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Le présent dossier est l’occasion de souligner un double anniversaire : les 40 ans de la fondation de la revue Tangence et la parution de son 125e numéro. En effet, c’est en avril 1981 que la revue, qui à l’origine avait pour titre Urgences, a publié son premier numéro. Il va sans dire que Tangence a connu certaines transformations au cours des années, ce qui est perceptible aussi bien dans le changement de titre de la revue que dans son mandat. Ainsi que le remarquent Claude La Charité (ancien directeur) et Marie Lise Laquerre (secrétaire de rédaction) :

C’est dans la définition même de son mandat que l’on perçoit le plus clairement cette évolution : d’abord revue régionale de création, Urgences devint une revue universitaire culturelle faisant coexister dans ses pages création et analyse, puis une revue savante d’envergure internationale, vouée exclusivement à la diffusion de la recherche universitaire en études littéraires et fondée sur le principe de l’évaluation par les pairs[1].

Pour mémoire, rappelons que la revue a d’abord été rattachée au Regroupement des auteurs de l’Est du Québec, dont elle se faisait la porte-parole, et que ses douze premiers numéros, placés « sous le signe de l’“urgence de dire”[2] », étaient consacrés à la création littéraire. Puis, à partir de 1986, la revue est rattachée au Département de lettres de l’Université du Québec à Rimouski. Forte de ce changement institutionnel, la revue élargit alors son mandat en intégrant l’analyse littéraire à la création. L’année 1992 marque une étape importante dans la métamorphose de la revue qui est rebaptisée Tangence et qui se consacre désormais exclusivement à l’analyse littéraire, devenant ainsi une revue universitaire culturelle. Puis, au tournant de l’an 2000, le Département de lettres et communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières se joint à l’équipe de direction, dans la foulée de la création d’un nouveau programme conjoint de doctorat en lettres entre trois constituantes du réseau des Universités du Québec (UQTR, UQAR, UQAC). Tangence est alors une revue savante vouée à la diffusion internationale de la recherche universitaire en études littéraires, subventionnée au fil des ans par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

Par ailleurs, dès 2002, la revue opte pour une double diffusion, papier et numérique, grâce au portail Érudit. L’ensemble des numéros de la revue est disponible avec libre accès différé par une barrière mobile de 12 mois. Le virage numérique s’est accéléré ces dernières années. En 2017, nous avons procédé à la modernisation de l’image de Tangence grâce à la création d’un nouveau site web (https://tangence.uqar.ca), d’un nouveau logo et, en 2020, d’une nouvelle maquette. Nous avons de plus intégré le portail français de revues savantes en lettres, sciences humaines et sociales, OpenEdition Journals (anciennement revues.org). La connexion de notre site à divers réseaux sociaux comme Facebook et Youtube est en marche et a mené à la création de notre page Facebook, qui permet à notre équipe, à nos auteurs et à nos abonnés, ainsi qu’à ceux et celles qui les suivent, de partager rapidement le contenu de la revue et d’y réagir, qu’il s’agisse de la parution de nouvelles liées à nos auteurs, de la parution récente d’un dossier, d’un article, etc.

Tout comme son nom l’indique, la revue se propose d’interroger la littérature à la tangence des autres savoirs. Plusieurs dossiers parus au fil des ans témoignent de cette exigence d’interdisciplinarité comme axe fondateur de la revue. En effet, chacun de ces dossiers résulte d’une collaboration étroite entre chercheurs de différents pays et différentes institutions que rapprochent un sujet commun, mais décliné selon une palette originale de points de vue et d’approches. Des écritures à lire (no 35, 1992) est consacré aux rapports entre Bible et littérature, le numéro 68 jette des passerelles entre deux disciplines a priori fort éloignées : les mathématiques et les études littéraires, tandis que le numéro 70 est consacré à La science des écrivains. Images de l’Amérindien au Canada francophone : littérature et image (no 85, 2007) soulève « les enjeux rattachés à la représentation de la figure de l’Amérindien dans la littérature et les médias au Canada français[3] », alors que Les femmes et le pouvoir dans la littérature du xixe siècle (no 94, 2010) se « propose d’interroger les rapports du personnage féminin avec les différentes institutions qui structurent autant la société que l’univers romanesque[4] ». Plus récemment, Engagement du spectateur et théâtre contemporain (no 108, 2015) envisage la notion de l’engagement du spectateur à partir d’horizons aussi divers que l’architecture, la danse, la littérature, le théâtre et la philosophie ; Expériences de lecteurs. La réception d’auteurs antiques à la croisée de l’histoire et de la littérature (n° 116, 2018) étudie la réception des auteurs antiques entre littérature et histoire depuis l’Antiquité jusqu’à la période contemporaine ; quant au numéro 119, il « est né d’un désir de comprendre comment le syntagme “fille-s” se décline dans l’imaginaire littéraire contemporain au Québec à travers les articulations culturelles, esthétiques et politiques de la fille ou des filles mises en oeuvre dans la littérature depuis la fin des années 1980[5] ». La relation entre texte et image est au coeur des numéros 122 et 124, alors que le premier est consacré aux collections de monographies illustrées et que les auteurs du second observent comment les écrivains de l’entre-deux-guerres s’appropriaient les images, qu’elles proviennent de la photographie, du cinéma ou de la scène.

