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1. Introduction

Depuis sa création en 1998, le parc marin du Saguenay‑Saint‑Laurent confère un statut d’aire protégée à une portion d’écosystèmes dits représentatifs de l’estuaire du Saint‑Laurent et du fjord du Saguenay. La richesse et la complexité des écosystèmes du parc marin, ainsi que la fragilité des composantes naturelles face aux activités anthropiques, ont attiré l’attention de nombreux chercheurs, du public et des décideurs. L’accès aux connaissances sur les conditions océanographiques, sur l’unicité du fjord et sur la précarité de la population de bélugas a été déterminant dans la création du parc. L’établissement du parc marin, une des premières aires marines protégées au Canada, est une reconnaissance de la valeur exceptionnelle de son territoire. Résultant d’une vingtaine d’années d’études, de support du milieu régional et de négociations, la création du parc marin peut être considérée comme un événement important dans le domaine de la conservation du milieu marin, au Québec comme au Canada.

Le numéro spécial de la Revue des Sciences de l’eau et le colloque scientifique « Dix années de science au service de la conservation » offrent tous deux l’opportunité de faire le bilan des recherches réalisées au cours des dix années d’existence du parc marin. Ce bilan servira à déterminer les besoins futurs de recherche, mais aussi à informer le public et les décideurs afin d’orienter les actions pour atteindre les objectifs de conservation du parc marin.

2. Territoire du parc marin

Le parc marin se situe environ à mi-chemin entre les Grands Lacs et l’océan Atlantique et est sous l’influence de ces deux systèmes (Figure 1). La confluence de l’estuaire du Saint‑Laurent et du Saguenay est reconnue comme étant un lieu particulier à plusieurs égards. Notamment, les eaux drainant l’immense bassin versant des Grands Lacs et du Saint-Laurent et celui du Saguenay‑Lac‑Saint‑Jean, ainsi que celles en provenance de l’océan Atlantique, y convergent, générant des conditions océanographiques qui se démarquent dans le Saint-Laurent.

Figure 1

Situation géographique du parc marin du Saguenay‑Saint-Laurent dans le bassin versant du Saint-Laurent et des Grands Lacs (source : DIONNE, 2001).

General location of the Saguenay-St. Lawrence Marine Park in the drainage basin of the St. Lawrence River and the Canadian Great Lakes (from DIONNE, 2001)

Situation géographique du parc marin du Saguenay‑Saint-Laurent dans le bassin versant du Saint-Laurent et des Grands Lacs (source : DIONNE, 2001).

Adapté de Koutitonsky et Budgen (1991).

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Couvrant une superficie de 1 246 km2, le parc marin du Saguenay‑Saint‑Laurent comprend toute la colonne d’eau et les fonds marins jusqu’à la ligne des hautes marées ordinaires (Figure 2). Son territoire est entièrement constitué d’écosystèmes estuariens, soit l’estuaire moyen, l’estuaire maritime et le fjord du Saguenay, qui sont tous trois des milieux extrêmement dynamiques. Les caractéristiques physiques et biologiques diffèrent beaucoup entre ces trois portions du parc marin, malgré leur interdépendance (PMSSL, 2008). Par exemple, de récentes études sur les populations de poissons mettent en évidence la connectivité entre les systèmes du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent (SÉVIGNY et al., 2009; SIROIS et al., 2009).

Figure 2

Territoire du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (source : Parcs Canada).

Territory of the Saguenay‑St. Lawrence Marine Park (from Parcs Canada)

Territoire du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (source : Parcs Canada).

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La tête du chenal Laurentien est la particularité topogra-phique la plus saillante du parc marin, marquant la transition entre l’estuaire moyen et l’estuaire maritime, à l’endroit même de la confluence du Saguenay et du Saint-Laurent (Figure 3). La topographie sous-marine accidentée, la présence du fjord du Saguenay et la remontée d’eau froide au rythme des marées, communément appelée « upwelling », en font une région très singulière (SAUCIER et al., 2009). À l’échelle mondiale, les sites de remontée d’eau froide sont parmi les plus productifs des océans. L’« upwelling » entraîne vers la surface des éléments nutritifs et du zooplancton, tout en favorisant l’oxygénation de l’eau. L’« upwelling » à la tête du chenal Laurentien est le processus océanographique qui distingue le plus le parc marin des autres régions de l’estuaire du Saint-Laurent. L’effet de la remontée des eaux froides se répercute sur l’ensemble de l’estuaire du Saint-Laurent et du Saguenay, même jusque dans le golfe du Saint-Laurent. Les remontées d’eau froide associées au rythme des marées représentent donc en quelque sorte le coeur battant et les poumons du parc marin.

