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Encadrer aux cycles supérieurs constitue un guide qui pourrait s’avérer précieux pour les enseignant⋅e⋅s. Précisons d’emblée que, malgré le titre, le livre porte surtout sur l’encadrement aux maitrises et doctorats en recherche. Si les ouvrages visant à épauler l’étudiant⋅e sont très nombreux, rares sont ceux qui abordent la facette professorale. L’auteur, Christian Bégin, propose ainsi une lecture consciencieuse du travail d’encadrement et de ses défis autour de quatre grandes parties qui forment une ossature claire.

La première d’entre elles, constituée de deux courts chapitres, rappelle les conditions des étudiant⋅e⋅s d’aujourd’hui. Le second chapitre apporte d’ailleurs un regard aussi original qu’utile sur les difficultés vécues, évoquant la nécessité de la bonne adéquation des attentes de l’étudiant⋅e et du fonctionnement de son enseignant⋅e. Si certains encadrements ne conduisent pas de facto à l’abandon, d’autres sont toutefois plus favorables au succès. D’autres aspects du « métier d’étudiant⋅e » sont cependant éludés (notamment la précarité), même s’il aurait été profitable de les aborder pour offrir un portrait plus complet de la situation.

Les deux parties subséquentes entrent « dans le vif du sujet », car elles sont organisées autour de la préparation à l’encadrement (2e partie) et de l’accompagnement en tant que tel de l’étudiant·e (3e partie). Le découpage en chapitres suit une progression chronologique, de la sélection de l’étudiant⋅e à l’accompagnement dans la finalisation d’une maitrise ou d’une thèse. Les deux chapitres de la deuxième partie, relatifs aux choix de l’étudiant⋅e et aux modalités de rencontres et de suivis, nous semblent cruciaux et mériteraient d’être consultés attentivement par celle⋅celui qui envisage de se lancer dans une maitrise ou un doctorat. Après un chapitre sur les styles d’encadrement possibles et ce qui en découle, le reste de la structure de la troisième partie correspond peu ou prou aux différentes étapes de l’élaboration du devis de recherche (recension des écrits scientifiques, question de recherche, problématique et cadre conceptuel, choix de nature méthodologique, etc.). Ces étapes constituent autant de choix cardinaux qui peuvent être étourdissants pour l’étudiante ; Bégin ramène ces questions à des aspects très pratiques et rappelle à l’enseignant⋅e, rompu⋅e à la recherche, les difficultés de l’exercice.

La quatrième et dernière partie, portant sur les éventuels problèmes, recense des situations qui peuvent affecter la réussite. Qu’il s’agisse de productivité inégale ou d’« indigestion » sur le sujet, chacune de ces situations est exposée en livrant des explications plausibles et des pistes de solutions. Le cas des relations interpersonnelles est abordé avec simplicité.

En bref, Bégin, qui proposait déjà une méthode d’intervention visant à contrecarrer l’abandon à la maitrise (2012), suggère un manuel complet à destination de l’enseignant⋅e qui accompagnera des étudiant⋅e⋅s dans leur long parcours d’études aux cycles supérieurs. Si l’auteur s’adresse parfois à sa⋅son lecteur⋅rice en supposant qu’elle⋅il dispose à l’avance d’une longue feuille de route d’encadrement, la⋅le jeune professeur⋅e saura trouver dans cet ouvrage un grand nombre de conseils utiles à sa pratique de pédagogue, le tout s’appuyant sur de fréquentes anecdotes issues de l’expérience.