Introduction

Maladie mentale et droits de l’enfant[Record]

  • Christian Whalen

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  • Christian Whalen
    Bureau du Défenseur des enfants et de la jeunesse, Fredericton, Nouveau-Brunswick

La quatrième édition du Cours d’été international relatif aux droits de l’enfant de l’Université de Moncton fut dédiée au thème de la santé mentale adolescente, au regard des articles 23 et 24 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE). L’article 23 proclame le droit des enfants handicapés à des soins spéciaux afin de mener une vie pleine et décente et l’article 24 garantit à tous les enfants au monde le droit de jouir du meilleur état de santé possible. Durant la semaine, des experts de trois continents ont pu échanger et partager différentes perspectives professionnelles sur l’état d’avancement du droit de l’enfant à la santé mentale au sein de leurs pays respectifs. Les conférences ont traité de l’effet de la négligence et de l’abandon d’un enfant sur leur état psychologique, de la pénurie de services spécialisés en pédopsychiatrie dans les pays du Nord aussi bien que dans les pays du Sud, et surtout de la remise en question des approches médicales et pharmacologiques par les patients eux – mêmes. Dans certains pays la médecine traditionnelle doit céder doucement à l’avancement de la médecine moderne, alors que dans d’autres pays la médecine moderne doit aussi céder le pas aux approches plus traditionnelles. Dans tous les cas on veut prioriser les approches orientées vers le patient et on reste devant le constat que le bien-être psychologique et le processus de rétablissement appartiennent d’abord au patient, à sa famille et à sa communauté. En ce sens la phrase de Foucault, citée plus haut, s’avère prophétique. Pendant des décennies nous avons développé de nouveaux diagnostics et de nouveaux traitements médicamenteux, mais aujourd’hui il y a de plus en plus souvent remise en question des vérités des experts par les familles et les patients et un discours grandissant en faveur de la voix des patients et d’une place plus grande pour leurs vérités. Bien que le cours ait commencé avec l’ambition de repenser les services de santé mentale aux adolescents comme un droit fondamental et de travailler de façon interdisciplinaire et nouvelle dans le respect de ce constat, les échanges les plus fructueux ont été autour des débats sur la médicalisation des comportements, la course aux diagnostiques et aux traitements pharmacologiques, au refus du patient de se faire imposer une vérité et à son droit de demeurer maître de soi et responsable de son plan de rétablissement. Il appert de ces échanges qu’il peut y avoir plus de convergences que de conflits dans ces propos et une approche fondée sur les droits de l’enfant est utile afin de concilier les perspectives du patient et du psychiatre et de donner un fondement moral et juridique au discours de santé en faveur de la voix de ces jeunes patients. Cette réflexion rétrospective sur les échanges du Cours d’été international relatif aux droits de l’enfant, 2015 tentera de creuser plus loin les bienfaits d’une approche fondée sur les droits. Elle étudiera de plus près les recommandations des experts au Comité des droits de l’enfant de Genève avant d’aborder les développements en faveur de la voix des patients dans les enjeux de santé mentale adolescente au Canada et au Nouveau-Brunswick. Enfin, elle scrutera plus loin comment cette approche pourrait informer les tendances globales en ce sens, en particulier au regard du International Declaration on Youth Mental Health. Les Instituts de recherche en santé du Canada ont initié en 2012 une nouvelle Stratégie de recherche axée sur le patient (SRAP) (Canada, 2011) afin de mieux arrimer la livraison de services de santé avec les besoins réels des patients. Trop souvent les patients ne reçoivent pas les …

Appendices