Abstracts
Résumé
Les récents jalons et subséquentes célébrations de l’histoire coloniale du Canada, du 150e anniversaire de la Confédération canadienne au 375e anniversaire de Montréal, sont l’occasion de souligner la présence immémoriale de plus de 10 000 ans des peuples autochtones sur ce territoire. Le contexte s’avère également propice pour réfléchir au rôle de la traduction entre les langues européennes et autochtones dans le parcours national. D’ailleurs, l’asymétrie actuelle entre les langues d’origine européenne et les langues autochtones illustre comment la traduction a participé à une médiation idéologique qui a historiquement tendu vers la colonisation avec, en contrepartie, l’éradication de la présence des peuples autochtones par des processus d’assimilation. Comment l’existence et la survie des langues autochtones contribuent-elles à mettre en lumière la fonction et les postulats de la traduction au Canada? Dans la réflexion qui suit, je propose de révéler certaines tendances politiques et idéologiques qui se sont exprimées à travers le prisme de la traduction. La traductologie au Canada repose sur des postulats eurocentriques qui, malgré leur ubiquité et leur normalisation, sont éminemment politiques dans leur construction. En déconstruisant ces postulats de la traduction répertoriés par la traductologue Maria Tymoczko (2003) à l’aide d’exemples ancrés dans le contexte de colonialisme d’implantation canadien, je propose de considérer des pratiques de traduction décoloniale qui reflètent des conceptions de la traduction hors des schémas axiologiques occidentaux.
Mots-clés :
- traduction décoloniale,
- postulats de la théorie occidentale,
- traduction sémiotique,
- langues autochtones,
- décolonisation
Abstract
Recent milestones and subsequent celebrations of the colonial history of the country, from the 150th anniversary of Canadian Confederation to Montreal 375th have also been used to affirm the immemorial presence of Indigenous Peoples on the same territory that dates back to over 10,000 years. It is a fitting context to reflect on the role that translation has played in the history of the nation, especially between people of European descent and Indigenous Peoples. The asymmetrical power relations that exist between colonial languages and Indigenous ones illustrate how translation has taken part in a form of ideological mediation that has historically tended toward colonization by way of attempts to eradicate the presence of Indigenous Peoples through processes of assimilation. How do the existence and survival of Indigenous languages help to reveal the function and the presuppositions (postulates) of translation in Canada? The following discussion reveals the ways in which some of these political and ideological tendencies have expressed themselves through the practice of translation. These tendencies exemplify how translation studies in Canada is founded on Western presuppositions that, regardless of their ubiquity and normalization, are deeply political constructions. These presuppositions, as categorized by Maria Tymoczko (2003), are deconstructed with examples rooted in the settler-colonial Canadian context and set the stage for considering different forms of decolonial translations that extend beyond the constraints of Western theory.
Keywords:
- decolonial translation,
- Western theory presuppositions,
- semiotic translation,
- Indigenous languages,
- decolonization
Appendices
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