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Cet ouvrage dresse un bilan de la recherche et des pratiques en formation professionnelle initiale. D’abord, l’auteur décrit l’évolution des contextes de formation, de l’Antiquité à nos jours. Il présente quelques structures mises en place au fil du temps pour répondre aux besoins éducatifs et aux situations de travail spécialisé, particulièrement en Europe. Il explique que les caractéristiques des publics concernés et les besoins changeants de l’industrie ont entrainé une transformation des structures permettant de contribuer à la culture générale des apprenants et d’offrir une flexibilité favorable au développement de compétences spécifiques. L’auteur compare quelques modèles pédagogiques soutenant l’apprentissage en milieu de travail, issus entre autres des sciences cognitives, de la didactique, de la psychologie et de l’anthropologie. Il présente une critique relative à leur contribution en formation professionnelle et propose des stratégies pour favoriser la médiation entre les contenus enseignés, les approches utilisées et les situations réelles de travail.

L’ouvrage est intéressant sur le plan historique. Il brosse un portrait détaillé de diverses structures de formation ayant jalonné l’histoire, particulièrement en Europe. L’argumentation s’appuie sur des références qui mettent en évidence l’apport de disciplines contributives, autres que l’éducation, à l’étude de l’alternance en formation. Elles permettent de décloisonner le concept afin de l’aborder sous diverses perspectives des sciences humaines. Une autre force de l’ouvrage concerne l’habileté de l’auteur à faire ressortir les défis inhérents à la transposition didactique et aux interactions en milieu de pratique. Il soutient qu’il est difficile de préparer les jeunes pour des situations de travail complexes ; celles-ci exigeant des connaissances précises et la résolution de problèmes en contexte, dans des filières de plus en plus spécialisées. Il souligne le rôle essentiel des formateurs dans une communauté d’apprentissage misant sur la collaboration entre l’institution de formation et le milieu de travail.

Par ailleurs, la définition de l’alternance en formation arrive tard dans l’ouvrage. De plus, s’appuyant sur la multiplicité des approches et des contextes de formation, l’auteur aborde le concept selon une perspective trop large. Bien que celle-ci inclue une variété de travaux portant sur des dispositifs de formation combinant l’institution et le milieu de travail, la définition demeure trop générale. Une autre limite concerne l’absence de référence à la recherche sur la formation professionnelle, ailleurs qu’en Europe. L’auteur écrit quelques lignes sur l’alternance en éducation dans les pays anglo-saxons, mais celles-ci sont de nature descriptive. Cette omission a pour conséquence d’offrir au lecteur un portrait partiel de la recherche effectuée dans ce champ, particulièrement en ce qui concerne l’Amérique du Nord.

Finalement, l’ouvrage permet de comprendre l’évolution de l’alternance en formation professionnelle et de réfléchir aux dispositifs susceptibles de la favoriser. Il donne un aperçu des difficultés que ce type de structure suscite, en ce qui a trait à la préparation des futurs professionnels et aux conditions d’apprentissage dans lesquelles ils évoluent. Soutenu par une bibliographie pertinente issue de plusieurs disciplines, il constitue une référence générale, mais utile, aux chercheurs et aux organisations s’intéressant à la formation professionnelle.