Comptes rendus

Dorothy Kenny et Kyongjoo Ryou, dirs. Across Boundaries: International Perspectives on Translation Studies, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2007, 240 p.[Record]

  • Shirley Fortier

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  • Shirley Fortier
    Université de Sherbrooke

À l’origine du présent ouvrage, il y a des communications données lors du premier colloque de l’International Association for Translation and Intercultural Studies (IATIS), tenu à Séoul en août 2004. Comme le titre l’indique, on y traverse des frontières, géographiques, certes (les auteurs sont originaires de douze pays différents), mais aussi linguistiques, culturelles, méthodologiques et disciplinaires. En réalité, on fait plus que les traverser, ces frontières : on les (re)négocie, on remet parfois leur existence en question. C’est dire qu’on nous donne à réfléchir à la traduction et à la traductologie de manière originale, en attirant l’attention sur des traditions, des pratiques et des perspectives parfois négligées, comme l’affirme en exergue Annie Brisset, présidente de l’IATIS. La première partie du livre s’intitule « Methods and concepts » et s’ouvre sur un article de Judy Wakabayashi. « Reflections on Theory-driven and Case-Oriented Approaches to Comparative Translation Historiography » fait suite à deux articles précédents, l’un étant axé sur la théorie, « Towards a Model for Comparative Translation Historiography », l’autre étant une étude de cas, « Translation in the East Asian Cultural Sphere—Shared Roots, Divergent Paths?  ». L’auteure mène une réflexion sur la méthodologie employée en historiographie comparée de la traduction à partir du cas de la Chine, du Japon, de la Corée et du Viêtnam. L’article alimentera la réflexion de ceux, entre autres, qui s’intéressent aux théories postcoloniales ou du polysystème, théories que Wakabayashi applique à une région dont on a jusqu’ici trop peu discuté dans ce cadre. Suit « On Thick Translation as a Mode of Cultural Representation » de Martha P.Y. Cheung. Au moment d’écrire cet article, l’auteure colligeait des écrits chinois où il était question de traduction pour une anthologie qui paraîtrait toutefois en traduction anglaise. Par la force des choses, elle en est venue à s’interroger sur la façon de traduire les concepts utilisés en traductologie, en particulier celui de « xin ». Elle souligne la pertinence de ce que Kwame Anthony Appiah appelle thick translation, puisque « thick translation seeks to locate a text (i.e. the translation) in a rich cultural and linguistic context in order to promote, in the target language culture, a fuller understanding and a deeper respect of the culture of the Other » (p. 25). Souvent, le concept de « xin » est rendu par « faithfulness » en anglais. En replaçant celui-ci dans son contexte (c’est-à-dire dans les écrits de grands penseurs chinois tel Kongzi, ou Confucius, dans sa forme latinisée), toutefois, Cheung montre que « xin », c’est aussi « confidence », « trust » ou « sincerity », par exemple, d’où le danger de traduire de façon réductrice ou trop ethnocentrique. La deuxième partie, « Verbal and Visual Perspectives », suscitera l’intérêt de ceux qui réfléchissent aux questions de représentation et d’adaptation. Dans « Translating the Visual : The Importance of Visual Elements in the Translation of Advertising across Cultures », Ira Torresi veut montrer que le linguistique et le graphique forment un tout du point de vue sémiotique. En bref, l’objet du travail du traducteur ne se limite pas au texte de la publicité : celui-ci doit aussi en « traduire » le visuel, qui constitue un signe. C’est à partir de diverses annonces parues dans des médias écrits européens qu’elle fait ce constat qui devrait, à son sens, avoir une incidence sur la façon dont on enseigne la traduction en général, et non seulement la traduction publicitaire. Reprenant le fameux mot d’Umberto Eco dans Sémiotique et philosophie du langage, à savoir que les photos ne disent pas toujours la vérité, Torresi souligne que le …

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