Chroniques

Pour en lire plus : Touristes et habitants. Conflits, complémentarités et arrangements. Marie Delaplace et Gwendal Simon, Touristes et habitants. Conflits, complémentarités et arrangements , Gollion (CH), Infolio, coll. « Archigraphy Poche », 2017, 176 p. [Record]

  • Adriana Huerta-Nunez

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  • Adriana Huerta-Nunez
    Doctorante en études urbaines, Université du Québec à Montréal ; huerta_nunez.adriana@courrier.uqam.ca

Dans Touristes et habitants. Conflits, complémentarités et arrangements, Marie Delaplace et Gwendal Simon nous offrent un regard complexe sur les enjeux liés aux rapports entre touristes et habitants dans un même espace. Cet ouvrage, proposé par le Laboratoire d’excellence futurs urbains (LABEX) et publié en 2017, est composé de deux textes rédigés par chacune des auteures. Celles-ci proposent une lecture disciplinaire distincte à travers une lecture économique et sociologique d’une même problématique. Ainsi, les deux perspectives distinctes et complémentaires scrutent les effets du développement touristique sur deux grands types d’acteurs. Dans les deux contributions, l’accent est mis sur les points de convergence et de divergence entre une population résidente et un groupe de personnes qui séjournent temporairement au même endroit. Une vue générale et contemporaine de cette problématique est ainsi présentée dans le contexte particulier d’un pays développé, puisque les deux textes s’intéressent au cas de la France. La mise en tourisme d’un territoire entraîne des changements sur celui-ci, souvent au profit de personnes externes à la communauté locale. Ce type de transformations accentue des enjeux liés aux relations de proximité et à l’altération des usages de l’espace. Les problèmes associés aux dynamiques résidentielles et à l’apparition d’antagonismes entre la population locale et les visiteurs en sont de bons exemples. Partant de ce fait, l’étude des rapports entre ceux qui restent et ceux qui passent a longtemps donné aux conflits une place dominante. Dans cet ouvrage, cette problématique a été l’objet d’une analyse plus étendue, qui se focalise sur les relations de coprésence sur le territoire (p. 89). Cette approche permet de définir et d’identifier l’interdépendance entre les multiples acteurs, les rapports du pouvoir et les tensions déclenchées par les usages distincts de l’espace. Toutefois, selon le point de vue économique énoncé par les auteures, le partage du territoire entre touristes et habitants n’engendre pas nécessairement des conflits. Ainsi, des bénéfices pour les habitants surviennent quand leurs activités sont complémentaires aux activités touristiques, et particulièrement quand la population locale est responsable de la mise en tourisme de son territoire (p. 33). Toujours depuis une perspective économique, Marie Delaplace se penche sur les points de confluence entre les activités touristiques et les dynamiques locales des habitants. Cette première partie de l’ouvrage synthétise les éléments principaux de l’analyse économique du tourisme, en utilisant ce fil conducteur qui permet la schématisation des idées et la compréhension des enjeux. Cette étude est organisée autour de trois aspects qui confrontent la vie locale au moment de partager l’espace avec les touristes : le développement d’activités productives, l’habitat et le transport. Les effets positifs et négatifs dépassent donc la seule sphère économique. Parmi les exemples explorés par Delaplace, on trouve des éléments comme la valorisation touristique et patrimoniale des savoir-faire, du passé industriel et de certaines activités telle la production de vins. Ces actions permettent leur préservation lorsqu’ils deviennent des attraits touristiques (p. 37). Cependant, les effets négatifs semblent plus évidents lorsque la logique économique domine. C’est le cas, par exemple, des marchés foncier et immobilier. Dans ce contexte, certains conflits entre résidents et touristes surviennent puisque « la forte demande génère en effet une élévation des prix immobiliers dans les territoires touristiques » (p. 49), de telle sorte que les résidents font face à des difficultés au moment de trouver un logement. Néanmoins, l’auteure ne s’attarde pas à analyser tous les effets négatifs des dynamiques immobilières associées au tourisme. Elle porte plutôt attention aux externalités positives liées au marché de location de « particulier à particulier » (p. 56). Autrement dit, elle souligne les bénéfices économiques pour les résidents qui louent leur(s) propriété(s) par …