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L’ouvrage s’ouvre sur un article d’Henri Peña-Ruiz sur un enjeu fort de la mixité, à savoir l’émancipation laïque. Dès les premières pages, l’auteur pose les jalons qui constitueront le fil directeur de ce numéro : l’égalité des droits entre les hommes et les femmes.

Pour tenter de répondre à cette problématique, l’ouvrage se compose de neuf articles constituant ainsi l’ossature de ce numéro thématique.

Dans la première partie — Approches culturelles et constructions de la mixité — les auteures convoquées interrogent tour à tour l’égalité des filles et des garçons à l’école en butte aux extrémismes scolaires, le genre à partir de la dynamique des interactions non verbales en classe mixte dans les leçons d’éducation physique et sportive et les représentations sexuées d’un curriculum «  caché  » où filles et garçons, hommes et femmes n’ont pas les mêmes places ni les mêmes rôles dans les manuels scolaires de mathématiques.

Dans la deuxième partie, les auteur·e·s interrogent les stratégies scolaires de la maternelle au lycée avec une étude sur les relations de genre dans l’enseignement préprimaire en Inde du Sud, avec une étude sur l’option découverte professionnelle en trois heures en collège en France et avec un article autour des représentations des élèves de terminale scientifique envers un panel de professions et d’orientations postbaccalauréat.

Enfin, la troisième et dernière partie — Mixité et pratiques communautaires — commence par une analyse des effets du programme décennal de l’éducation et de la formation sur la mixité en milieu scolaire au Sénégal entre 2000 et 2010, puis par deux articles sur des cultures indigènes au Brésil et au Mexique.

L’ouvrage est ambitieux. Les auteur⋅e⋅s explorent, par une diversité des perspectives, des champs sociaux et culturels bien différents. De même, les articles combinent des approches tantôt qualitatives, tantôt quantitatives permettant d’observer à partir d’un spectre large des contextes singuliers et parfois atypiques, tels que les études sur les populations indigènes.

Néanmoins, les productions s’avèrent très inégales entre elles. Si certains articles articulent des recherches avec des cadres théoriques rigoureux et des méthodes scientifiques avérées, tous ne présentent pas ce cadre d’analyse et certains articles présentent davantage des analyses où les références bibliographiques sont par ailleurs peu nombreuses. En outre, on y décèle parfois les intentions des auteur⋅e⋅s vers une recherche de mixité qui s’avérerait utile, voire nécessaire pour l’école, sans forcément questionner les incidences qui pourraient avoir lieu en cas d’application des idées et perspectives engagées. Enfin, dans la volonté de réfléchir aux pratiques sociales et aux dimensions culturelles, on constate un déséquilibre dans les approches où on regrettera par exemple que les productions sur l’Afrique et les populations indigènes arrivent en fin d’ouvrage, là où les articles sur la France seront présentés en première partie.

Toutefois, bien qu’inégales, les propositions sont engagées et permettent de répondre à la problématique posée tout en apportant un regard aiguisé sur les pratiques en milieu scolaire dans des contextes variés et pluriels. Au⋅à la lecteur⋅rice de réfléchir alors à d’éventuelles proximités entre ces différents milieux : porosité, ressemblances, dissemblances ?