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Est-il besoin de présenter Paul Bensimon? Professeur émérite, auteur de l’Anthologie bilingue de la poésie anglaise, traducteur de Wilde et de Byron, il se trouve que Bensimon s’apprête aujourd’hui à franchir le seuil de la retraite. D’aucuns voudront l’envier alors que d’autres ont senti le besoin de lui rendre hommage. C’est donc à cette occasion que des collègues et proches collaborateurs entreprennent de publier dans Palimpsestes une série d’articles scientifiques, d’études théoriques et de créations littéraires, de véritables mélanges, dans tous les sens du terme (miscellanées ou Festschrift), en reconnaissance de la contribution du fondateur de Palimpsestes et directeur du Centre de recherche en traduction et communication transculturelle anglais-français/français-anglais (TRACT).

Partant d’un bon mot de Bensimon, en sous-titre de l’ouvrage, les auteurs témoignent de leur admiration et de leur affection pour ce traductologue en lui présentant une vingtaine de morceaux choisis, inspirés de travaux fondés sur la traduction poétique et la création littéraire. Allant des considérations théoriques jusqu’aux études appliquées, l’ouvrage-hommage est divisé en trois parties, la première (Perspectives) étant consacrée aux considérations théoriques et la troisième (Éclairages), aux études de cas, les deux étant séparées par un Interlude littéraire, qui constitue la deuxième partie du recueil. Cette triple perspective s’inscrit dans le droit fil des orientations de la carrière de Bensimon et de la trajectoire que ce dernier a souhaité donner à Palimpsestes dès l’introduction du premier numéro, lorsqu’il écrivait que cette revue allait présenter « d’un côté, la théorie totalitaire de la traduction et, de l’autre, la pratique silencieuse du traduire[1] ».

Si la richesse des contributions se veut le reflet de l’attachement qu’éprouvent les contributeurs à l’égard de Bensimon, il ne fait nul doute que son départ laissera un grand vide tant au TRACT qu’à la barre de Palimpsestes. En effet, la variété des sujets abordés n’a d’égale que l’ampleur de l’horizon qu’embrassent ceux-ci, en raison de la nature même de l’ouvrage, certes, mais aussi grâce à la diversité des auteurs. Vu le caractère hétéroclite de cette publication, la tâche que représente la rédaction d’un compte rendu critique nous paraît à ce point colossale que nous renonçons à nous y soumettre; notre compte rendu sera donc descriptif.

Toutes orientées sous le thème de la citation de Bensimon placée en sous-titre, Vouloir garder un peu de la poussière d’or…, les contributions reprennent la thématique de la traduction littéraire et, dans certains cas plus particulièrement, de la traduction poétique.

Les contributions de la première partie, intitulée « Perspectives », abordent la thématique sous l’angle des procédés de traduction, de la traduction-opération, de la méthodologie de la traduction poétique, de la place de la création et de l’adéquation en traduction littéraire et poétique.

Sans doute pour démontrer une fois de plus que la réflexion sur la traduction littéraire – objet et pratique – se fait habituellement en « marge » de la création littéraire, c’est au coeur du recueil que la direction de l’ouvrage a choisi d’intercaler quelques créations littéraires et poétiques. Prose, poèmes et traductions s’enchaînent et s’amalgament pour faire briller, l’espace de quelques pages, comme une pépite au fond de la batée, l’objet tant convoité, cette poussière d’or énigmatique dont Bensimon fait l’éloge et qu’il invite ses collègues traducteurs à sauvegarder.

La troisième partie, intitulée « Éclairages », et que l’on peut qualifier de collection d’études de cas, dans le sens noble du terme, touche la problématique de la traduction littéraire et poétique à partir des difficultés de traduction, de la place de la créativité, de la préservation des caractéristiques originales dans le texte d’arrivée, de la réception du texte traduit et de sa traduction, et finalement de la lexicométrie.

En conclusion, cet hommage largement mérité va bien au-delà du simple collectif de textes-compliments et présente en filigrane la carrière d’un scientifique qui, s’il a relativement peu publié sur la traductologie, a consacré une large part de sa carrière à diffuser les travaux de ses collègues traductologues. Nous lui souhaitons, maintenant que l’âge de la retraite a sonné, de tirer parti de son nouveau statut pour faire profiter davantage ses collègues de ses connaissances et de son talent, autrement dit de partager avec nous encore un peu de cette poussière d’or.