Chroniques

Pour en lire plus : Le tourisme métropolitain. Boualem Kadri et Danielle Pilette, Le tourisme métropolitain renouvelé , Québec, Presses de l’Université du Québec, 2017, 178 p. renouvelé[Record]

  • Jérémy Diaz

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  • Jérémy Diaz
    Doctorant en études urbaines, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal

Boualem Kadri est professeur au Département d’études urbaines et touristique de l’Université du Québec à Montréal. Ses intérêts de recherche se concentrent sur le tourisme urbain, les métropoles arabes de la Méditerranée ainsi que l’épistémologie de la recherche en tourisme. Danielle Pilette est professeure associée au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de la même université. Ses domaines d’expertise sont la gestion municipale et métropolitaine, les finances et la fiscalité municipales, et la gouvernance des organisations territoriales. Ces deux auteurs ont conjointement publié en 2005 le livre Le tourisme métropolitain : Le cas de Montréal (Québec, Presses de l’Université du Québec), dans lequel ils analysent le tourisme métropolitain comme stratégie de requalification des territoires centraux des métropoles nord-américaines. Douze ans plus tard, Le tourisme métropolitain renouvelé s’intéresse à la façon dont la multiplication des métropoles concourt à la mise en tourisme des territoires. Les liens entre ville et tourisme sont anciens, mais la récente extension du domaine des métropoles force la (re)construction des territoires métropolitains. Afin de saisir la complexité de ce mouvement d’ampleur, le tourisme métropolitain sert de révélateur des mutations capitalistes, des transformations urbaines, des innovations sociales et technologiques ou encore de l’état de la vie démocratique, mais sert également d’objet de construction de la gouvernance métropolitaine pour répondre aux défis auxquels l’accroissement des métropoles fait face. Le premier chapitre constate l’insuffisant outillage conceptuel dont disposent les études urbaines et touristiques pour prendre toute la mesure de l’intensification du tourisme métropolitain. Trois transformations l’expliquent : la ville postmoderne n’est plus homogène, mais diverse tant dans ses représentations que dans la matérialité de son environnement urbain ; le tourisme urbain s’est fragmenté afin de s’adapter à cette nouvelle complexité ; le tourisme urbain est devenu un vecteur de la globalisation économique. En dépit de l’ampleur du phénomène, la recherche en tourisme urbain chemine. Trois raisons sont détaillées : le statut scientifique mineur du tourisme ; la perception réductrice du tourisme urbain dans l’économie urbaine ; le flou et la complexité qui entoure le concept de tourisme urbain. Ce chapitre se clôt sur les quinze principales problématiques scientifiques auxquelles font face les chercheurs francophones. Devant la nécessité d’un tel renouvellement théorique, le second chapitre revient sur la popularité que suscite l’expression mise en tourisme dans la communauté scientifique. Bien qu’il n’existe pas de définition unanimement partagée, l’intérêt conceptuel et opérationnel de l’expression tiendrait dans sa capacité à saisir l’« activité de transformation touristique d’un lieu » (p. 46). Plusieurs notions rendent compte de la transformation touristique d’un territoire, telles que la touristicité (potentiel attractif d’un lieu), la touristification (mise en marché d’un lieu) ou la tourismification (production de l’espace touristique). Néanmoins, seule l’expression mise en tourisme a la faveur des auteurs pour englober l’ensemble des processus à l’œuvre. Ces derniers proposent un modèle de mise en tourisme d’un territoire en quatre temps : la représentation (visions artistique, politique et stratégique) ; la réalisation (économie, aménagement et commercialisation) ; la régulation (processus d’organisation, gouvernance) ; et la résilience (observation des résultats, coordination). Les facteurs de réussite et d’échec de la transformation touristique d’un lieu terminent le chapitre. Dans la continuité d’un travail de clarification de concepts stratégiques, le troisième chapitre tente de caractériser le phénomène de la métropolisation, défini comme « un mode d’organisation économique dans un contexte de mondialisation » (p. 75), sous les angles de la taille des métropoles, des caractéristiques démographiques, des activités économiques et industrielles, de la fiscalité, des migrations, de la sécurité et de la vie démocratique. Sur le débat de l’extraterritorialité des métropoles, territoires hautement stratégiques de la mondialisation, les auteurs, comme d’autres avant …