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Introduction

Dans cet article, le terme « jeune trans » fait référence aux mineurs qui s’identifient en dehors des règles des genres masculin et féminin conventionnels. Ces jeunes rencontrent de nombreux obstacles, mais le soutien familial et les interventions transaffirmatives[1], de manière plus générale, constituent des pistes de plus en plus reconnues pour leurs bienfaits auprès de ces populations. Cependant, les familles qui soutiennent un enfant trans vivent aussi des enjeux, par exemple un sentiment d’anxiété et des difficultés dans la recherche de services répondant à leurs besoins et à ceux de leur jeune. À partir d’une recension des écrits, cet article a pour but principal de dégager les pistes d’intervention les plus prometteuses pour travailler avec ces familles, et ce, dans une perspective transaffirmative. Ainsi, l’article propose d’explorer le contexte sociopolitique actuel quant aux questions d’identité de genre, les écrits décrivant l’expérience des jeunes trans et ceux concernant les parents qui les soutiennent. Tout au long de cet article, les arguments favorisant une intervention transaffirmative se dégagent et permettent de conclure en discutant deux principes d’intervention, soit réapprendre le genre et comprendre la complexité des parcours et expériences des personnes transgenres, ainsi que de promouvoir l’autodétermination et le soutien des familles vers l’atteinte de leurs besoins.

Contexte sociopolitique

La pleine reconnaissance légale et civile des personnes trans n’est pas atteinte au Canada, et les lois visant l’atteinte de cette égalité explicite se font toujours attendre dans plusieurs provinces canadiennes, ainsi qu’au fédéral.

D’une part, au Canada et au Québec, l’identité de genre n’est pas expressément mentionnée dans les lois interdisant la discrimination. Dans une certaine mesure, elle peut toutefois être visée par certains motifs de distinction illicites énoncés dans la Charte québécoise, comme le « sexe » et l’« état civil ». Qu’à cela ne tienne, même en cette matière, la situation juridique des personnes trans demeure précaire, comme le rappelait récemment un juriste (voir Sauvé, à paraître). Sur la scène fédérale, plusieurs projets ont été proposés pour inclure l’identité de genre au sein de la Charte canadienne, mais ces efforts n’ont toujours pas porté leurs fruits. La plus récente action dans ce sens est le projet de loi C279, qui visait à modifier la Loi canadienne sur les droits de la personne et le Code criminel afin d’inclure une protection explicite de l’identité ou l’expression sexuelle. Cette loi, déposée à la Chambre des communes en 2011 par Randall Garrison, député NDP de Esquimalt–Juan de Fuca (Colombie-Britannique), est finalement morte au Sénat en 2015 après le déclenchement des élections.

D’une autre part, bien que certaines provinces canadiennes[2] permettent aux mineurs le changement de mention de sexe à l’acte de naissance sans modifications chirurgicales, le Québec se fait attendre. Alors que la nouvelle « loi 35 » permet aux personnes majeures de changer leur mention de sexe à l’acte de naissance sans subir de modifications chirurgicales préalables, les personnes mineures en sont exclues. Par conséquent, les personnes mineures doivent continuer de traverser l’enfance et l’adolescence avec des documents d’identité civile (notamment acte de naissance et autres cartes d’identité) qui ne correspondent pas à leur identité de genre. Le contexte sociopolitique demeure donc précaire pour ces jeunes et leur famille.

