Abstracts
Résumé
Une écriture, c’est la communication d’un mouvement, d’un rythme, et non d’un savoir. C’est la transmission d’une expérience qui trouve une langue à ce qui échappe. L’écriture d’Artaud s’affronte précisément à cette interruption. Elle recueille cette suspension du sens, ce battement, ce spasme. Son pouvoir d’ébranlement réside dans cette syncope : Je n’ai jamais écrit que pour fixer et perpétuer la mémoire de ces coupures, de ces scissions, de ces ruptures, de ces chutes brusques et sans fond. L’œuvre est dérangeante, inquiétante, instable, inconfortable, d’une lecture dont on ne ressort pas indemne. Une lecture qui consiste à ne pas se saisir l’œuvre, s’en emparer ou se l’approprier, mais de se laisser travailler, dessaisir par elle. Mettre en scène cette parole dans l’espace, sur un plateau avec des acteurs, c’est se mettre à l’épreuve de ce dessaisissement, de ce dérobement.