Puisque la revue se spécialise dans les liens unissant la littérature et les autres savoirs, il nous semblait tout indiqué d’intituler ce dossier « Publier à la tangence de la littérature, des arts et des sciences ». Ce titre, emblématique et programmatique, rend compte de la politique éditoriale de la revue et de sa mission qui est de servir d’interface entre des domaines de recherche trop souvent dissociés. En cela, nous demeurons fidèles à l’idéal qu’exprimaient les membres du comité de direction de la revue en 2006, puisque dans le liminaire du numéro spécial 25e anniversaire, ils présentaient le dossier en ces termes :

[L]’ensemble des textes qui suit esquisse un portrait assez fidèle de la revue, en particulier de la revue savante qu’elle est devenue, avec son parti pris pour une perspective décloisonnée tant sur le plan national (de la République des Lettres européenne aux littératures francophones transculturelles), sur le plan diachronique […] que sur le plan disciplinaire (la plupart des études se situant au point de rencontre, tangentiel, de différents savoirs)[6].

C’est en gardant à l’esprit ce souci d’ouverture aux autres disciplines que nous avons conçu le présent numéro. Pour ce faire, nous avons rassemblé des contributions de chercheurs et de chercheuses en lettres au sens large et nous avons fait appel tant à des universitaires au faîte ou au mitan de leur carrière qu’à d’intrépides jeunes intellectuels avides d’ouvrir de nouvelles avenues à la recherche en littérature. Ces hommes et ces femmes proviennent des deux côtés de l’Atlantique, étudient des corpus variés, recourent à des approches théoriques et à des cadres méthodologiques diversifiés, mais surtout ils ou elles croisent un ou plusieurs savoirs de manière originale. De telles tangences les amènent souvent à réinventer l’usage des études littéraires et les objets qu’il est possible de scruter grâce à ses méthodes, qui elles-mêmes se renouvellent des emprunts que les chercheuses et les chercheurs font à d’autres champs du savoir. D’ailleurs, cet écart plus ou moins marqué entre les études littéraires et d’autres disciplines nous a incités à découper ce numéro anniversaire en trois parties distinctes (sciences exactes et sciences du vivant, humanités et médias, arts) en commençant par les disciplines réputées les plus éloignées de la littérature et en terminant par celles avec lesquelles les lettres sont censées entretenir des liens plus étroits, mais dont la matérialité tranche parfois tellement avec l’objet littéraire que cette proximité ne peut être que métaphorique. Tel est d’ailleurs le cas des arts que nous avons retenus pour ce dossier et auxquels nous reviendrons quand nous présenterons cette section.

L’article qui inaugure ce dossier et la section « sciences exactes et sciences du vivant » se situe à l’intersection de la littérature et des mathématiques. Dominique Raymond veut jeter des ponts entre les deux disciplines en s’attachant au genre de la math-fiction qu’elle propose de définir à l’aide de marqueurs comme des références significatives aux mathématiques dans ces récits par le biais du paratexte ou à l’intérieur du texte. Selon elle, deux tendances principales coexistent dans la math-fiction, l’une qui en fait une « entreprise de démystification » et l’autre, qui « se sert de ce mystère comme moyen pour produire des situations complexes, énigmatiques ». Myriam Marcil-Bergeron se tourne quant à elle vers les sciences du vivant, scrute les discours de la biologie marine et y découvre un emploi fervent des topoï littéraires sous le vernis de scientificité dont se parent deux ouvrages de vulgarisation consacrés à l’exploration des océans. En fouillant quel imaginaire des mers s’élabore dans ces discours, elle fait voir que les frontières sont plus poreuses qu’on aurait pu le penser entre la science et la littérature et que les deux recourent aux effets stylistiques et à la mythologie pour raconter et convaincre.

