Recensions et comptes rendus

Maxime Allard, Emmanuel Durand et Marie de Lovinfosse (éd.), Fins et commencements. Renvois et interactions. Mélanges offerts à Michel Gourgues (Biblical Tools and Studies », 35). Leuven, Peeters, 2018, 16,5 × 24,5 cm, XIII-402 p., ISBN 978-90-429-3632-4[Record]

  • Rodolfo Felices Luna

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  • Rodolfo Felices Luna
    Oblate School of Theology, San Antonio TX, USA

À l’occasion du 75e anniversaire de naissance du Professeur Michel Gourgues, o.p., collègues, amies et amis lui présentent un volume de Mélanges reflétant un dialogue des contributrices et contributeurs avec les intérêts de recherche propres au jubilaire méritant. L’ouvrage est divisé en quatre parties : « Michel Gourgues et son oeuvre » (deux contributions), « De l’Ancien vers le Nouveau » (cinq contributions), « Commencements et achèvements » (douze contributions) et « Postérités littéraire et théologique » (trois contributions). Il comporte un avant-propos par le Professeur Maxime Allard, o.p., Président du Collège universitaire dominicain d’Ottawa, où le P. Gourgues continue d’enseigner l’exégèse du Nouveau Testament. Les références bibliques et les noms propres sont indexés. La première partie nous présente l’homme et son oeuvre. Celle qui fut sa collègue et doyenne à la Faculté de théologie, soeur Lorraine Caza, CND, évoque la figure du jardinier pour saluer en Michel Gourgues « la patience, la discrétion, le sens de l’ordre, de la précision, de l’organisation méthodique, la fidélité » (p. 3), autant de qualités qui se reflètent dans son oeuvre. Celle-ci embrasse plus d’une quarantaine d’années à présent, depuis les toutes premières recherches au sujet de la résurrection et l’exaltation du Christ, selon les Actes et à la lumière des psaumes (1975-1979), jusqu’au commentaire des lettres à Timothée et à Tite pour la collection « Commentaire biblique – Nouveau Testament » aux Éditions du Cerf (2009) et pour le projet de la Bible en ses traditions, chez Peeters (2018). La bibliographie scientifique établie par Emmanuel Durand et Marie de Lovinfosse est impressionnante (183 titres). Elle permet de constater la diversité de la production exégétique : celle-ci embrasse Jean, Paul, les Synoptiques, les Actes, les lettres dites deutéropauliniennes… Aussi le titre donné aux Mélanges propose-t-il un fil conducteur à travers cette diversité : l’intérêt de notre auteur pour l’origine et la fin du témoignage néotestamentaire en faveur du Christ Jésus. Les études offertes à Michel Gourgues « explorent comment les commencements et les achèvements sont négociés en plusieurs corpus de la Bible » (quatrième de couverture), au gré des champs bibliques jardinés par les collègues eux-mêmes. La deuxième partie recueille les contributions issues principalement de la recherche vétérotestamentaire, ayant une incidence sur certains enjeux qui marqueront le christianisme prépaulinien et paulinien. Walter Vogels présente une lecture synchronique de la création de l’être humain en Gn 1-2. Après avoir résumé les aspects diachroniques débattus, comme la datation des sources et l’apparent conflit de perspective entre un « premier » récit de création (Gn 1,1-2,4a), où l’humain serait créé en dernier, et un « second » (Gn 2,4b-3,24), où l’humain serait créé en premier, il fait valoir que, du point de vue littéraire et canonique, il s’agit d’un seul récit soudé par le chiasme de Gn 2,4. W. Vogels insiste sur la continuité, lisant en Gn 2,4b-3,24 un déploiement narratif de l’acte créateur de Gn 1,27. L’humain demeure alors le sommet du récit de la création et nulle préséance ne saurait être lue en faveur de l’homme par rapport à la femme, puisque la séquence de Gn 2 se rabat dans la simultanéité de Gn 1,27. Jean-Jacques Lavoie offre une exégèse détaillée de Qo 3,10-11 pour élucider le rapport des humains au temps, tel qu’il figure dans ces versets difficiles. Une traduction originale, assortie de notes de critique textuelle, pave la voie à une analyse structurelle, suivie d’une analyse philologique et sémantique des versets. J.-J. Lavoie démontre que, dans ce texte, bien que Dieu ait donné aux humains un sens de la durée et la capacité de réfléchir à un temps transcendant le leur …