Abstracts
Résumé
Lire en latin La guerre civile de César puis rendre compte du sens de cette lecture en restituant le texte originel sous la forme d’un texte rédigé en langue française, tel est le pensum infligé au collégien que mettent en scène Histoire (1967) et La bataille de Pharsale (1969). Pourtant, cet ouvrage fut pour Claude Simon une première approche de l’événement central que constitua dans son existence sa participation à la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, complétant cette lecture par celle de La guerre civile (La Pharsale) de Lucain, il put éprouver la tension qu’implique la transposition dans le domaine romanesque de la technique cubiste qui s’attache à rendre compte des différents points de vue d’un objet sur une même image. Pharsale, lieu historique où se joua autrefois le destin du monde, lieu géographique aujourd’hui abandonné de tous, constitue l’un de ces mots-carrefours, l’un de ces mots qui « en suscitent plusieurs autres » qu’évoque le romancier dans sa préface à Orion aveugle (1970). Pharsale, érigé en matrice de l’écriture scripturale, révèle selon quelles modalités l’écriture contrainte peut ouvrir l’accès aux sentiers de la création, d’une création qui confère aux mots leur entière liberté, leur inaliénable autonomie. Pharsale devenu en somme la clé d’une parole qui restitue à la langue romanesque sa légitimité.
Abstract
To read Caesar’s Civil War in Latin and then translate this text into French is the pensum inflicted on the schoolboy presented in Story (1967) and The Battle of Pharsalus (1969). For Claude Simon, however, this work was a first approach to the central event of his existence: his participation in the Second World War. Going on to supplement this reading with that of Lucian’s The Civil War (The Pharsalus), he could feel the tension involved in transposing the cubist technique—focused on examining an object from many different angles—to the area of fiction. Pharsalus, a historic site where the fate of the world once played out, a geographic site now wholly abandoned, is one of those crossroads-words that “call forth many others”, words the novelist evokes in his preface to Blind Orion (1970). Pharsalus, held up as a matrix of scripture writing, reveals the ways that restrictive writing can open access to the paths of creation, of a creation that confers upon words their full freedom, their unalienable autonomy. In short, Pharsalus becomes the key of a discourse that restores to the language of fiction its legitimacy.