Éditorial

Maintenant qu’elle est bien découverte, la psychothérapie devrait être couverte ![Record]

  • Emmanuel Stip

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  • Emmanuel Stip
    Directeur

Cela fait cinquante ans que le gouvernement du Québec a institué la commission Castonguay-Nepveu. Celle-ci proposa, en 1967, la mise en place d’un régime d’assurance maladie complet et universel pour tous les résidents du Québec. Le 1er juillet 1968, la Loi sur les soins médicaux entra en vigueur. Le 13 juin 1969, c’est la création de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. La Direction de la santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a récemment confié à l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) le mandat de produire un avis sur l’accès équitable aux services de psychothérapie pour les adultes atteints de troubles anxieux ou dépressifs. Dans le rapport rédigé par Alvine Fansi, la psychothérapie semble aussi efficace que la pharmacothérapie chez les patients souffrant de troubles dépressifs ou de troubles anxieux modérés. Les bénéfices générés par la psychothérapie sont plus durables après la fin du traitement que ceux des médicaments psychotropes. Le rapport conclut qu’au regard de quelques limites méthodologiques, d’autres études plus approfondies demeurent nécessaires : (https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/PsychiatriePsychologie). Les résultats présentés dans ces rapports sont basés sur les données répertoriées dans la littérature jusqu’en 2013. Depuis lors, d’autres études ont été publiées. Malheureusement, le rapport ne contient pas à cette date l’excellent travail de l’équipe de notre collègue Stefan Leucht de Munich. Il s’agit d’une revue systématique et d’une macro méta-analyse comparant l’efficacité de la pharmacologie et de la psychothérapie auprès des populations adultes psychiatriques. Y sont inclus 61 méta-analyses et 21 désordres psychiatriques. La recherche contenait 852 essais cliniques et 137 126 participants. Les auteurs concluent : « Les tailles de l’effet des psychothérapies vs Placebo tendent à être plus larges que celle de la médication, mais les comparaisons directes, bien que basées d’habitude sur peu d’essais, n’ont pas révélé des différences fiables. » (Huhn et al., 2014). Une autre méta-analyse examinait très récemment l’efficience des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) à la suite d’une réponse positive à la pharmacothérapie d’un épisode dépressif. Treize essais cliniques furent analysés regroupant 1 410 patients (Guidi et al., 2015). Les patients qui recevaient la TCC pendant que la pharmacothérapie était diminuée et cessée étaient moins susceptibles de faire une rechute que ceux qui étaient assignés à recevoir un suivi médical seul pendant la diminution ou la prise continue de la médication. Le nombre de patients nécessaires à traiter (NNT : Number Needed to Treat) était de 5 pour le bras TCC – diminution/arrêt de médicaments, comparé à 10 pour le NNT du bras « continuer la médication ». Cette étude suggérait un net avantage pour l’option séquentielle TCC – cessation de la médication pour la prévention de la rechute dépressive. La plus récente des études, l’étude CoBAlT, a été conduite en essai randomisé sur 73 sites de pratique générale au Royaume-Uni pour une intervention TCC. À cette occasion, 248 patients qui demeuraient dépressifs après au moins 6 semaines de traitement antidépresseur ont complété l’étude. Les résultats sont sans équivoque : les bénéfices cliniques de l’intervention TCC sont nets et le bénéfice économique monte à 1 573 CAD par patient annuellement (Wyles, Thomas, Turner et al., 2016). C’est une très belle opportunité pour la revue Santé mentale d’accueillir un numéro spécial sur l’accès équitable aux psychothérapies au Québec. Il s’agit d’un éclairage francophone sur cette thématique organisée, comme le décrit très bien la présentation éditoriale des 4 auteurs responsables de ce projet, autour d’expériences, de revue de littérature, et de données probantes cliniques et économiques. Pour cela, nous avons eu le …

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