Le parcours de Rachel Bouvet montre comment une chercheuse en études littéraires en vient à s’intéresser à la botanique par le détour de la géopoétique. C’est d’ailleurs la prédilection pour le terrain qui anime cette école théorique qui l’a conduite à emprunter cette voie grâce à laquelle elle entreprend d’investiguer la « relation dynamique avec l’univers végétal » qui se noue dans « une soixantaine de récits écrits en français depuis les années 1980 ». La « lecture botanique d’un texte littéraire » l’amène à tenir compte de la spatialité, de la vie animale et à « refuser la posture anthropocentrique », ce par quoi l’approche transdisciplinaire, où se rencontrent les sciences de la terre et les sciences humaines, qu’elle privilégie rejoint aussi l’écocritique. Pour sa part, Pierre-Louis Patoine emprunte aux sciences du vivant deux concepts féconds, ceux d’entrelacement stochastique et d’image corporelle, pour analyser un roman d’anticipation américain. Patoine prend appui sur le fait qu’High-Rise de J. G. Ballard explore la relation de l’homme avec la technologie pour naviguer entre littérature, architecture et sciences cognitives. Il voit dans ce roman une méditation de l’auteur sur l’homme postmoderne appelé « à cheminer vers une forme de vie néo-primitive, marquée par le réagencement sensoriel et comportemental ». D’où justement le bien-fondé de la lecture techno-esthétique que Patoine propose de ce récit. Pour clore cette partie qui fait la part belle aux sciences du vivant, l’article de Daniel Laforest rappelle les principaux jalons historiques unissant littérature et médecine, tout en posant l’hypothèse que les études littéraires et les humanités médicales sont loin de partager la même conception de la santé et du corps. Essentiels aux humanités médicales demeure selon lui « le rapport tripartite entre la santé, l’identité narrative et l’intégrité du corps ». Il est cependant d’avis que les chercheurs en études littéraires peuvent contribuer à nuancer la conception que se font les tenants des humanités médicales de ce rapport en insistant sur la pluralité « des histoires contenues dans notre corps biomédicalisé » et sur le fait que le retour à l’équilibre promis par l’intervention médicale n’est pas toujours complet ni même possible aux yeux du sujet qui passe sous le bistouri.

La section suivante, dédiée aux humanités et aux médias, comporte des réflexions qui touchent aussi bien la philosophie, le droit et les humanités numériques que des études sur les liens entre la littérature et des supports précis, comme la presse écrite et la radio. D’entrée de jeu, Christophe Martin cherche « à saisir les modalités énonciatives, ainsi que les visées poétiques et philosophiques » des expériences de pensée incluses dans divers textes littéraires au siècle des Lumières. À partir d’exemples tirés de Montesquieu, Diderot, Fontenelle et Rousseau, il brosse un panorama de ce procédé qu’il classe en trois déclinaisons principales selon que ces expériences de pensée sont principalement empathiques, exploratrices ou qu’elles jouent avec des possibles temporels passés et à venir. Au terme de cette exploration des liens entre philosophie et littérature, Martin en vient à la conclusion que Rousseau « propose peut-être les expériences de pensée les plus fascinantes », car il les leste « de tout le poids de l’histoire et de toutes les attentes du devenir ». De son côté, Christine Baron part du mouvement « droit et littérature », qui est né aux États-Unis avant d’essaimer en Europe, pour faire un survol des liens entre ces deux champs du savoir. Elle mentionne plusieurs étapes de cette relation, tels l’usage de certains récits pour former les étudiantes et les étudiants en droit, les effets du droit sur certaines oeuvres par le biais de la censure ou du droit d’auteur ou encore les répercussions de la littérature sur l’évolution du droit par l’entremise de la mise en récit des démêlés de certains individus avec la justice par nombre d’auteurs. Baron insinue qu’il est peut-être possible de considérer le droit comme une forme de littérature, d’autant que le droit s’est toujours inséré dans la production littéraire jusqu’à mener à des oeuvres que l’on désigne aujourd’hui sous l’appellation de « jurisfiction ».

