Recensions

Bouchard, N., Baril, D., Bourgeault, G., Grenier, J., Jeffrey, D., Leroux, G., Lessard, C., Massé, R., Pineau, G., Rocher, G., Solar, C., Schwimmer, M., Tardif, M. et Voyer, B. (dir.). (2019). Éduquer, former, accompagner. Pour une éthique ouverte à l’inattendu : libérer la face lumineuse de l’incertitude avec Guy Bourgeault. Presses de l’Université Laval[Record]

  • Danny Roussel

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  • Danny Roussel
    Université du Québec à Trois-Rivières

Ce livre témoigne de l’influence des travaux de Guy Bourgeault dans le domaine de l’éthique en éducation, mais aussi de l’importance qu’ils ont eu dans le développement des institutions éducatives du Québec contemporain. Les hommages de Guy Rocher en préface et de Maurice Tardif en postface sont éloquents à cet égard. Bourgeault signe lui-même un chapitre où il explicite les grandes tensions qui traversent la société québécoise : celles qui existent entre l’hétéronomie et l’autonomie, entre l’un et le multiple, entre l’individu et le collectif. Il promeut, au sein même de ces dualités, la recherche du juste milieu par une délibération où la solidarité doit jouer le premier rôle. La suite du livre se divise en deux grandes parties. La première s’intéresse à l’éthique de l’incertitude proposée par Bourgeault. Georges Leroux la situe philosophiquement au confluent du pragmatisme philosophique et du communautarisme. Raymond Massé montre comment elle évite de faire de l’éthicien⋅ne un⋅e expert⋅e coupé⋅e de la pratique des intervenant⋅e⋅s sur le terrain. Denis Jeffrey s’en inspire pour poser les bases d’une éthique professionnelle des enseignant⋅e⋅s. Josée Grenier montre comment elle permet de penser la formation à l’éthique et à la pensée critique des travailleur⋅se⋅s sociaux qui sont pris dans un système dont la gestion est axée sur les résultats et l’imputabilité. Marina Schwimmer, quant à elle, montre les limites de l’éthique de Bourgeault et propose de la compléter par une éthique de la traduction. La deuxième partie s’intéresse plus précisément au manifeste publié par Bourgeault lorsqu’il devient doyen de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal. Si Claude Lessard présente la vision de l’éducation qu’il contient, Gaston Pineau propose un bilan des réalisations qu’il a permises. Daniel Baril questionne les relations de pouvoir qui surgissent de l’acte d’apprendre et que le manifeste avait mis en lumière, tandis que Brigitte Voyer montre que la résistance à la libération qu’il appelait de ses voeux provient souvent des adultes qui sont en formation. Claudie Solar termine cette partie en explicitant un modèle qu’elle a élaboré : la toile de l’équité. Elle le met en perspective en poussant plus loin l’éthique de Bourgeault à partir de l’éthique féministe du care. Ce livre est un hommage à un grand penseur du Québec, mais il ne s’adresse pas seulement aux initié⋅e⋅s. Une courte biographie situe le personnage. De plus, l’ensemble des chapitres offre un panorama philosophique, historique et sociologique de l’oeuvre. Ce collectif ouvre sur une véritable réflexion concernant l’éthique en éducation et sur ses travaux les plus prometteurs, tout en permettant de bien comprendre quels furent les grands jalons qui ont marqué la pensée québécoise en ce domaine. Qu’ils soient formateur⋅rice⋅s ou enseignant⋅e⋅s, tou⋅te⋅s y trouveront de quoi questionner leur pratique. Il est regrettable que le titre du livre, qui se perd en longueur, rende mal un contenu si étoffé.