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Ce sont les recoins de la vie ordinaire que les trois professeures et auteures de ces trente-six Chroniques insolentes nous incitent à revisiter pour y débusquer le sexisme latent. Les lieux visités sont variés, bien qu’ils appartiennent majoritairement à la culture de masse, allant des médias traditionnels (« Un écrivain, une écrivaine ») aux médias sociaux (« L’homme des tavernes 2.0 »), en passant par la consommation (« La vie sans rose ») et les espaces publics (« Politique du pipi »). Cet éclectisme permet aux auteures de toucher aux formes variées du sexisme dans la société québécoise actuelle, qu’il s’agisse du discours genré, qui renforce les clivages, de la disparité du traitement des hommes et des femmes ou de la sous-représentation de celles-ci.

Le ton de la chronique vient libérer le discours féministe de son carcan théorique, répondant à une volonté ouvertement affichée par les auteures de créer un pont avec une nouvelle génération : « Je veux contribuer à donner aux jeunes femmes la confiance qui leur manque encore, le regard critique dont elles ont besoin, les armes pour affronter le sexisme toujours vivace et devenir de plus en plus libres. » (Joubert, Boisclair, et Saint-Martin 2015, 150), déclare ainsi Lori Saint-Martin en conclusion du recueil.

Cette légèreté dans le ton peut cependant mener à quelques raccourcis, comme c’est souvent le cas, justement, dans les médias de masse. Par exemple, dans une chronique s’intéressant au scandale suscité par Le Cycle des femmes mis en scène par Wajdi Mouawad, il est mentionné que Bertrand Cantat est sorti de prison « après avoir purgé sa peine pour l’assassinat de sa conjointe Marie Trintignant » (Joubert, Boisclair, et Saint-Martin 2015, 73), alors qu’il a plutôt été reconnu coupable d’homicide, sans intention de tuer. Un détail, me direz-vous ?