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L’ouvrage de Renou est sans aucun doute un legs à tous les psychoéducateurs curieux d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de leur profession. À saveur autobiographique, la publication propose une description étoffée du long parcours qu’ont dû franchir les psychoéducateurs pour être reconnus au sein du système professionnel québécois. Exposant au lecteur l’ensemble des incertitudes et des fragilités rencontrées par les psychoéducateurs à différents moments de leur histoire, Renou aborde la question de l’identité professionnelle. C’est en revisitant l’ensemble des éléments qui sont à l’origine de la profession que l’auteur illustre de façon plus explicite les enjeux et questionnements actuellement vécus par les psychoéducateurs sur le plan identitaire. Relatant le fait que certains fondamentaux identitaires puissent être, dans un même temps, très généraux et spécifiques, Renou souligne les défis que le caractère polyvalent de la psychoéducation pose aux psychoéducateurs soucieux de se démarquer professionnellement au sein des différents milieux d’intervention. Il conclut finalement son ouvrage en invitant les psychoéducateurs à profiter de leur état de crise de succès pour réfléchir à la direction qu’ils désirent prendre afin de consolider leur place parmi les différents professionnels du secteur de l’éducation, de la santé et des services sociaux.

Objet de plusieurs discussions en psychoéducation, la question identitaire soulevée par Renou est d’actualité et, surtout, nécessaire à son évolution. Plusieurs décisions sont à prendre pour assurer la saine gestion de l’essor observé actuellement en psychoéducation. À cet égard, l’ouvrage de Renou offre de précieux repères. Rassemblant les éléments essentiels à considérer par les psychoéducateurs de demain en vue de répondre aux différentes questions à se poser pour évoluer collectivement, le livre de Renou représente un jalon important pour passer à l’action.

Puisqu’il s’agit d’un ouvrage individuel, l’auteur laisse dans l’ombre, d’une certaine façon, la collaboration d’autres figures importantes de la psychoéducation. Sans négliger le fait qu’il prend en considération l’ensemble des acteurs qui ont contribué de près ou de loin à la construction identitaire de la psychoéducation, il aurait été pertinent que Renou leur accorde une place plus significative dans sa démarche d’écriture. Par ailleurs, laissant sous-entendre qu’il tire sa révérence, Renou aurait eu tout à gagner à intégrer dans son ouvrage la participation d’acteurs engagés à poursuivre le leadership exercé par les pionniers d’hier. Il faut envisager un travail collectif pour affronter les étapes à venir.

De toute évidence, ce livre a le mérite de rassembler l’histoire et les valeurs de la psychoéducation. Toutefois, l’identité est un symbole puissant qui peut facilement s’effriter s’il n’est pas entretenu collectivement. C’est aux psychoéducateurs de demain de trouver leur chemin et de faire la promotion des valeurs qui rendent leur discipline spécifique. Renou, quant à lui, aura su contribuer amplement à l’évolution de sa discipline qu’il remet à présent entre les mains de ses enfants symboliques.