Recensions

Portelance, L., Borges, C. et J. Pharand (2011). La collaboration dans le milieu de l’éducation. Dimensions pratiques et perspectives théoriques. Québec, Québec : Presses de l’Université du Québec[Record]

  • Céline Garant

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  • Céline Garant
    Université de Sherbrooke

Comme le soulignent à juste titre les auteures Liliane Portelance, Cecília Borges et Johanne Pharand, la collaboration demeure un concept polysémique qui se traduit par des pratiques variées dans des contextes tout aussi multiples. Leur collectif se présente en trois parties. Dans la première partie qui aborde le dialogue au service de la collaboration, Martineau et Simard portent un regard philosophique sur le dialogue, qui joue un rôle de premier plan dans toute recherche de compréhension et de construction des savoirs. Portelance rend compte d’une recherche sur le dialogue collaboratif entre enseignants associés et stagiaires. Empruntant à Gilly, Fraisse et Roux, des catégories de dialogue collaboratif, elle les propose comme grille d’analyse. Quant à Dionne et Savoie-Zajc, elles explorent le sens, les caractéristiques et les retombées de la collaboration entre enseignants. Elles mettent en lumière les retombées de cette collaboration sur le développement professionnel. La deuxième partie met l’accent sur les pratiques de collaboration professionnelle et interprofessionnelle. Savoie-Zajc et d’autres s’intéressent à l’accompagnement de communautés d’apprentissage professionnel par des conseillers pédagogiques et en dégagent des éléments qui en facilitent la mise en oeuvre. Borges présente la façon dont les éducateurs physiques s’adaptent aux injonctions de collaborer qui les obligent à sortir de leur îlot disciplinaire. Pour leur part, Mérini, Thomazet et Ponté proposent une « cartographie des pratiques collaboratives » entre le Maître E (équivalent d’un orthopédagogue au Québec) et ses partenaires. Enfin, la troisième partie explore les dynamiques collaboratives. Garcia et Marcel examinent les modalités de collaboration entre des enseignants documentalistes et les autres enseignants. Ils proposent une catégorisation des formes de « travail partagé » : cohabiter, coordonner, collaborer, coopérer, coélaborer. Par la suite, Letor décrit les dynamiques d’apprentissage organisationnel dans le cadre de trois projets d’établissement. De l’analyse des données recueillies émerge un cadre théorique qui prend la forme de trois principes interdépendants, très éclairants. Larrivée met en évidence les enjeux et les obstacles sous-jacents aux dynamiques collaboratives avec les parents qui participent au cheminement scolaire de leur enfant. De son côté, Sacilotto-Vasylenko met en lumière les notions de collaboration, de partenariat et de coopération en formation continue des enseignants en Ukraine. Finalement, Pharand rapporte le point de vue de cinq acteurs du milieu scolaire. Les valeurs d’ouverture, de partage et de responsabilités émergent de façon transversale de leurs propos, comme conditions essentielles à la collaboration. Les trois auteures de ce collectif nous offrent une conclusion des plus utiles, qu’il faut presque lire en introduction. Revenant sur l’aspect polysémique du concept, elles montrent l’effort de clarification qui caractérise ce collectif. Elles relèvent la richesse des multiples contextes dans lesquels ont été réalisées ces études, elles font ressortir que le processus collaboratif peut donner lieu à des apprentissages dont l’objet est souvent la collaboration elle-même. Enfin, elles reviennent sur les conditions d’une réelle collaboration et sur ses principaux obstacles. Elles concluent en soulignant comment la collaboration peut contribuer au développement professionnel des acteurs scolaires et à la transformation des pratiques éducatives, par la circulation des savoirs.