Figure 3

La tête du chenal Laurentien à la confluence du fjord du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent (source : Parcs Canada).

The head of the Laurentian Channel at the confluence of the Saguenay Fjord and the St. Lawrence Estuary (from Parcs Canada).

La tête du chenal Laurentien à la confluence du fjord du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent (source : Parcs Canada).

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Compte tenu de la petite taille du territoire du parc marin relativement à l’estuaire du Saint-Laurent, la diversité des espèces connues qui s’y retrouvent est remarquable (ARGUS, 1992 et références incluses; BOSSÉ et al., 1994). En effet, les conditions océanographiques à la confluence du Saint-Laurent et du Saguenay favorisent non seulement la production primaire (INGRAM, 1975; THERRIAULT et al., 1990), mais également la concentration d’espèces planctoniques situées à la base du réseau alimentaire (SIMARD et al., 2009). À son tour, la concentration de zooplancton favorise la convergence de prédateurs comme les poissons, qui servent également de proies, les oiseaux de mer et les mammifères marins. Essentiellement, les principaux facteurs expliquant la grande diversité d’espèces retrouvées dans le parc marin sont : la diversité des écosystèmes et des habitats, l’abondance d’espèces-proies, le chevauchement des aires de distribution d’espèces marines et d’espèces d’eau douce, et la présence d’espèces d’affinité arctique (PMSSL, 2008).

Cependant, les conditions océanographiques et bathymétriques particulières ne favorisent pas seulement la richesse biologique du parc marin, elles favorisent également l’apport et la rétention de sédiments contaminés. La tête du chenal Laurentien est une zone de sédimentation et d’accumulation de polluants persistants provenant du bassin versant des Grands Lacs et du Saint-Laurent (LEBEUF et NUNES, 2005). Dans le Saguenay, les substances persistantes s’évacuent très peu en raison de la géomorphologie du fjord (PELLETIER et al., 2009). La coïncidence géographique d’un écosystème d’une grande richesse avec un site d’accumulation de contaminants pouvant provenir de centaines de kilomètres en amont illustre l’ampleur des défis pour la conservation de ce milieu exceptionnel.

3. Historique de la création du parc marin

Le parc marin du Saguenay‑Saint‑Laurent est un projet innovateur à plusieurs égards. D’abord, il a été créé à une époque où il n’existait pas de moyens légaux pour désigner une aire marine protégée de ce genre au Canada. Ainsi, la création du parc marin a nécessité l’adoption de deux lois constituantes : une du gouvernement du Canada et une du gouvernement du Québec. Le parc marin est unique en ce sens qu’il est cogéré par les deux paliers de gouvernements. De plus, il vise à favoriser la gestion participative avec le milieu. Dix ans après la création légale du parc marin, un retour sur son historique aide à mieux comprendre où nous en sommes aujourd’hui.

Le Canada bénéficie de plus d’un siècle d’expérience en matière d’aires protégées terrestres, le premier parc national ayant été établi à Banff en 1885. En contrepartie, il compte seulement dix ans d’expérience dans l’établissement et la gestion des aires marines protégées. Le concept d’aire marine protégée est en effet relativement nouveau au Canada. Dans le contexte canadien, ce type de désignation est particulièrement pertinent, notre pays étant entouré de trois océans et d’une immense réserve d’eau douce que constituent les Grands Lacs.

Pendant des siècles, le Saint-Laurent a été exploité intensivement et il en subit encore les conséquences. Ce n’est que depuis une trentaine d’années que des mesures de protection et de restauration du Saint-Laurent et de ses affluents ont été entreprises. Dans les années 1980, la situation inquiétante du béluga est venue symboliser la détérioration de l’environnement du Saint-Laurent. Le béluga a suscité l’urgence d’agir pour protéger le fleuve et ses affluents. Il est à l’origine de nombreuses initiatives, dont le Plan d’action Saint‑Laurent et la mobilisation populaire qui a mené à la création du parc marin du Saguenay‑Saint‑Laurent (PMSSL, 2008; PRESCOTT et GAUQUELIN, 1990).