Jeunes transgenres et expériences d’oppression

Une grande partie des études publiées sur le sujet des jeunes trans ciblent la question du développement de l’identité (Grossman et al., 2006 ; Pollock et Eyre, 2012), souvent à partir d’un point de vue étiologique (Wren, 2002 ; Zucker, 2005 ; Roen, 2011), ou concernent essentiellement le traitement médical et l’intervention psychosociale (Zucker, 2008 ; Zucker, 1995 ; Langer, 2004 ; Roberts et al., 2012 ; Vries et al., 2014 ; Mallon, 2009 ; Grossman et D’Augelli, 2007). Ce que l’on sait de ces études, c’est que le développement de l’identité se produit dans la majorité des cas avant l’âge adulte (Beemyn et Rankin, 2011 ; Olson, Forbes et Belzer, 2011), souvent dès 3 ou 4 ans (Ehrensaft, 2014), et que le sentiment d’incongruence entre l’identité de genre et le sexe assigné émerge vers l’âge de 10,4 ans (intervalle de 6 à 15 ans) (Grossman et Anthony, 2006). Aussi, l’identité affirmée des jeunes trans serait aussi ancrée que celle des jeunes cisgenres (Olson, Key et Eaton, 2015). De plus, les jeunes trans seraient nombreux, quoique la majorité d’entre eux resteraient invisibles à leur famille et leur entourage étant donné la grande pression à se conformer socialement (Schneider, 2013 ; Hellen, 2009). Selon Schneider (2013), on cite que 1 enfant sur 500 est trans ou de genre non conforme, mais ces chiffres sont souvent débattus dans les écrits et demeurent difficiles à estimer (voir Pyne, 2014a). Quoi qu’il en soit, ces jeunes[3] font partie des populations les plus vulnérables de la société et font face à des difficultés disproportionnées relativement aux autres jeunes de leur âge. Par exemple, ils sont plus susceptibles d’être victimes d’abus et de violence (Nuttbrock et al.. 2010 ; Nuttbrock et al., 2012 ; Roberts et al.. 2012), de vivre des expériences de cyberintimidation et d’intimidation (Blumenfeld et Cooper, 2010). Selon Chamberland et coll. (2011), plusieurs jeunes transgenres ne se sentent pas en sécurité à l’école. Ils sont surreprésentés chez les populations itinérantes (Quintana, Rosenthal et Krehely, 2010 ; Crossley, 2015) et sont plus à risque de se faire arrêter ou incarcérer (Garnette et al., 2011). Ils sont aussi plus à risque de développer des dépendances à la drogue ou à l’alcool (Newcomb, Heinz et Mustanski, 2012) ; de prendre des risques lorsqu’ils ont des relations sexuelles, ou de compter sur la prostitution comme source de revenu, surtout lorsqu’ils sont sans logement (Walls et Bell, 2011). Ils vivent également plusieurs problèmes de santé mentale et de la détresse psychologique (Menvielle, 2012 ; Nuttbrock et al., 2010), incluant des stress posttraumatiques (Roberts et coll., 2012). Le taux de suicide chez les personnes trans est très élevé (Liu et Mustanski, 2012 ; Goldblum et al., 2012). Bauer et coll. (2013) estiment que 77 % des personnes trans en Ontario ont eu des pensées suicidaires et que 43 % ont fait une tentative de suicide. La même étude souligne d’ailleurs que 36 % parmi ces personnes avaient moins de 15 ans lorsqu’elles ont fait leur première tentative (Bauer et coll., 2013).

Plusieurs facteurs ont une incidence sur l’épanouissement du jeune, tel l’accès ou non à des soins de santé, médicaux et psychosociaux (Singh, 2012 ; Burgess, 2000), ou l’accès ou non à des soins respectueux de leur autodétermination (Minter, 2012 ; Olson et coll., 2011). L’accès ou non aux communautés qui soutiennent le genre affirmé (Burgess, 2000 ; Singh et al., 2014), et aux médias sociaux (Singh, 2012) est aussi reconnu comme un des facteurs ayant une incidence sur le développement du jeune. Finalement, le soutien familial, qu’il s’actualise dans la sphère privée (à la maison, de la part de la famille restreinte seulement) ou de manière publique (Ajeto, 2009), est considéré comme central au bien-être des jeunes trans (Travers et coll., 2012 ; Singh et coll., 2014). En effet, le niveau de détresse psychologique est moins élevé chez les jeunes trans recevant le soutien de leurs parents que chez ceux n’en bénéficiant pas (Travers et coll., 2012 ; Schneider, 2013). De plus, une récente étude sur les jeunes trans en Ontario souligne que le taux d’idéations suicidaires chez eux diminue de 93 % et que les jeunes ont tendance à avoir une meilleure santé mentale, et une bonne estime de soi, lorsqu’ils vivent dans une famille avec un soutien parental fort (Travers et al., 2012, dans Pyne, 2014b). En outre, l’ensemble de ces facteurs peut influencer, d’une manière ou d’une autre, la santé mentale et le bien-être du jeune ainsi que l’exclusion qui est vécue. Il importe de noter que les expériences des jeunes trans sont très diversifiées, et les parcours qu’ils empruntent souvent uniques, influencés notamment par leurs conditions de vie et la position sociale qu’ils occupent en société (genre, « race », classe sociale, orientation sexuelle, habileté physique ou mentale, etc.). D’ailleurs, certaines recherches montrent que les jeunes femmes trans racisées vivent des difficultés amplifiées et qu’elles sont surreprésentées dans les statistiques sur les meurtres de personnes trans (Transgender Europe et Tansrespect versus Transpobia, 2014). De plus, certains contextes complexifient l’intégration des jeunes trans, compte tenu de l’importance de la stigmatisation présente dans certaines communautés religieuses (Glenn, 2000) ou communautés culturelles (Saketopoulou, 2011). Une attention particulière à l’égard du contexte dans lequel vit le jeune et la famille est donc essentielle à toute intervention.

