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Par l’accès à l’implicite, il est question dans cet ouvrage collectif de comprendre, sous un angle bien précis, l’apprentissage du métier d’enseignant. Douze chercheurs francophones se sont réunis autour d’un thème commun pour rédiger un ouvrage traitant des constructions implicites, informelles de l’apprentissage du métier. Les deux parties du livre s’attardent d’une part, à la diversité des constructions implicites dans l’apprentissage du métier d’enseignant et d’autre part, aux espaces informels d’apprentissage. Autrement dit, à ce qui n’est pas enseigné en formation initiale ou continue, mais qui façonne les savoirs d’enseignants en devenir ou en exercice. Pour ne nommer que ceux-ci, des thèmes reliés à l’expérience du métier d’enseignant, aux savoirs non scolarisables, à la construction des savoirs dans l’expérience, aux espaces différents d’apprentissage et de formation et à l’importance de la pratique de recherche dans l’enseignement sont abordés dans les chapitres. Les études contemporaines qui y sont présentées laissent une place importante aux recherches doctorales et présentent des cadres théoriques très précis et bien référencés qui, en ce sens, s’adressent davantage à un lectorat spécialisé. De plus, des stratégies de collecte et d’interprétation des données issues de différents paradigmes de recherche en éducation (ex. : enquête ethnographie, analyse de cas, analyse de textes, analyses quantitatives, etc.) sont utilisées dans l’ouvrage. Les résultats quantitatifs sont vulgarisés et les données qualitatives présentées en ayant fréquemment recours à des verbatims judicieusement sélectionnés. Malgré ses qualités au niveau de la présentation des résultats, le format imposé par un ouvrage collectif ne permet pas d’aller en profondeur dans l’interprétation des résultats. Il demeure en effet difficile de condenser des résultats issus de recherche de grande envergure en si peu de pages. De plus, quelques termes utilisés dans les cadres théoriques sont parfois très spécialisés (schèmes implicites, ostension de savoir, etc.), ce qui rend ardue la lecture de certains textes pour des lecteurs néophytes. Par ailleurs, l’ouvrage recensé apporte des réponses quant aux possibilités qui s’offrent aux chercheurs en éducation d’avoir accès à l’implicite, d’accéder à ce que les sujets ignorent eux-mêmes. Entre autres, parce qu’il est possible de savoir dire sans savoir faire, mais aussi de savoir faire sans savoir dire (p.51). L’ouvrage exprime bien comment il est possible d’avoir accès à ces apprentissages informels, notamment par des outils de collecte de données parfois audacieux qui permettent de comprendre la complexité des phénomènes (étude de forums, de revue, de communauté, etc.). Dans la foulée des questionnements actuels sur l’importance de valoriser les connaissances issues de la recherche (praticien-chercheur) et du développement professionnel des enseignants, cet ouvrage démonte scientifiquement les conceptions du métier d’enseignant, notamment en donnant accès à l’implicite et à l’informel de son apprentissage.