Cette époque d’éveil de la population à la fragilité de l’environnement a favorisé la diffusion des connaissances sur l’état du Saint-Laurent, le développement des accès au fleuve et la renaissance d’une industrie touristique axée sur l’observation de la nature. C’était le début d’une ère de retour au fleuve. Depuis, l’attachement des québécois pour le Saint‑Laurent a continué de se renforcer, probablement en raison du développement des accès au fleuve.

La volonté d’établir un parc marin ouvrait la voie à une nouvelle forme d’utilisation, ou plus précisément, une nouvelle vocation du territoire, visant à favoriser la conservation des écosystèmes, l’utilisation écologiquement durable des res sources, le maintien de la biodiversité, l’appréciation par le public, la sensibilisation et l’acquisition de connaissances. Autrement dit, une aire marine protégée représente bien plus qu’un laboratoire naturel de recherche et d’enseignement, c’est un lieu pour expérimenter de nouvelles façons d’utiliser le milieu marin. C’est précisément le type d’expérience que connaît la région avec l’établissement du parc marin et dont plusieurs projets d’aires marines protégées au Canada s’inspirent.

4. Rôle de la science au parc marin

Dans le cadre de la création et de la gestion des aires marines protégées, la recherche scientifique est essentielle à l’identification des territoires à protéger, à leur planification, au développement des programmes éducatifs et à la résolution d’enjeux de gestion. Dans le contexte spécifique du parc marin, la recherche scientifique est inscrite au sein même du mandat du parc, ce qui témoigne de l’importance de la science pour l’atteinte de ses objectifs :

[…] rehausser, au profit des générations actuelles et futures, le niveau de protection des écosystèmes d’une partie représentative du fjord du Saguenay et de l’estuaire du Saint‑Laurent aux fins de conservation, tout en favorisant son utilisation à des fins éducatives, récréatives et scientifiques.

La recherche scientifique a été déterminante dans l’établissement du parc marin. Pendant quatre décennies, elle a permis de mieux comprendre les particularités du territoire. En effet, l’intérêt des chercheurs pour les conditions océanographiques et les mammifères marins de la région remonte aux années 1960. Les travaux de chercheurs comme DRAINVILLE (1968), EDDS et MACFARLANE (1987), FORRESTER (1974), INGRAM (1975), LYNAS et SYLVESTRE (1988), PIPPARD et MALCOLM (1978), REID (1977), pour nommer quelques pionniers, ont permis de décrire les phénomènes océanographiques et biologiques qui favorisent la grande richesse des écosystèmes. La présence récurrente des cétacés indique d’ailleurs l’importance des conditions particulières retrouvées en ce lieu.

Dans les années 1970, les premières études sur le potentiel d’établissement d’une aire marine protégée dans le Saint‑Laurent ont été réalisées. Une analyse océanographique et biologique de l’estuaire et du golfe du Saint‑Laurent a été produite par des chercheurs affiliés à l’Université McGill pour le compte du Service des parcs du Canada (aujourd’hui Parcs Canada) afin de déterminer les sites d’intérêt pour la création d’une aire marine protégée (DUNBAR et al., 1977). De plus, le premier rapport traitant de la distribution de la population de bélugas et de ses habitats a été préparé (PIPPARD et MALCOLM, 1978) à la suite d’un contrat de Parcs Canada. D’ailleurs, les travaux de PIPPARD (1985) ont été déterminants pour l’octroi d’un statut de population en péril aux bélugas du Saint-Laurent et pour le choix de la confluence du Saguenay et du Saint‑Laurent comme endroit où établir une aire marine protégée.