Par contre, peu importe le contexte, les jeunes trans ont un important besoin de soutien et de protection dans la société actuelle, mais les services qui leur sont offerts se font encore rares.

Expérience de parentalité

Si le soutien fort des parents à l’égard de leur jeune est essentiel à son épanouissement, le processus menant à cette acceptation n’est pas vécu sans difficulté, et peut être lent (Pullen Sansfaçon et coll. 2015 ; Brill et Peper, 2008). Par contre, ce qui semble motiver les parents à soutenir leur jeune s’articule souvent autour du désir de protéger son enfant de certaines difficultés, notamment celles décrites plus haut (Pullen Sansfaçon et coll., 2015 ; Susset, 2014). De plus, selon la recherche de Pullen Sansfaçon et coll. (2015), dont les données ont été obtenues en contexte québécois, les parents passent souvent par une période de choc lorsqu’ils découvrent que leur enfant est trans.

Les soutenir dans le processus d’acceptation est essentiel afin de les aider à plusieurs niveaux : à repérer des ressources d’aide pertinentes et actuelles, à composer avec la stigmatisation et à développer des stratégies visant à mieux défendre les droits de leur enfant (Riley et coll., 2011). Par ailleurs, il est important de noter que les parents vivent souvent, d’une manière indirecte, des expériences de stigmatisation et d’oppression lorsqu’ils soutiennent leur enfant (Cook-Daniels, 2011). Les conflits familiaux émergent parfois au sein des familles (Pullen Sansfaçon, 2015). Si l’acceptation n’est pas un processus facile, les pères démontreraient plus de difficulté à accepter leur enfant que les mères à le faire (Landolt et coll., 2004, dans Susset, 2014). De plus, soutenir et défendre l’identité affirmée du jeune dans le voisinage ou la famille étendue, ainsi que décider du moment et de la manière de divulguer l’identité du jeune dans d’autres sphères tels les écoles ou les centres de santé s’avèrent une source de tension et de stress importante pour le parent (Pullen Sansfaçon et coll., 2015).

La prise de décision, de manière générale, peut être perçue comme anxiogène (Pullen Sansfaçon et coll., 2015 ; Wren, 2002). Notamment, décider de laisser son enfant aller à l’école vêtu conformément à son genre affirmé, donner son consentement afin de permettre au jeune d’amorcer des traitements hormonaux à l’adolescence et soutenir le changement de nom officiel à l’acte de naissance en sont tous des exemples. L’anticipation à l’égard d’un regret ou d’une récrimination future de la part de leur enfant est également vécue comme un lourd fardeau pour les parents, et plusieurs peuvent se sentir sous pression, par volonté de vouloir prendre la bonne décision ou adopter la meilleure posture (Wren, 2002 ; Pullen Sansfaçon et coll., 2015 ; Susset, 2014).

