Abstracts
Résumé
L’objectif de cet article est de rappeler l’importance du ‘rapport à la mémoire’ dans les médias cinématographiques et audiovisuels d’Afrique subsaharienne par opposition aux usages souvent idéologiques qui ont pu être fait d’un ‘rapport à l’histoire’. Dans un premier temps, il s’agit de revenir sur des tentatives de représentations de l’histoire telles qu’elles ont pu apparaître chez des réalisateurs comme Ousmane Sembène, Med Hondo ou Haile Gerima, en considérant ces représentations dans le cadre de discours de légitimation politique. Dans un second temps, cet article veut situer ces discours de légitimation politique au sein de la littérature critique et théorique qui a pu apparaître à propos des cinémas africains depuis les années 70; il s’agit alors de déterminer les limites qui, dans un cadre théorétique englobant un questionnement d’ordre ‘méthodologique-épistémologique’ aussi bien qu’esthétique, doivent être nécessairement assignées à ces discours de légitimation politique. Finalement, dans un troisième temps, il s’agit de revenir sur un certain nombre de films africains réalisés à partir des années 90 dans lesquels un ‘rapport à la mémoire’ est engagé. En conclusion, on considère que, dans les discours sur ces médias, le danger a toujours été plutôt du côté de la légitimation politique de tel ou tel rapport à l’histoire que du côté d’une relation symbolique et esthétique à la mémoire.
Mots-clés :
- Cinéma africain,
- médias audiovisuels africains,
- histoire et mémoire,
- méthodologie et épistémologie,
- légitimation politique,
- mondialisation
Abstract
This article aims to recall the significance of the ‘relationship to memory’ in cinematic and audio-visual media in Sub-Saharan Africa in contrast to the often ideological uses which have been made of a ‘relationship to history’. The article begins by reconsidering attempts to represent history by directors such as Ousmane Sembène, Med Hondo and Haile Gerima, by analysing these representations within the framework of political discourse of legitimization. Then, this article attempts to situate this discourse within the critical and theoretical literature which have appeared in relation to African cinema since the 1970s; thus the question is to determine limitations which must necessarily be assigned to this discourse of political legitimization, within a theoretical framework which includes a ‘methodological-epistemological’ point of view as well as an aesthetical one. The article then reconsiders some African films made since the 1990s in which a ‘relationship to memory’ was involved. The article concludes that, in discourse about African media, the danger has always been more on the side of the political legitimization of a certain relationship to history the symbolical and aesthetical relationship to memory.
Keywords:
- African cinema,
- African audio-visual media,
- history and memory,
- methodology and epistemology,
- political legitimization,
- globalization
Appendices
Bibliographie
- Achkar, D. (1991). Allah Tantou. 52 minutes. Guinée / France.
- Ansah, K. P. (1989). Heritage Africa. 110 minutes. Ghana.
- Bakupa-Kanyinda, B. (1991). Thomas Sankara. 13 minutes. République Démocratique du Congo.
- Bassek Ba Kobbio, E. (1994). Le Grand blanc de Lambaréné. 94 minutes. Cameroun.
- Cissé, S. (1987). Yeelen. 105 minutes. Mali.
- Cissé, S. (1995). Waati. 104 minutes. Mali.
- Gerima, H. (1993). Sankofa. 125 minutes. Ethiopie / Etats-Unis.
- Hondo, M. A. M. (1986). Sarraounia. 120 minutes. Mauritanie / France.
- Kaboré, G. (1996). Buud Yam. 97 minutes. Burkina Faso.
- M’Bala, G. R. (2000). Adanggaman, Roi Nègre. 90 minutes. Côte d’Ivoire.
- Ngakane, L. (1966). Jemina and Johnny. 30 minutes. Afrique du Sud / Royaume Uni.
- Ngangura, M. D. (1997). Pièces d’identités. 93 minutes. République Démocratique du Congo.
- Peck, R. (1991). Lumumba, la mort d’un prophète. 68 minutes. Haïti / France.
- Peck, R. (2000). Lumumba. 115 minutes. Haïti / France.
- Rouch, J. (1950). Cimetière dans la falaise. 19 minutes. France.
- Rouch, J. (1967). Sigui 1967 : l’enclume du Yougo. 38 minutes. France.
- Rouch, J. (1968). Sigui 1968 : les danseurs de Tyogou. 27 minutes. France.
- Rouch, J. (1969). Sigui 1969 : la caverne de Bongo. 40 minutes. France.
- Rouch, J. (1970). Sigui 1970 : les clameurs d’Amani. 35 minutes. France.
- Rouch, J. (1971). Sigui 1971 : la dune d’Idyeli. 56 minutes. France.
- Rouch, J. (1972). Sigui 1972 : les pagnes de lame. 50 minutes. France.
- Rouch, J. (1974). Sigui 1974 : l’auvent de la circoncision. 18 minutes. France.
- Sembène, O. (1963). Borrom Sarret. 22 minutes. Sénégal.
- Sembène, O. (1976). Ceddo. 120 minutes. Sénégal.
- Sissako, A. (1997). Rostov-Luanda. 85 et 60 minutes. Mauritanie.
- Teno, J-M. (1991). Afrique, je te plumerai! 88 minutes. Cameroun.
- Teno, J-M. (1996). Clando. 98 minutes. Cameroun.
- Teno, J-M. (1999). Chef! 61 minutes. Cameroun.
- Teno, J-M. (2001). Vacances au pays. 75 minutes. Cameroun.