À partir des années 1980, le projet de création de cette aire marine protégée a stimulé la recherche dans divers domaines. En effet, la création et la gestion d’une aire marine protégée exigent l’intégration de connaissances multidisciplinaires sur les écosystèmes, l’impact des activités anthropiques, et les contextes culturel, social et économique. Depuis les années 1990, l’effort de recherche a connu un élan dans plusieurs champs d’études pour appuyer la gestion du parc marin. En somme, de 1990 à 2008, une centaine de projets ont été réalisés dans les domaines des sciences naturelles et des activités humaines, souvent en collaboration avec le milieu universitaire, d’autres ministères ou d’organismes non gouvernementaux. Plusieurs projets pluriannuels ont permis de faire des suivis s’échelonnant sur une quinzaine d’années, comme le suivi de la pêche hivernale sur glace (LAMBERT, 2002) et le suivi des activités d’observation en mer (MICHAUD et al., 2007). Ces suivis ont été déterminants dans l’établissement de mesures de gestion, comme les quotas pour la pêche hivernale dans le fjord du Saguenay et l’adoption du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay‑Saint‑Laurent.

Les projets de recherche réalisés dans la région du parc marin sont un reflet de l’intérêt porté à la diversité des composantes des écosystèmes et des activités qui s’y déroulent. En effet, ces travaux ont porté sur des sujets aussi variés que : la géomorphologie marine; l’archéologie; l’histoire; l’océano graphie physique et biologique; les espèces marines, dont le béluga du Saint‑Laurent; la pollution chimique et sonore; le trafic maritime et l’impact économique et écologique de diverses activités humaines, notamment le tourisme et les pêches. De nombreux rapports faisant le bilan des connaissances sur le fjord du Saguenay et l’estuaire du Saint‑Laurent ont été produits au cours des dernières années (ex. : ARGUS, 1992; DIONNE, 2001; MPO, 2007; PMSSL, 2008; SAVARIA et al., 2003; SÉVIGNY et COUILLARD, 1994). Afin de diffuser les résultats de ces recherches au public, plusieurs informations scientifiques ont été incorporées dans des produits éducatifs à l’intérieur des expositions et des activités d’interprétation offertes dans l’aire de coordination du parc marin.

5. Favoriser la conservation par la science

Dans une région aux paysages naturels remarquables, où l’on peut observer une grande abondance d’espèces sauvages à la surface de l’eau, il peut s’avérer très difficile de saisir l’impact environnemental des activités humaines qui ont lieu sur le territoire. Il est encore plus difficile de percevoir les conséquences des activités qui s’effectuent à des centaines de kilomètres du parc marin. Conséquemment, l’observation et l’analyse scientifique sont parfois le seul moyen de prendre la mesure de l’état réel du milieu marin et des processus environnementaux complexes qui s’opèrent dans le système.

L’acquisition de connaissances scientifiques est une première étape dans les retombées que celles-ci peuvent apporter à la conservation. Le rapprochement entre les divers joueurs comme les scientifiques, les gestionnaires, les communautés et les visiteurs est essentiel pour que les connaissances scientifiques puissent effectivement orienter les actions de conservation. Puisque le succès d’une aire marine protégée comme le parc marin nécessite l’appui de tous les acteurs concernés par celle-ci, la transmission des connaissances est une condition indispensable pour que la science soit un outil efficace de conservation.

L’expérience vécue au parc marin, de même qu’ailleurs dans le Saint‑Laurent (ex. instauration du Plan d’action Saint‑Laurent il y a 20 ans) et dans le monde (ex : BEARZI, 2007), démontre que les actions en faveur de la conservation surviennent souvent grâce à l’appui du public. Avec l’affluence des visiteurs et l’intérêt de la population pour la région du parc marin et les mammifères marins, les opportunités de diffuser l’information scientifique sont multiples, mais exigent l’engagement des chercheurs. À l’avenir, les chercheurs seront appelés à mettre encore plus en priorité les travaux qui permettent de répondre aux enjeux de gestion et de conservation.

6. Nager dans l’incertitude

Si la science trouve parfois sa force dans la diffusion, elle comporte par ailleurs des limites. Elle ne peut fournir toutes les réponses, car le milieu marin est intrinsèquement complexe, dynamique, et souvent imprévisible. Les processus clés qui soutiennent les structures et les fonctions des écosystèmes ne sont pas toujours bien compris. Dans ce contexte, l’intégration des résultats scientifiques aux décisions de gestion constitue un important défi. Plusieurs décisions doivent être prises sur la base d’informations incomplètes. Là où l’on met le fardeau de la preuve, lorsqu’un enjeu doit être résolu, est effectivement une question centrale du domaine de la conservation du milieu marin (NORSE, 1993). En reconnaissant l’incertitude inhérente aux écosystèmes, il s’avère de plus en plus nécessaire de recourir à une gestion adaptative et au principe de précaution pour encadrer les activités humaines dans un but de conservation du milieu marin.

