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L’objet principal de cet ouvrage est d’actualité, car le concept d’inclusion scolaire est complexe et présente souvent des aspects différents. Les auteurs y illustrent les diverses significations accordées au concept d’inclusion en s’appuyant sur une analyse empirique. Ils exposent les pratiques, les approches et les croyances des différents acteurs engagés de quatre provinces canadiennes, l’Ontario, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et le Québec, ainsi que de trois pays, l’Angleterre, la France et l’Italie.

Au premier chapitre, Bélanger sonde un établissement en milieu urbain en Ontario afin de découvrir ce qu’est, selon des praticiens, des parents et des élèves, une école inclusive. Bélanger note une progression quant à l’ouverture et à l’accueil des élèves à besoins particuliers à l’école de langue française. Elle met, toutefois, en évidence la difficulté d’éluder les processus d’exclusion dans l’analyse des phénomènes éducatifs en contexte d’inclusion.

Dans le deuxième chapitre est décrite une culture d’inclusion dans une école de langue française en situation minoritaire de la région de Toronto. Connelly et Farmery mettent en valeur l’importance de développer une culture centrée sur l’élève. Dans ce milieu, les difficultés ne sont que passagères. Les auteurs exposent des pratiques exemplaires : soit l’établissement d’un climat de classe favorable à la communication entre les élèves, soit la mise en évidence des stratégies métacognitives, soit l’apprentissage par projet, soit l’apprentissage autonome, soit les accommodations, soit les modifications, soit les aides techniques ou technologiques. De plus, lorsqu’il s’agit d’un apprentissage par projet, Connelly et Farmer soulignent le rôle essentiel de l’enseignant dans la sélection des participants et la gestion des activités.

Le troisième chapitre aborde le cas d’une école privée catholique dans le 20e arrondissement de Paris. Plaisance et Schneider font connaître les facilitateurs et les facteurs d’obstacle face à l’inclusion scolaire dans ce milieu. La direction réclame une position pragmatique et prudente ; elle choisit un élève qui a passé un essai afin de confirmer qu’elle est en mesure d’apporter quelque chose à cet élève. On retrouve également la présence d’un professeur itinérant qui pourrait soutenir l’enseignant en classe, l’élève en classe et l’élève en dehors de la classe (individuellement ou en sous-groupe). Par contre, les auteurs font ressortir l’absence de continuité d’action entre l’école primaire et le collège (les trois premières années du secondaire) ; à cet effet, ils mettent en lumière l’importance d’apporter des changements à tous les niveaux du système scolaire et à l’ensemble des acteurs impliqués.

Dans le quatrième chapitre, toujours en France, Poizat, Gardou et Moiroud mettent en évidence les mesures et moyens mis en oeuvre pour inclure les élèves en situation de handicap dans une école primaire du 8e arrondissement de Lyon. Cette inclusion est perçue comme un processus qui demande de faire connaître tous les partenaires et le mécanisme des différentes institutions. La direction note l’importance de construire une culture en mettant l’accent sur la formation et la sensibilisation au handicap.

Au cinquième chapitre, Vienneau illustre les pratiques exemplaires en inclusion scolaire au Nouveau-Brunswick francophone. Selon l’auteur, une des caractéristiques essentielles est l’adoption et la diffusion d’une philosophie éducative commune, d’un projet d’école inclusive. On y retrouve une atmosphère d’entraide, le respect, l’acceptation, la valorisation et des valeurs partagées par l’ensemble de la communauté.

Avec le sixième chapitre, on se retrouve en Italie, notamment dans une école intermédiaire située dans une banlieue de Rome. Dans un premier temps, d’Alessio note que cette école serait peu familiarisée avec le débat entourant l’inclusion scolaire et ce que cela implique. Il semblerait que le concept d’inclusion et celui d’élève idéal coexistent. Dans un deuxième temps, d’Alessio nous informe que l’école a pris des initiatives qui favorisent l’inclusion comme la collaboration entre les partenaires communautaires, la mise en oeuvre d’un programme pédagogique flexible, la participation des parents et la participation des élèves.

Le septième chapitre s’intéresse aux initiatives inclusives en contexte canadien manitobain. Duchesne y fait le portrait de deux établissements scolaires où les pratiques inclusives sont fortement contextualisées et mouvantes. Elle met en valeur l’importance de changer les mentalités et de redéfinir les responsabilités éducatives. Cependant, l’auteure souligne que l’exclusion est présente dans les écoles et les communautés.

Le huitième chapitre brosse le portrait d’une école située au nord de l’Angleterre. Armstrong et Barton soulignent les efforts physiques, psychologi- ques, collaboratifs et créatifs qui y ont été déployés pour favoriser les pratiques inclusives.

Finalement, le dernier chapitre aborde la pratique inclusive au Québec. Rousseau, Dionne, Bergeron, Boutet et Vézina nous informent que l’inclusion est plutôt décrite en tant que processus. Ces auteurs notent que la pratique inclusive est plus répandue à l’école primaire, où l’on retrouve une ouverture au changement des pratiques pédagogiques et évaluatives inclusives, qu’au secondaire, où les changements sont plutôt liés à l’environnement physique et organisationnel de la classe.

Cet ouvrage collectif s’adresse aux chercheurs ; par contre, les directions d’école pourraient en bénéficier aussi. Il présente des portraits d’écoles situées en Angleterre, en France, en Italie, en Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, afin d’illustrer ce qui se fait pour animer l’inclusion en milieu scolaire. Les auteurs y partagent une image d’écoles en mouvement dans des contextes bien différents. Ils nous rappellent que les milieux scolaires ont déployé des efforts incontestables, mais qu’il existe un décalage inévitable entre les intentions politiques et les pratiques. Ils montrent les défis soulevés par l’inclusion scolaire et les moyens utilisés pour les surmonter. En somme, c’est un ouvrage qui illustre concrètement les divers visages de l’inclusion scolaire. Nous aurions, toutefois, aimé en savoir davantage sur des portraits d’écoles situées notamment aux États-Unis.