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Ce livre comprend plusieurs contributions ayant trait au judaïsme. Il se divise en deux parties. La première partie nous donne d’abord un bref texte du pape émérite Benoît XVI, intitulé « Les dons et l’appel sans repentir », avec, comme sous-titre, « À propos de l’article 4 de la déclaration Nostra Aetate », initialement destiné à la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme pour marquer le cinquantième anniversaire, en 2015, de la déclaration Nostra Aetate de Vatican II (1965) – une déclaration qui portait sur les Juifs et les croyants appartenant à d’autres religions. Ce texte de Benoît XVI est précédé d’une Introduction d’Olivier Artus et d’une Présentation du cardinal Koch.

Toujours dans la première partie, une deuxième section nous présente une réflexion par Arie Folger, Grand rabbin de Vienne, intitulée « Le dialogue en péril ? ». Une autre section nous fait connaître une Note de l’éditeur allemand qui nous introduit à une brève correspondance entre Benoît XVI et Arie Folger, suivie de la lettre de chacun.

La seconde partie contient cinq documents : Nostra Aetate, c’est-à-dire la Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (1965) ; un long texte de la Commission biblique pontificale intitulé « Le peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne », préfacé par le cardinal Joseph Ratzinger (2001) ; un texte de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme intitulé « “Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables” (Romains 11, 29). Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et Juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Aetate (no 4) » (2015) ; la déclaration de la Conférence des rabbins européens intitulée « Entre Jérusalem et Rome. Le partage de l’universel et le respect du particulier. Réflexions sur le cinquantième anniversaire de Nostra Aetate » (publiée deux ans plus tard, soit en 2017) ; et finalement le discours du Pape François aux représentants de la Conférence des rabbins européens, du Conseil rabbinique d’Amérique et de la Commission du Grand rabbinat d’Israël (2017).

Bien que tous ces textes nous signalent des faits et des nuances des plus instructifs, la pièce maîtresse, pour le directeur de ce volume – voyez le titre, donné au début de la présente recension –, est le commentaire du pape émérite Benoît sur la Déclaration Nostra Aetate. Il y présente l’historique des premières relations, peu harmonieuses, entre les chrétiens et les Juifs, il explique la différence entre leurs lectures de la Bible hébraïque, et il nous renseigne sur le fait que la théorie de la substitution (le peuple chrétien se substituant au peuple juif) doit être rejetée, n’ayant d’ailleurs jamais eu un caractère absolu dans l’Église catholique, sauf en ce qui concerne la substitution des sacrifices d’animaux au Temple par l’eucharistie des chrétiens.

Pourtant, l’analyse de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, datant de 2015, donc de deux ans avant le texte de Benoit XVI, donne des faits qui dénotent plutôt une discontinuité, la théorie dit du remplacement ou supersessionisme s’étant progressivement imposée (voir les nos 16-18). Il n’est donc pas surprenant que le fort accent que le pape émérite met sur la continuité de la pensée de l’Église n’ait pas satisfait le Grand rabbin de Vienne, qui, dans sa réflexion intitulée « Le dialogue en péril ? » qualifie cette thèse de « révisionnisme anhistorique ». Le Grand rabbin a également exprimé son insatisfaction face à cette thèse vers la fin de sa lettre au pape émérite Benoît XVI.

Benoit XVI souligne également que pour Augustin il y avait toujours un rôle dans le plan divin pour les Juifs afin qu’ils témoignent de l’authenticité des Écritures saintes et qu’en conséquence, au Moyen Âge, les papes avaient le devoir de protéger les Juifs. Le pape émérite semble suggérer que les papes avaient réussi à protéger les Juifs – ce que l’histoire aurait du mal à démontrer.

Benoit XVI offre aussi des considérations intéressantes sur la messianité et sur la promesse de la terre, tout en discutant les ambiguïtés de la légitimation de l’État d’Israël. De plus, en ce qui concerne l’Alliance avec le peuple juif, le pape émérite affirme qu’elle est maintenue éternellement par Dieu. À la suite de saint Paul (Romains 9,4), il préfère parler des alliances, mentionnant celles conclues avec Noé, Abraham, Moïse, David, ainsi que la promesse d’une nouvelle alliance selon Jérémie, Ezéchiel, Deutéro-Isaïe et Osée, et finalement la nouvelle alliance dans le sang de Jésus.

En somme, les lecteurs trouveront dans ce volume les bases et les résultats du dialogue entre Juifs et chrétiens.