Chronique

Les archives du vent (4)[Record]

  • Jacinthe Martel,
  • David Prince and
  • Isabelle Kirouac-Massicotte

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  • Jacinthe Martel
    Université du Québec à Montréal

  • avec la collaboration de
    David Prince
    Isabelle Kirouac-Massicotte
    Université d’Ottawa

Résolument placée sous le signe d’un réel enthousiasme partagé par les différents collaborateurs, la chronique « Les archives du vent », amorcée en 2008, a progressivement fait sourdre une certaine inquiétude ; en témoignent par exemple les remarques et les réserves formulées dans la parution précédente (hiver 2011) qui, je dois l’avouer, n’ont rien perdu de leur pertinence, bien au contraire. J’en rappellerai ici quelques-unes. Si les études et travaux réalisés par les chercheurs et les étudiants révèlent un véritable dynamisme, il reste que l’acquisition des fonds d’écrivains et le développement des collections par les deux principales institutions dont le mandat concerne l’acquisition, la conservation et la diffusion des archives d’écrivains, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Bibliothèque et Archives Canada (BAC), semblent être compromis. C’est également l’apport patrimonial et la mise en valeur des collections, auxquels contribuent les travaux de recherche, et en particulier les publications de documents d’archives, qui pourraient être remis en question. Les compressions auxquelles sont actuellement soumises BAC ont déclenché un mouvement de contestation, dont on mesure encore mal l’impact qu’il aura sur les décideurs, et ainsi eu pour effet la mise en suspens des acquisitions et la suppression de plusieurs postes d’archivistes. Cela nuira non seulement à la qualité du travail lié au traitement et à la gestion des fonds mais également à leur consultation et à leur exploitation. Seul l’archiviste peut réduire efficacement l’écart plus ou moins grand qui sépare le chercheur de l’archive. Sans être aussi grave peut-être, la situation est toutefois fort inquiétante en ce qui a trait à l’acquisition des fonds par BAnQ. C’est du moins ce que révèlent les listes d’« acquisitions significatives » publiées depuis quelques années sur le site de l’institution. Mais c’est aussi l’accès aux archives et en particulier la mise au point d’inventaires descriptifs, notamment pour les fonds déjà acquis, qui semblent être remis en question ; je pense en particulier, encore une fois, au très beau fonds du poète Alain Grandbois dont l’inventaire ne sera sans doute jamais achevé, confinant ainsi la recherche à de trop lentes (voire improbables) avancées. La méconnaissance des fonds et la description souvent partielle et peu fiable des documents mettent en péril le travail de recherche ; or cela ne contrevient-il pas au mandat de BAnQ ? En privilégiant les expositions, qui ont pourtant le grand mérite d’ouvrir les portes de l’atelier de quelques écrivains au grand public, l’institution met l’accent sur le provisoire et le spectaculaire au détriment de l’acquisition et du traitement du plus grand nombre possible de fonds. Il reste à espérer que des acquisitions comme celle des carnets de Clémence Desrochers, numérisés en totalité par BAnQ, ainsi que celle du fonds Gatien Lapointe (Centre d’archives de Trois-Rivières), qui était jusque-là conservé par la Fondation des Forges, ne sont pas que des gestes ponctuels. La notion de patrimoine repose sur le long terme ou sur l’élaboration de véritables stratégies en matière d’archives ; il en va de même pour les travaux des chercheurs qui exigent souvent un investissement de temps considérable. « Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire », disait Foucault ; appliquée aux archives des écrivains et à la recherche, cette formule permet de rappeler qu’elles donnent accès à l’histoire et à la mémoire de l’écriture et des oeuvres. Les différents volets de cette quatrième chronique témoignent largement de la vitalité des recherches portant sur les archives des écrivains. Ainsi, les « Fiches signalétiques » proposent les résumés de deux mémoires de maîtrise présentant une réflexion rigoureuse sur les carnets de deux auteurs québécois. David Prince étudie …

Appendices