Abstracts
Résumé
RÉSUMÉ : Les Projets d'" illustration " de la langue vernaculaire et leurs héritages littéraires - Dante écrivit, peu après Vita nova, en 1305, son De Vulgari eloquentia, texte qui servit de " manifeste ", d'abord aux champions des vernaculaires italiens, ensuite aux défenseurs des langues vulgaires européennes en pleine expansion dès la fin du XIVe siècle. Dante suggérait aux poètes désireux d'" illustrer " leur langue maternelle de composer une oeuvre aussi magnifique que celle de son grand maître romain, Virgile. Une oeuvre sans dénomination générique, mais définie par son vers hendécasyllabe et ses matières " illustres " : salus, virtus, venus. Boccace fut le premier disciple de Dante. Il répondit à l'appel de son maître, en écrivant une oeuvre dédiée à Mars, le tout-puissant dieu guerrier, seul capable d'accorder la gloire éternelle aux pauvres mortels. La Teseida délie nozze d1 Emilia servit de modèle, quelques années seulement après sa parution, aux poètes anglais et français. Chaucer traduisit la Teseida, qui devint " The Knight's Tale ", et l'intégra à ses Canterbury Tales vers 1380. En France, un traducteur anonyme du roi René d'Anjou traduisit à son tour, vers 1460, l'oeuvre épique de Boccace, qu'il intitula Thezeo. Au XVIe siècle, époque déterminante dans l'histoire de la langue française, Anne de Graville " translata de vieil langage en nouveau " le Thezeo qu'elle intitula: le Beau romant des deux amans Palamon etArcita et de la belle et saige Emilia. Cette étude suit le parcours de la Teseida de Boccace d'une langue à une autre, en s'intéressant au projet et au " contre-mouvement" de l'illustration des langues vernaculaires européennes esquissé par le grand poète toscan, Dante.
Abstract
Projects to 'illustrate' Vernacular Language and Their Literary Heritage — In 1305, shortly after his Vita nova, Dante wrote his De vulgari eloquentia, a text which served as a 'manifesto' for the champions of the Italian vernaculars and for the defenders of the European vulgar tongues which were rapidly expanding at the end of the 14th century. Dante suggested that poets wanting to 'illustrate' the mother tongue should compose a work as magnificent as that of his great Roman master Virgil, a work not defined generically but by its eleven-syllable metre and its 'illustrious' subject: salus, virtus, verms. Boccaccio, the first of Dante's disciples, responded to Dante's call by writing a work dedicated to Mars, the all-powerful warrior god who alone could grant eternal glory to poor mortals. Only a few years after it appeared, the Teseida della nozze d'Emilia served as a model for English and French poets. Chaucer translated the Teseida, which became "The Knight's Tale," and, around 1380, included it in his Canterbury Tales. In France, an anonymous translator at the court of King René of Anjou translated Boccaccio's text around 1460, giving it the title Thezeo. In the 16th century, a period of fundamental importance in the history of the French language, Anne de Graville translated the Thezeo into more modern French and gave it the title: Le Beau romant des deux amans Palamon et Arcita et de la belle et saige Emilia. Our study follows Boccaccio's Teseida from one language to another, taking particular interest in Dante's project, and in the 'counter movement,' to illustrate the European vernaculars.
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