Trouver des services constitue également un enjeu pour les parents. Accéder aux ressources non spécialisées, sans vivre de difficultés particulières ou de situations de discrimination, est une première étape, et trouver des services qui répondent spécifiquement aux besoins des jeunes et de leur famille en est une deuxième (Pullen Sansfaçon et coll., 2015). En effet, il semblerait que les jeunes trans fassent face à de nombreuses barrières lorsqu’ils veulent accéder aux services sociaux et de santé, voire se fassent parfois refuser l’accès à des services pourtant offerts à la population en général (Sing et al., 2014). De plus, peu d’espaces sécuritaires et de ressources sont disponibles pour ces familles (Riley et coll., 2013), et il s’avère souvent difficile pour les parents de trouver du soutien (Zamboni, 2006). Cela dit, l’accès aux ressources est essentiel pour soutenir les parents dans ce processus d’adaptation et de transition, et les aider à mieux comprendre la situation vécue par leur enfant (Susset, 2014 ; Grossman et D’Augelli, 2007 ; Wren, 2002).

Réapprendre le genre et comprendre la complexité des parcours et expériences

Selon les écrits recensés, nous pouvons dégager que les parcours des jeunes trans et de leurs familles peuvent différer énormément d’une personne à l’autre, dépendamment du soutien reçu, et de l’ouverture de la communauté qui les entoure, notamment. Ainsi, le jeune et sa famille pourront aller chercher des services ou consulter un professionnel à différents moments de leur parcours. Par conséquent, une compréhension des genres au-delà du modèle binaire (mâle-femelle) est essentielle à une intervention affirmative auprès des familles et du jeune (APA, 2015) afin de respecter toutes les identités et l’expérience individuelle de chacun. Ainsi, pour développer des interventions efficaces avec la famille de ces jeunes, les professionnels devraient, comme le souligne la psychologue américaine Diane Ehrensaft, « réapprendre le genre en faisant la différence entre le genre et le sexe, et ce, même si certains programmes de psychologie s’obstinent à enseigner des théories qui ne tiennent pas compte des données empiriques les plus récentes » (2014 : 18-19). Ainsi, une intervenante qui a « réappris le genre » comprendra qu’il existe plusieurs expressions et identités de genre, et que ces expressions et identités font partie de la diversité humaine et ne sont pas des problématiques, des déviances ou des situations causées par le parent, comme l’ont longtemps soutenu certaines études (voir par exemple Zucker et Bradley, 1995). D’ailleurs, le World Professional Association in Transgender Health (2011 : 4) a récemment déclaré que « l’expression du genre, y compris les identités de genre, n’est pas typiquement associée au sexe assigné à la naissance et que des expressions et identités de genre sont un phénomène commun de l’humanité, et culturellement diversifié, [qui] ne devrait pas être jugé comme intrinsèquement pathologique ou négatif » (traduction libre).

Cette manière différente d’appréhender le genre demande nécessairement un changement de paradigme de la part du professionnel, mais trouve un soutien grandissant dans les écrits et les associations professionnelles. Ainsi, il importe de mieux comprendre ce qu’est l’identité de genre, et de prendre conscience qu’elle peut naturellement s’exprimer sur un continuum, et non de manière strictement binaire. D’ailleurs, les « thérapies correctives de genre », qui visaient autrefois à renforcer les comportements stéréotypés, sont de plus en plus controversées (Tosh, 2014) et même interdites dans certains endroits, notamment en Ontario depuis juin 2015. Par ailleurs, l’Association canadienne des travailleurs sociaux (ACTS) et de l’Association canadienne des écoles de travail social (ACFTS) affirment que les travailleurs sociaux doivent non seulement travailler selon des pratiques transaffirmatives, mais aussi qu’intervenir pour changer l’identité de genre chez un jeune « est considéré comme contraire à l’éthique et constitue un abus de pouvoir et d’autorité » (ACFT/ACFTS, 2015 : 4). D’autres organisations professionnelles, telles que l’American Psychological Association (APA), ont également émis des consignes qui invitent les psychologues à se distancer des interventions visant la conversion et encouragent le travail thérapeutique à se faire davantage avec les familles, dans le but de favoriser une acceptation plus grande de l’enfant (APA, 2015 ; APA, sans date).

