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Entre 2002 et 2006, le Centre d’éthique de l’Université de Sudbury a lancé trois appels à des universités francophones du Canada, d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient pour que des situations qui posent problème sur le plan éthique lui soient soumises. Après évaluation, un tiers des contributions, soit 44, ont été retenues pour publication dans ce recueil d’études de cas. Dans leur introduction, Melchior Mbonimpa et Johanne Melançon écrivent que ce sont surtout des étudiants et des praticiens qui ont répondu à l’appel du Centre d’éthique. Les cas rapportés reposent la plupart du temps sur des observations de pratiques enracinées dans les milieux. De plus, la grande majorité des cas proviennent du Canada, de la France et la Belgique, reflétant ainsi certaines préoccupations du monde occidental et des sociétés développées.

Les cas retenus pour la publication ont été classés sous six thèmes : éthique médicale et santé publique (17 cas) ; éthique professionnelle (six cas) ; éthique et politique (cinq cas) ; éthique et recherche scientifique (six cas) ; éthique, justice et société (huit cas) ; éthique et religion (deux cas). Selon la complexité de la situation, chaque cas est présenté en une, deux ou trois pages, et il est suivi de quelques questions. L’ensemble des cas constitue une banque de situations qui pourrait être utilisée en formation initiale ou continue, et répondre ainsi au but poursuivi par le centre, de diffuser du matériel pédagogique en français. Aucun cas ne touche le domaine de l’enseignement, même si on aurait pu vraisemblablement en retrouver sous le thème de l’éthique professionnelle. Certains cas ont trait à la macromoralité, c’est-à-dire aux grandes structures et orientations dans la société qui exigent des formes de collaboration à la base du vivre-ensemble, alors que d’autres cas se rattachent plutôt à la micromoralité, c’est-à-dire à des relations et des interactions avec autrui à l’intérieur de contextes spécifiques.

Les formateurs qui voudraient utiliser le matériel ont l’entière liberté de le faire à leur façon, avec leurs cadres de référence en éthique et selon leurs propres démarches de formation, puisqu’aucune indication théorique ou pédagogique n’est fournie. On peut penser que certaines situations rapportées ne sont pas vraiment des cas au sens classique du terme, où une personne ou un groupe de personnes doit prendre une décision par rapport à un problème concret dans un contexte. Certains cas prennent davantage la forme de la narration d’un événement dans lequel des zones grises et des enjeux éthiques semblent présents, mais peu clairs. Les questions visent alors à faire réfléchir sur la situation et sans doute à sensibiliser les personnes aux enjeux moraux et éthiques inhérents à la situation. La pédagogie de la résolution de problème ou de la délibération est cependant rarement convoquée par le style des questions qu’on trouve après la présentation des situations. Cette pédagogie, qui vise à faire développer une démarche d’analyse, de prise de décision et de communication avec les personnes concernées, n’est en fait pas mise de l’avant du tout. En revanche, ce qui l’est et ce qui fait la valeur de ce livre, c’est que le Centre d’éthique, après avoir répertorié des situations susceptibles d’être utilisées dans le cadre de formations à l’éthique, les ait diffusées. En dernier lieu, il reviendra aux formateurs d’adapter la démarche aux besoins de formation propres à leurs contextes spécifiques.