Comptes rendus de lecture

Ballard, Michel. Versus : la version réfléchie. Repérages et paramètres, Paris, Éditions Ophrys, 2003, 283 p.[Record]

  • Jean Delisle

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  • Jean Delisle
    École de traduction et d’interprétation
    Université d’Ottawa

Cet ouvrage récent de l’angliciste et historien de la traduction Michel Ballard est rédigé dans la plus pure tradition française. Ni grammaire ni traité de linguistique, il est un vaste répertoire de problèmes de traduction illustrés de très nombreux exemples et destiné à faciliter les exercices de version. La quatrième de couverture ajoute qu’il est « de conception nouvelle » et qu’il s’adresse aux étudiants faisant de la version de la première année aux concours ». L’auteur se propose d’explorer les spécificités de la version, qui ne sont pas celles du thème. Dans son Avant-propos, il montre ce qui caractérise la version par rapport au thème. « La version est un excellent exercice en soi, elle révèle les capacités de compréhension en langue étrangère et la capacité à gérer un état de bilinguisme aigu; elle révèle et avive les capacités de rédaction, et pour ce qui est de l'enrichissement linguistique, elle permet une exploration contrôlée des spécificités de la langue étrangère par l'observation, c'est pourquoi la version doit être réfléchie » (p. 8). Il n’aurait pas été inutile de faire la distinction également entre la version (exercice pratiqué en apprentissage des langues) et la traduction professionnelle, qui a aussi ses particularités et se distingue du thème et de la version. L’ouvrage compte douze chapitres : « Aspects de la traduction », la traduction étant présentée dans ce chapitre d’ouverture comme activité et comme processus (Chap. I), « Traduction comme lecture » (Chap. II et III), « Concepts pour la structuration de l’équivalence » (Chap IV), « Typographie et ponctuation » (Chap V), « Composante orale en traduction » (Chap VI), « Paradigme culturel » (Chap. VII), « Composante idiomatique » (Chap VIII et IX), « Composante sociolinguistique » (Chap X et XI) et, enfin, « Traduction comme contact des langues » (Chap XII). Ces chapitres reprennent des démonstrations en tous points similaires à celles que cet auteur prolifique a publié sur le même modèle dans des articles ou des ouvrages antérieurs : La Traduction de l’anglais au français (1987), « Ambiguïté et traduction » (1990), Le Commentaire de la traduction anglaise (1992), « La traduction de la conjonction ‘and’ en français » (1995), « L’unité de traduction. Essai de redéfinition d’un concept » (1995), « Créativité et traduction » (1997), « Idiomatisme et traduction » (1998), « La traduction du nom propre comme négociation » (1998), « Les ‘mauvaises lectures’ : étude du processus de compréhension » (1998), Les Faux amis (1999), « L’appellatif en traduction » (2000), Le Nom propre en traduction (2001), Oralité et traduction (2001). Toutes ces publications, y compris Versus : la version réfléchie, portent la « signature » Michel Ballard : observation minutieuse du processus de la traduction ; analyse non moins minutieuse du résultat de ce processus ; compilation d’une multitude d’exemples de mauvaises traductions (généralement tirées de copies d’étudiants) et de bonnes traductions (publiées ou faites par l’auteur lui-même) ; comparaison de plusieurs traductions d’un même passage ; exemples tirés d’un vaste corpus littéraire (six pages de références dans Versus) ; classification détaillée de faits de langue ou de traduction (nous y reviendrons) ; enfin, effort de mise en place d’une terminologie spécifique pour tenir un discours sur l’enseignement et l’apprentissage de la version (nous y reviendrons aussi). Cette préoccupation terminologique est importante aux yeux de l’auteur puisque son ouvrage vise à « préparer à l’action par l’observation et la réflexion » (p. 7). On présume que par « action » l’auteur entend l’apprentissage de la langue seconde au moyen d’exercices de traduction. Mais Versus ne saurait être considéré …

Appendices