Réto, G. (2019). La bienveillance à l’école. Presses universitaires de Nancy/Éditions universitaires de Lorraine

L’ouvrage de Réto, découlant d’une thèse de doctorat, propose une riche réflexion sur le concept de bienveillance située en contexte scolaire. Le texte est scindé en trois parties distinctes, soit une clarification conceptuelle, une contextualisation de la bienveillance à l’école et une confrontation théorie-pratique par la présentation d’une recherche menée principalement dans un établissement scolaire français. D’emblée, une étude conceptuelle exemplaire est proposée pour décrire la bienveillance. Réto propose une analyse linguistique, sémantique et historique du concept pour en dégager quatre dimensions : intentionnelle, interactionnelle, affective et attentionnelle. Après avoir défini certaines frontières au vocable, l’autrice propose une conception de la bienveillance adaptée au contexte scolaire en précisant les manifestations possibles de chacune des dimensions. Dès lors, Réto distingue les formes de bienveillance perceptibles en enseignement qui peuvent être décrites comme une qualité personnelle, un art professoral ou encore une incarnation du cadre. Par la présentation de sa recherche exploratoire, l’autrice, en plus de nuancer les fondements théoriques, tisse des liens vers des considérations pragmatiques, notamment l’actualisation de la bienveillance en contexte scolaire ou encore la distinction entre le « par » et le « avec » bienveillance. La démarche adoptée par Réto laisse de côté les présupposés présents dans les écrits pour proposer une construction logique et rigoureuse du concept en vue de son opérationnalisation. Quelques références à l’utilisation contemporaine du terme bienveillance, en dehors de l’usage familier, notamment dans la psychologie humaniste, auraient pu être plus explicites pour cerner le semblable et le dissemblable entre ces représentations et la définition proposée. En outre, nonobstant la solidité de la réflexion, peu de place est accordée à d’autres concepts pouvant être associés à la bienveillance (par exemple, le soutien social ou l’altruisme). Cette omission peut laisser entendre que le spectre de manifestations comprises sous le chapeau de la bienveillance est étendu et qu’un chevauchement avec d’autres concepts est probable. À la lumière des données de recherche, l’autrice souligne la difficulté, pour les enseignants, de mettre en place la bienveillance dans certains contextes. Cette réflexion est intéressante, d’autant plus qu’elle met en relation la bienveillance attendue en enseignement et la bienveillance en tant que qualité personnelle. Les notions de donneur et de receveur, mais aussi de transmission ou de contagion sont également abordées. Elles rendent encore plus manifestes la complexité de ce concept et la difficulté de son étude, et ce, en théorie comme en pratique. Alors que la bienveillance est parfois abordée seulement dans son caractère positif, Réto précise la valeur de la subjectivité individuelle afin de nuancer cette posture. Cet ouvrage est utile autant pour les chercheurs qui s’intéressent à la bienveillance que pour ceux qui s’engagent dans une démarche de clarification conceptuelle. De façon plus marquée dans la dernière section de la publication, plusieurs exemples de pratiques bienveillantes et de manifestations de la bienveillance à l’école pourront également guider les membres du personnel scolaire qui s’interrogent sur cette thématique dans leur travail.