Intervention

La prévention du suicide chez les jeunes LGBT accueillis au Refuge en France[Record]

  • Isabelle Chollet

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Psychologue depuis plusieurs années auprès de jeunes gays et lesbiennes dans une association qui les accueille lorsqu’ils ont été jetés à la rue ou lorsqu’ils sont victimes d’homophobie, je me suis intéressée à ce qu’ils pouvaient vivre et surtout à ce qu’ils pouvaient attendre des aidants gravitant autour d’eux. En 2009, lors de la rédaction de mon mémoire en Thérapie par le Jeu et la Créativité, j’ai souhaité réfléchir sur la façon d’aider des thérapeutes à accompagner des personnes pouvant trouver difficile d’assumer leur l’homosexualité difficile. La question du suicide y était évidemment abordée. Pour cela, j’ai réalisé un questionnaire qui devait donner une photographie de la situation, questionnaire qui a eu beaucoup de succès puisque 508 personnes ont accepté d’y répondre sur le site internet du Refuge. Devant un tel engouement, il ne m’était pas possible de traiter les résultats et j’ai sollicité Michel Dorais qui a bien voulu reprendre le projet qui a abouti en février 2012 à la parution de Être homo aujourd’hui enFrance (Édition H&O). Je précise juste que ce questionnaire proposait des questions ouvertes et fermées permettant de mettre au jour ce que je pouvais entendre régulièrement dans mon cabinet. Dans ma conférence à Trois-Rivières, j’ai dans une première partie présenté le public qui a répondu au questionnaire puis j’ai expliqué ce qu’est le Refuge en France et son activité, avant d’orienter mon propos plus précisément sur les accompagnements psychologiques et sur quelques suggestions quant à la question de la prévention du suicide. En guise de préambule, je tenais à donner la parole à des jeunes que j’ai pu accueillir dans mon cabinet pouvant me parler d’une manière ou d’une autre du suicide et du mal-être afin que vous puissiez évaluer la détresse et la violence des propos. Quelques mots autour du suicide… Pour tenter d’évaluer les besoins en termes thérapeutiques (car tel était mon objectif de départ), j’ai donc lancé cette enquête en 2009, à laquelle 508 personnes ont répondu, dont 72 % d’hommes et 28 % de femmes. Michel Dorais a pris le relais et coordonné la suite de l’enquête grâce à une subvention attribuée par l’Université Laval. Pour continuer sur le profil des répondants, 38 % avaient entre 15 et 24 ans, 26 % entre 25 et 34 ans et 36 % plus de 35 ans. L’âge médian était de 28,5 ans. Les personnes interrogées provenaient à 76 % de grandes villes et 28 % se déclaraient croyants. Ce que cette enquête a notamment révélé, c’est que l’on découvrait maintenant sa sexualité plus tôt, à 15 ans (plutôt qu’à 17 ans en 1984, date du « Rapport Gai »), alors que la révélation aux parents serait plus tardive, à 20-22 ans (plutôt qu’à 18-19 ans en 1984). On vivrait donc aujourd’hui cette réalité plus longtemps dans la solitude. Le coming-out par ailleurs serait un risque calculé, sélectif et successif (parents, famille, amis, collègues…). Ce travail de recherche montre notamment que la peur des autres reste très présente : l’homophobie serait vue comme responsable de la honte et de la peur de s’affirmer. Quant au sujet qui nous intéresse particulièrement, notons que 30 % des répondants disent avoir fait une tentative de suicide (environ 10 fois plus que la population générale). Pour enrayer ce fléau, pour comprendre et soutenir ces personnes souvent jeunes qui veulent mettre fin à leurs jours, une question leur a notamment été posée sur la communauté gay et le soutien qu’elles pouvaient en attendre. On s’aperçoit qu’à peine plus de 30 % des répondants ont fait ou font partie d’une association homosexuelle mais que le milieu gay ou …

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