’est son passé. C’est de surcroît un ouvrage didactique qui comprend, à la fin de chaque chapitre, un résumé, des questions à débattre et une courte bibliographie pour en savoir plus, et au final, une bibliographie générale très fournie et un index bien documenté.

Six parties composent l’ouvrage. Une perspective générale du système l’introduit, qui en dépeint l’historique. La langue d’enseignement et la liberté d’enseignement constituent la structure de la deuxième partie, en tant que variables organisationnelles. L’école primaire et l’école secondaire sont abordées dans une troisième partie à travers leur constitution générale, les élèves, les parents, les enseignants et les services éducatifs. Les centres de formation professionnelle et les centres d’éducation des adultes en tant que centres spécialisés donnent corps à la quatrième partie. La cinquième décrit les cégeps et l’université. La dernière partie analyse les structures du gouvernement.

Dans une quête d’absolu – toujours présente pour une recension, mais qui ici est davantage de l’ordre de l’exercice de forme que de fond – qu’est-ce qui pourrait compléter ce très intéressant ouvrage et en constituer une suite ?

Nous suggérerions une pluralité de regards transverses qui déborderaient la description de l’existant et qui constitueraient autant de points de vue philosophique, sociologique, didactique, financier sur les structures de l’enseignement primaire et secondaire notamment. Nous suggérerions encore une comparaison entre le système éducatif québécois et des systèmes éducatifs de culture différente (le système américain, un système anglo-saxon et un autre système francophone).

Ces questionnements n’entament en rien la qualité de l’ouvrage de Proulx et de Charland, Le système éducatif du Québec ; ils n’en seraient qu’une suite possible. Tel qu’il se donne à lire, on découvre un ouvrage très documenté, parfaitement structuré dont il semble possible de louer sans restriction le contenu et l’organisation. Un ouvrage de référence sans aucun doute.