L’étude littéraire des discours médiatiques fournit également un apport substantiel à ce dossier. Anne Mathieu montre ainsi comment la presse française de gauche, entre 1936 et 1939, a contribué à forger une vision contrastée des femmes espagnoles durant la guerre civile qui a frappé ce pays. Dans les périodiques qu’elle étudie, les textes oscillent entre une vision quotidienne, maternelle et héroïque de ces femmes, les journalistes de ces revues jouant un rôle primordial pour rapporter ce qui se passait en Espagne à cette époque. Dans un tout autre ordre d’idée, Caroline Loranger se penche sur l’étude des oeuvres littéraires adaptées et créées pour la radio et se demande si l’on peut se limiter à en étudier le texte sans prendre en considération la dimension sonore. De même, se distancie-t-elle d’une conception théâtrale de l’oeuvre radiophonique, puisque la dimension visuelle est absente. Issu d’une comparaison entre les perspectives québécoises et européennes sur les relations entre radio et littérature, le regard critique porté par Loranger invite à considérer à la fois ce que les outils théoriques et les méthodes littéraires peuvent apporter à l’étude des fictions radiophoniques, tout en tenant compte de leurs limites dès lors qu’elles négligent de se mettre à l’écoute de ces oeuvres s’adressant à l’oreille.

Ancrant sa réflexion dans les humanités numériques, Jean-Marc Larrue constate que la multiplication des données et de notre capacité de stockage a non seulement bouleversé profondément le rapport de l’ensemble des sciences humaines aux archives, mais tout particulièrement en ce qui concerne le patrimoine immatériel, de telle sorte que « l’archive [s’avère aujourd’hui enfouie] sous une masse (numérique) informe où elle se trouve mêlée à des résidus de toutes sortes ». La solution de ce qu’il appelle une « hypermnésie amnésique » réside selon lui dans la nécessité de trier et de recycler l’information collectée sous forme digitale par divers chercheurs et chercheuses, puisqu’une grande partie de ce qui est archivé est gaspillé, car ces données deviennent rapidement inaccessibles. Pour Larrue, « procéder à leur “post-archivage” […] consiste à assurer l[a] pérennité et à […] rendre interopérables » les contenus des maintes banques de données pour qu’elles soient à nouveau mobilisables par des chercheurs et des chercheuses issus d’approches et de disciplines variées.

La dernière partie de ce dossier est consacrée aux relations entre les discours artistiques et littéraires. Il revient à Philippe Ortel, qui propose une approche média-littéraire, de l’amorcer. En effet, même si l’auteur s’abreuve aux théories de la communication et aux études littéraires, il s’efforce surtout dans son article de classer les différents arts mimétiques selon les régimes esthétiques distincts (représentation, fiction, figuration et performance) auxquels ils font appel. Son approche transdisciplinaire et sa manière de ramener un ensemble de pratiques à une notion centrale qui caractérise son organisation technique, sa relation avec son public et sa fonction symbolique permettent de tisser des liens entre des manifestations artistiques voisines, dont il donne à penser qu’elles empruntent toutes, dans une certaine mesure, les unes aux autres. Il termine son article par un tableau récapitulatif qui non seulement synthétise sa pensée mais autorise à comparer les productions de diverses formes d’art entre elles. Martine Créac’h se consacre quant à elle aux relations entre la littérature et la peinture en convoquant tant l’histoire de l’art que les études littéraires. Elle montre comment la peinture ancienne peut devenir en quelque sorte un objet de transfert pour que des écrivains (Claude Simon, Michel Leiris, André du Bouchet) puissent parler de catastrophes plus récentes que celles de l’époque des tableaux qui sont cités. Selon elle, ce détour par la peinture mise sur deux écarts permettant à ces écrivains de « s’affranchir du récit » : le premier cas joue sur la distance entre le lieu de la peinture et celui de l’écriture et le second sur l’espacement entre le passé et le présent, appelés à résonner l’un dans l’autre.