Aussi, on observe depuis plusieurs années un mouvement de dépathologisation, qui s’est surtout concrétisé avec la publication du DSM5 (Alessandrin, 2014). En effet, si le DSM4-TR parlait du trouble de l’identité sexuelle (au sein duquel l’identité trans était diagnostiquée comme un trouble, comme un problème de santé mentale), la publication du DSM5 parle maintenant de la dysphorie de genre, lorsqu’il y a souffrance découlant de la non-concordance entre l’identité de genre et le sexe assigné à la naissance, et des pressions sociales qui l’accompagnent. Les identités trans, comme telles, ne sont plus diagnostiquées et l’affirmation de ces identités est de mise.

Par ailleurs, les jeunes ayant accès à des services qui visent à les soutenir dans leur identité de genre affirmée présenteraient moins de problèmes de comportement que les jeunes étant suivis selon des thérapies réparatrices ou de conversion (Hill et coll., 2010, dans Pyne, 2014b). Ces interventions permettent entre autres d’améliorer la santé, le sentiment de bien-être et la qualité de vie en général des personnes trans (Witten, 2003, dans APA, 2015). Bien que certains débats sur ces questions perdurent, on observe que les associations professionnelles, de plus en plus, reconnaissent l’importance des approches transaffirmatives visant l’autodétermination de la personne, d’une part, et le soutien du jeune et de sa famille dans le processus d’acceptation, d’autre part.

Promouvoir l’autodétermination et soutenir les familles dans l’atteinte de leurs besoins

Nous avons souligné plus haut que les interventions visant à soutenir les familles devraient cibler le soutien du jeune et l’adaptation des parents à la réalité de leur enfant, compte tenu de leur vulnérabilité aux sentiments d’anxiété et à l’isolement social. Dans cette logique, il est important de se préparer à ce qu’une personne se présente avec des pièces d’identité non conformes à leur identité/expression de genre, et que cette même personne demande qu’on s’adresse à elle en utilisant certains pronoms/prénoms de son choix. Le respect de l’identité de genre est essentiel dans l’intervention avec les jeunes et leurs familles. De plus, les professionnels devraient encourager les familles à utiliser les pronoms et prénoms qui respectent l’identité affirmée du jeune, et les aider à trouver des ressources appropriées pour être mieux épaulées relativement aux possibles difficultés d’adaptation mentionnées plus haut. De plus, compte tenu du contexte actuel, les professionnels travaillant avec ces familles devraient également les soutenir dans la lutte pour la défense de leurs droits et dans des interventions stimulant le changement social. Car si plusieurs familles nécessitent des interventions en vue d’un changement personnel (l’acceptation de l’enfant, par exemple), d’autres auront besoin d’un soutien visant le changement à la source des problèmes, c’est-à-dire les conditions de vie opprimantes – maintenues, par exemple, à travers les structures organisationnelles ou les lois - qui affectent les jeunes et leur famille sur une base régulière. En effet, la famille des jeunes trans doit aussi faire face à des situations d’oppression (risques de rejet social et familial, de déni de reconnaissance civile, non-respect de l’identité à l’école, etc.), situations qui demandent souvent des réponses qui vont au-delà du changement personnel. Ainsi, il importe de repérer les obstacles sur les plans juridique, social et institutionnel qui nuisent à l’épanouissement des jeunes trans et de leur famille, et de tenter d’agir sur ces barrières sociales et structurelles.

Conclusion

Dans cet article, il a été question de l’expérience des jeunes trans, mais aussi de leur famille. À partir d’une discussion critique des écrits, il a été possible d’établir que les familles des jeunes trans vivent aussi des situations difficiles, même si ces situations sont différentes de celles vécues par les jeunes. Qu’il soit question d’anxiété, d’isolement, de situations de rejet et de conflit, ou des difficultés d’accès aux services, les recherches démontrent comment les difficultés se vivent sur plusieurs plans, de l’individu à la structure dans laquelle il vit et interagit. Ainsi, des interventions ayant pour cible l’individu, mais aussi la structure dans laquelle il évolue, sont nécessaires afin de créer des espaces plus inclusifs pour ces familles, mais aussi pour les jeunes trans. La prise de conscience professionnelle de ces enjeux, et le développement d’interventions visant à soutenir le jeune et sa famille constituent les interventions les plus prometteuses.