- Teno, J-M. (2004). LeMalentendu colonial. 78 minutes. Cameroun.
- Woukoache, F. (1995). Asientos. 52 minutes. Cameroun.
- Woukoache, F. (2000). Nous ne sommes plus morts. 126 minutes. Cameroun.
- Allen, R. C., et Gomery, D. (1985/1994). Faire l’histoire du cinéma : les modèles américains. (J. Lévy, traducteur). Paris : Nathan.
- Amselle, J-L. (2001). Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures. Paris : Flammarion.
- Andrew, D. (2000). The roots of the nomadic : Gilles Deleuze and the cinema of West Africa. In Flaxman G. (dir.). The brain is the screen. Deleuze and the philosophy of cinema. Minneapolis : University of Minnesota Press. 215-249.
- Aumont J., Bergala A., Marie M., et Vernet, M. (1994). Esthétique du film. Paris : Nathan.
- Barlet, O. (1996). Les cinémas d’Afrique noire. Le regard en question. Paris : L’Harmattan.
- Blanchard P., et Veyrat-Masson I. (dir.) (2008). Les guerres de mémoires. La France et son histoire. Paris : La Découverte.
- Bordwell, D. (1989). A case for Cognitivism. Iris. 9.11-40.
- Bordwell, D., Staiger, J., et Thompson K. (1985). The classical Hollywood cinema : Film style and mode of production to 1966. New York : Columbia University Press.
- Chanan M. (1991). Le Troisième Cinéma de Solanas et Getino. Cinémaction. 60. 214-223.
- Collectif. (2000). Les cinémas d’Afrique. Dictionnaire. Paris : Karthala / ATM.
- Daney, S. (1996). La rampe. Cahier critique 1970-1982. Paris : Cahiers du cinéma / Gallimard.
- Diawara, M. (1992). African cinema. Politics and culture. Bloomington IN : Indiana University Press.
- Deleuze, G. (1985). L’image-temps. Cinéma 2. Paris : Éditions de Minuit.
- Gabara, R. (2006). From split to screened selves. French and Francophone autobiography in the third person. Stanford : Stanford University Press.
- Gabriel, T. H. (1982). Third Cinema in the Third World. The aesthetics of liberation. Ann Arbor MI : University of Michigan Press.
- Gabriel, T. H. (1989). Third Cinema as guardian of popular memory : Towards a Third Aesthetics. In Pines, J. et Willemen, P. (dir.). Questions of Third Cinema. London : British Film Institute. 53-64.
- Girard, R. (1972). La Violence et le sacré. Paris : Grasset.
- Haffner, P. (1978). Essai sur les fondements du cinéma africain. Dakar, Sénégal : Nouvelles éditions africaines.
- Haffner, P. (1996). Ni modèle, ni école, ni tradition. Une introduction à l’identité du cinéma africain. La Pensée. 306.99-111.
- Harrow, K. W. (2007). Postcolonial African cinema. From political engagement to Postmodernism. Bloomington IN : Indiana University Press.
- Haynes, J. (dir.) (1997). Nigerian video Films. Jos : Nigerian Film Corporation.
- Lelièvre, S. (dir.) (2003). Les cinémas africains, une oasis dans le désert ? [CinémAction no. 106]. Paris : Corlet / Télérama.
- Lelièvre, S. (2004a). La zébrure et le township. Un cinéma sud-africain entre impasses et promesses. Africultures. 58.215-224.
- Lelièvre, S. (2004b). Screening the past no. 1 [Compte-rendu de Questioning African Cinema : Questioning African filmmakers]. Disponible en ligne: http://www.latrobe.edu.au/screeningthepast/reviews/rev_17/SL2br17a.html. Consulté le 27 novembre 2009.
- Naficy, H. (2001). An accented cinema. exilic and diasporic filmmaking. Princeton, NJ : Princeton University Press.
- Pines, J., et Willemen, P. (dir.) (1989). Questions of Third Cinema. London : British Film Institute.
- Ricoeur, P., et Changeux, J-P. (1998). Ce qui nous fait penser. Paris : Odile Jacob.
- Ricoeur, P. (2000). La mémoire, l’histoire, l’oubli. Paris : Seuil.
- Ricoeur, P. (2006). Mémoire, histoire, oubli. Esprit. 3-4.20-29.
- Scubla, L. (1992). Sciences cognitives, matérialisme et anthropologie. In Andler, D. (dir.). Introduction aux sciences cognitives. Paris : Gallimard. 421-446.
- Solanas, F. E., et Getino O. (1973). Cine, cultura y descolonización. Buenos Aires : Siglo XXI.
- Sperber, D., et Wilson D. (1989). La pertinence : communication et cognition. Paris : Éditions de Minuit.
- Ukadike, F. N. (2002). Questioning African cinema : Questioning African filmmakers. Minneapolis : University of Minnesota Press.
- Vieyra, P. S. (1975). Le cinéma africain des origines à 1973. Paris : Présence africaine.
- Willemen, P. (1994). Looks and frictions. Essays in cultural studies and film theory. London / Bloomington : Indiana University Press / British Film Institute.
- Willemen, P., et Vitali, V. (dir.) (2006). Theorising national cinema : A morphology of film cultures. London: British Film Institute.
Filmographie
Dans les références filmographiques ci-dessous, je ne mentionne que le pays d’origine du réalisateur concerné, et non pas, comme c’est parfois l’habitude, le ou les pays producteurs.