Grâce à l’analyse olfactive qu’il propose d’oeuvres du xviie au xixe siècle où sont dépeints des fromages, Frédéric Charbonneau aborde la problématique très originale de « la réversibilité du goût et du dégoût, de l’attrait et de la répugnance en fonction de la concentration [de l’odeur émanant] de l’objet ». En outre, son article sur les « délices de la puanteur » attire l’attention sur un corpus peu étudié, tout en mariant littérature, art de la table et chimie. Ce faisant, il célèbre les pouvoirs de la littérature qui, en en appelant aux sens du lecteur, parvient tout aussi bien à le faire jouir d’odeurs agréables que nauséabondes. Cet appel des sens, Frédéric Sounac le souligne lui aussi en retraçant l’importance de la référence musicale dans la pratique et la théorie du roman de la fin du xviiie siècle jusqu’au roman contemporain. Il distingue entre trois types d’oeuvres romanesques (logogène, mélogène et méloforme) où se manifeste cette influence de la composition musicale. Il observe de plus que la littérature européenne est passée d’un modèle axé sur l’idéalité musicale à des textes où la musique est un référent privilégié mais sans vocation totalisante, puis à une réhabilitation et renaissance de cette référence musicale qui structure le roman dans sa totalité lors des toutes dernières années du xxe siècle. Cette troisième partie et ce dossier se terminent sur une question très actuelle, à savoir la lutte que mènent plusieurs artistes et intellectuels ou intellectuelles pour la décolonisation de la danse en France. Lucille Toth montre dans son article le rôle à la fois des discours des danseurs et des danseuses et des penseures et des penseurs dans cette lutte, mais aussi celui crucial de l’esthétique de la house dans la volonté de ce mouvement de changer le paysage français de la danse. Selon elle, la house « désobéit à une hiérarchie chorégraphique bien établie qui renforce toujours plus un fantasme d’uniformité républicaine ». Elle cite à l’appui de ses propos Leïla Cukierman qui se demande quel danger au juste représente le fait de voir figurer « le refoulé colonial sur les scènes de théâtre ». Dans la tradition des cultural studies et des études postcoloniales, Toth souligne donc l’imbrication du politique et de l’esthétique dans ce débat qui fait toujours rage en France et qui oppose « antiracistes et universalistes ». C’est donc à une véritable exploration des interconnexions entre littérature, arts, médias, humanités et sciences que ce dossier convie lecteurs et lectrices.

En terminant, qu’il nous soit permis de souligner à quel point la publication d’une revue, tout comme la recherche universitaire d’ailleurs, est un travail d’équipe. Un très grand nombre d’étapes séparent en effet l’amorce d’une recherche et le moment où ses résultats seront diffusés et parviendront jusqu’aux lectrices et aux lecteurs. Aussi tenons-nous à exprimer toute notre reconnaissance à nos collaborateurs et collaboratrices pour la confiance qu’ils nous ont accordée en nous soumettant leurs articles ou leurs dossiers. De même, nous remercions nos évaluateurs et évaluatrices pour leur générosité intellectuelle. La qualité des textes publiés doit énormément à leur lecture rigoureuse. Notre plus vive gratitude va aux membres du Comité de direction et aux membres du Comité de rédaction qui se sont succédés au fil du temps. Nous leur sommes redevables pour leur contribution indéniable à la revue Tangence. Nous ne saurions trop remercier nos secrétaires de rédaction pour leur dévouement et leur travail minutieux, et en particulier Marie Lise Laquerre et Nelson Guilbert, ainsi que notre traductrice Eugenia Drolet, qui font partie de notre équipe depuis de nombreuses années. Tout le travail intellectuel nécessaire à la production d’une revue ne doit pas faire oublier sa matérialité et le temps requis pour sa confection, sa distribution et sa promotion. Nous remercions donc tous ceux et celles qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à la production de la revue Tangence et à l’élaboration de son image au fil des ans, mais particulièrement Régis Normandeau à la mise en page et notre imprimeur, qui nous accompagnent depuis très longtemps. Outre le travail acharné des membres de son équipe, deux autres raisons ont permis à notre revue de durer et d’afficher le bilan reluisant qu’on lui reconnaît. La première, c’est que, depuis vingt ans, Tangence a pu régulièrement bénéficier de l’appui des fonds et conseils qui financent les revues savantes au Québec et au Canada ; la seconde, c’est que nous avons pu compter sur un bassin de lecteurs et de lectrices fidèles qui proviennent de tous les continents et qui lisent désormais majoritairement la revue en ligne par le biais des deux grands portails qui nous accueillent et ce, même si nous continuons de servir ceux et celles qui désirent toujours recevoir l’édition papier. Le soutien de notre lectorat, qui ne s’est jamais démenti au cours des quarante dernières années, est ce qui nous pousse à maintenir la tradition d’interdisciplinarité, de trans-sécularité et de transnationalité que nous chérissons. Aussi lui offrons-nous ce numéro spécial qui incarne parfaitement, croyons-nous, notre désir d’une recherche en littérature qui se situe « à la tangence des arts et des sciences ».