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En septembre 2012 se tenait à Trois-Rivières le Grand forum de prévention du suicide organisé par l’Association québécoise de prévention du suicide. Un des thèmes de l’événement était « S’engager contre l’homophobie ». Comme collaborateurs et participants à l’événement, nous avons alors eu l’idée de consacrer un numéro de SERVICE SOCIAL à la thématique « Homophobie et suicide ».

Ce numéro s’ouvre avec quatre articles qui présentent des recherches particulièrement intéressantes, voire novatrices. L’étude qualitative menée par Élodie Charbonnier et Pierluigi Graziani montre à la fois le stress généré chez les jeunes par la révélation de leur homosexualité et le sentiment de libération de soi et de solidarité de ses proches qui en émerge, lequel sentiment pouvant s’avérer un facteur de protection. La recherche quantitative menée par Jean-Michel Pugnière auprès de 900 jeunes de 18 à 24 ans lui a permis de constater que 24 % des jeunes femmes et 16 % des garçons de son échantillon n’étaient pas exclusivement hétérosexuels, et étaient donc bisexuels, homosexuels ou en questionnement. Cette enquête montre notamment que les garçons et les filles ne souffrent pas de la même façon de la victimisation homophobe, quoique les deux groupes en ressentent des séquelles. Ce texte se termine par une description du travail en prévention amorcé par l’association française Contact, qui entend lutter contre l’homophobie et ses méfaits chez les jeunes. Le texte de Greta R. Bauer et de ses collègues porte sur un aspect méconnu et encore sous-documenté : le suicide chez les personnes transsexuelles ou transgenres. Le relativement vaste échantillon de son étude (plus de 400 personnes) et les inquiétantes conclusions qui en ressortent donnent beaucoup de poids aux recommandations de cette équipe. Enfin, l’article de Jean Dumas, qui fait état, à l’aide d’une recherche-action, de la qualité des services offerts aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles ou transgenres (LGBT), fait écho aux mêmes préoccupations : prendre en compte les réalités et besoins spécifiques des personnes LGBT.

Nous inaugurons dans ce numéro une section « Interventions », laquelle permettra de faire état de pratiques ou d’opinons susceptibles d’apporter de l’eau au moulin des réflexions générées par les articles à teneur scientifique qui précèdent. Les expériences respectives d’Isabelle Chollet, en France, de Bruno Laprade, au Québec, et de David Paternotte, en Belgique, sont à plus d’un titre intéressantes et stimulantes sur le plan intellectuel.

Enfin, deux articles hors thème complètent ce numéro. Puisqu’ils portent sur la construction de soi chez les adolescents et sur la construction de la masculinité, on comprendra qu’ils ne sont pas si éloignés de notre thème principal, raison pour laquelle nous les avons accueillis avec plaisir dans ce numéro.