7. État du parc marin dix ans après sa création

L’état de santé des écosystèmes du parc marin est le résultat d’interactions écologiques multiples, de conditions océaniques variables et de sources de pression nombreuses. Cet état dépend évidemment de l’état du Saint‑Laurent et du Saguenay, dont le fonctionnement des écosystèmes a été profondément modifié au cours des derniers siècles. Ainsi, des processus se déroulant à l’échelle locale, régionale ou à celle du bassin versant des Grands Lacs et du Saint‑Laurent peuvent avoir un impact déterminant sur l’état du parc marin. Malgré le fait que la gestion d’une aire marine protégée soit limitée à certaines actions à l’intérieur du territoire, c’est par l’éducation, la diffusion des résultats de recherches scientifiques et la gouvernance que l’influence du parc marin peut s’étendre au-delà de ses limites géographiques et administratives.

Une première évaluation de l’état de santé des écosystèmes du parc marin et de l’efficacité des mesures de gestion a été réalisée en 2007 (PMSSL, 2008). Pour ce faire, une approche multidisciplinaire et intégrée s’est imposée, faisant appel à une diversité d’indicateurs provenant de plusieurs domaines. L’analyse a permis de constater que les progrès ont été plus significatifs dans certains domaines, en particulier en ce qui concerne la gouvernance, l’expérience des visiteurs et l’acquisition de connaissances dans divers champs d’études (PMSSL, 2008).

En ce qui concerne l’état des écosystèmes, la gestion du parc marin a permis de ralentir certains processus de dégradation, mais il s’avère complexe de mesurer avec précision ces résultats. Il faut considérer que les écosystèmes subissent les impacts cumulatifs des activités humaines et que les efforts pour réduire ces impacts sont encore récents. Les contaminants sont toujours présents et les activités humaines dans le parc, telles que le trafic maritime et les activités avec prélèvement des ressources biologiques, sont en croissance depuis quelques années. Ensemble, ces sources de pression peuvent avoir des effets cumulatifs et agir en synergie sur les écosystèmes. La stagnation de la population de bélugas démontre que des efforts soutenus sont nécessaires pour engendrer des résultats mesurables et que son rétablissement est un travail de longue haleine.

Quant à l’utilisation écologiquement durable du parc marin, l’implantation de nouveaux outils de gestion pour encadrer les activités sans prélèvement a permis de faire des progrès, notamment pour les activités d’observation en mer. Nous devons cependant maintenir nos efforts afin de susciter l’adhésion de ceux qui pratiquent ces activités. Par ailleurs, l’adaptation de la gestion des activités de prélèvement au concept d’utilisation écologiquement durable et de l’approche écosystémique demeure un grand défi pour la conservation des écosystèmes du parc marin.

8. Conclusion

Les aires marines protégées sont reconnues dans le monde comme un outil précieux pour favoriser la conservation de la biodiversité des écosystèmes marins, maintenir leur produc tivité, accroître les connaissances et mieux faire apprécier l’importance de ces endroits exceptionnels par le public. Il est aussi largement reconnu que la clé du succès des aires marines protégées passe par la compréhension et l’appui des communautés avoisinantes et des usagers (KELLEHER, 1999).

Les écosystèmes du parc marin fascinent, car ils offrent à la fois un milieu de vie essentiel à plusieurs espèces marines, sont un moteur de l’économie régionale et sont une source d’émerveillement pour les visiteurs et les chercheurs. En somme, l’avenir du parc marin dépend de la continuité de l’engagement des centaines d’intervenants concernés, des communautés côtières ainsi que des milliers de visiteurs qui y viennent chaque année.

Le parc marin a maintenant dix ans, et le temps est venu de faire un bilan des progrès réalisés et des défis qui nous attendent. Il faut reconnaître que beaucoup de chemin a été parcouru depuis son établissement en 1998. Un des grands défis demeure celui de faire en sorte que les connaissances scientifiques servent à prendre des mesures afin de favoriser la conservation de ce milieu exceptionnel qu’est le parc marin. Le numéro spécial de la Revue des Sciences de l’eau et le colloque scientifique « Dix années de science au service de la conservation »nous permettent de faire un grand pas dans la bonne direction.