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Louis Hébert, Pascal Michelucci et Éric Trudel (dir.) 2018. Magritte. Perspectives nouvelles, nouveaux regards. Québec, Editions Nota bene[Record]

  • Nicole Everaert-Desmedt

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  • Nicole Everaert-Desmedt
    Université Saint-Louis, Bruxelles

L’ouvrage s’intitule, à juste titre, “Magritte. Perspectives nouvelles, nouveaux regards”. Un nouvel outil a, en effet, permis une nouvelle approche de l’ensemble de l’oeuvre de Magritte. Il s’agit de la base de données Internet, Magritte. Toutes les oeuvres, tous les thèmes, élaborée par un groupe de recherches sous la direction de Louis Hébert et subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (2003-2013). Dans l’introduction de cet ouvrage collectif, les éditeurs présentent globalement la base de données : Ensuite, dans le premier chapitre de l’ouvrage collectif, Eric Trudel et Louis Hébert expliquent de façon détaillée l’élaboration, le fonctionnement et l’intérêt de la base de données. Ils précisent que l’analyse sémantique des images porte sur leur contenu figuratif, soit les signifiés “iconiques” dans le sens du Groupe µ (par exemple, une maison), par opposition aux signifiés “plastiques” (par exemple, un triangle figurant le toit de la maison). La base rend compte des entités (pomme, chapeau, homme, femme), des actions (manger) et des activités (équitation). La saillance est le critère fondamental de description. Il a été demandé aux collaborateurs de l’ouvrage de mettre à profit la base de données dans leur analyse, en prenant en compte la totalité du corpus (1957 oeuvres de Magritte s’y trouvent répertoriées) ou en sélectionnant une sous-partie utile pour leur recherche spécifique. Parmi le grand nombre d’oeuvres de Magritte comportant des mots (206 oeuvres répertoriées dans la base de données), Francis Édeline centre son étude sur un sous-ensemble, constitué d’une douzaine d’oeuvres, dans lesquelles le mot et l’image sont fondus en une même entité visuelle, à la fois picturale et linguistique, donc “intersémiotique”. Marie Godet se focalise sur trois moulages réalisés par Magritte et présentés à Bruxelles en 1945 : le masque mortuaire de Pascal (intitulé Hommage à Pascal), un torse de femme (La peinture) et une tête féminine (La mémoire). L’analyse montre que ces objets ont des échos dans l’ensemble de l’oeuvre de Magritte, et la base de données permet de faire rapidement des rapprochements. Ainsi, Pascal se retrouve dans le titre d’un tableau, Le manteau de Pascal (1954); on apprend qu’il y a 11 oeuvres répondant au titre La mémoire : 2 moulages et 9 peintures (entre 1942 et 1957), qui représentent la même tête; la base de données permet également de repérer un torse dans 40 oeuvres, et plus précisément le même torse dans plus de 20 oeuvres. Joëlle Réthoré effectue une analyse de la syntaxe et du rythme en prenant en considération tout le corpus des titres de l’oeuvre de Magritte (1564 titres en français, de 1916 à 1967). Olga Galatanu utilise également la base de données pour dégager, dans les titres de Magritte, des groupes de structures syntaxiques et sémantiques, qu’elle met ensuite en relation avec les images. Stefania Caliandro a repéré, dans la base de données, le terme “dédoublement”, qui caractérise de nombreux tableaux, parmi lesquels elle a retenu huit oeuvres où le dédoublement résulte de la propagation d’une oscillation. Analysant Le nu couché (1928), Louis Hébert note l’importance du thème du “nu” dans le corpus de Magritte. En effet, si l’on tape “nudité” dans la base de données, on obtient 273 oeuvres qui contiennent au moins un humain nu (presque toujours une femme), soit environ 14% des oeuvres. S’intéressant à la façon dont l’humain et l’animal sont défamiliarisés dans les tableaux de Magritte, Vanessa Robinson relève au passage, dans la base de données, 197 oeuvres qui comprennent des oiseaux. L’orientation générale du volume est d’esprit sémiotique, c’est-à-dire que tous les articles cherchent à mettre en évidence les mécanismes producteurs de signification …

Appendices