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À travers cet ouvrage d’un peu plus d’une centaine de pages, l’auteur invite les intervenants scolaires et tous les intéressés à suivre le fil de sa réflexion éthique sur le thème de l’évaluation scolaire. Après avoir donné, dans l’introduction, le ton des propos tenus dans l’ouvrage, l’auteur se penche d’abord sur le savoir évaluer et y décrit quelques-unes des fonctions de l’évaluation et quelques notions de vocabulaire élémentaire du domaine. Les quinze chapitres subséquents, d’une longueur variant entre une demi-page et onze pages chacun, traitent à tour de rôle et dans cet ordre de : la posture de l’évaluateur (l’arbitraire et l’acte d’autorité), la conception de l’excellence, les perceptions des élèves, la sélection et l’élitisme, la fonction de régulation comportementale, la tricherie (non pas de la part de l’élève, mais de celle de l’enseignant), l’annonce publique de la note, l’autonomie de l’élève à l’égard de ses apprentissages, l’évaluation des apprentissages par mémorisation et celle de la créativité, le plagiat, l’évaluation de ce qui est enseigné et les enjeux affectifs dans l’évaluation.

L’ouvrage est le fruit évident d’une réflexion de longue haleine de la part de l’auteur, dont la spécialisation est l’éthique professionnelle et les rites scolaires. Le chapitre sur l’arbitraire dans l’évaluation a d’ailleurs fait l’objet d’une publication précédente (Jeffrey, 2009). Les propos de l’auteur dénotent une sensibilité à l’égard de l’expérience marquante de l’évaluation en milieu scolaire. Pourtant, il semble avoir fait preuve de réserve quant à la gravité des questions éthiques soulevées. Au fil de la lecture, on s’étonne de retrouver plusieurs énoncés prescriptifs, alors que l’auteur a pris soin de spécifier, en introduction (p. 14), que l’ouvrage visait à susciter une réflexion éthique plutôt que morale. En ce qui a trait au contenu du domaine de l’évaluation, alors qu’un élément amené semble trop avancé pour le novice, le suivant verse dans la généralité pour le spécialiste, lequel, par ailleurs, aurait maintes occasions de ranimer certaines controverses. Compte tenu des nombreuses thématiques abordées, chacun des chapitres n’en constitue qu’une amorce, ce qui pourrait laisser le lecteur sur sa faim ou encore l’inciter à approfondir par lui-même les thèmes qui l’interpellent. C’est d’ailleurs à cela que l’auteur le convie au moyen d’une brève question en conclusion de chaque chapitre.

Au niveau de la forme, un manque de rigueur dans l’usage des références ne passera pas inaperçu à l’oeil aguerri du lectorat scientifique. Ce manque est d’autant plus regrettable que le chapitre sur le plagiat constitue, pour une grande part, une leçon sur la façon de citer des références selon la méthode auteur-date. En guise de conclusion, l’ouvrage se termine sur une note de l’auteur invitant le lecteur à lui adresser personnellement, par courriel, ses commentaires, questions et analyses. Cette invitation témoigne d’une ouverture qu’on ne peut que saluer.

En conclusion, cet ouvrage est recommandé pour celui ou celle qui souhaite amorcer une réflexion sur l’éthique dans l’évaluation scolaire, à travers l’exploration de thématiques qui ne laissera personne indifférent.