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Elizabeth Yeoman. Exactly What I Said: Translating Words and Worlds. Winnipeg, University of Manitoba Press, 2022, 276 p.

  • Mélissa Major

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  • Mélissa Major
    Université McGill

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Cover of Traduction et subversion, Volume 35, Number 2, 2e semestre 2022, pp. 9-255, TTR

Dans Exactly What I Said: Translating Words and Worlds, l’universitaire, auteure et militante allochtone Elizabeth Yeoman, qui a pris sa retraite de la Memorial University, porte un regard sur dix ans de travail collaboratif avec Tshaukuesh Elizabeth Penashue, une aînée et militante écologiste innue du Labrador. Ensemble, elles ont oeuvré à la traduction, en anglais, des journaux de Penashue, écrits initialement en innu-aimun, ce qui a mené à la publication, en 2019, de Nitinikiau Innusi: I Keep the Land Alive, paru aux presses de la University of Manitoba. Penashue y raconte notamment ses années de militantisme – dont sa lutte contre les essais militaires de l’OTAN sur le territoire innu –, ses marches annuelles dans le Nitassinan ainsi que le mode de vie ancestral des Innus. Dans Exactly What I Said: Translating Words and Worlds, Yeoman réfléchit, à partir de sa traduction de Penashue, à la traduction des oeuvres d’auteurs autochtones et raconte l’expérience transformative qu’a représentée la rencontre de cette auteure innue et la traduction de ses mots. Les réflexions de Yeoman sont nourries par le travail d’écrivains autochtones, telles Joséphine Bacon (Innue) et Mitiarjuk Nappaaluk (Inuite), et par celui d’intellectuels à la fois autochtones, comme Adam Gaudry (Métis) et Chelsea Vowel (Métisse), et allochtones, telle Isabelle St-Amand. Maracle aurait été ravie de voir que ce n’est pas ce qu’a fait Yeoman, qui a élaboré un ouvrage à la fois théorique et personnel. Yeoman explique qu’elle a traduit à partir d’une langue, l’innu-aimun, avec laquelle elle a appris à se familiariser au fil des années passées à travailler avec Penashue : « But my knowledge never came remotely close to the kind of deep understanding of a language, culture, and cosmology that I really needed » (p. 125). Malgré le malaise que son manque de connaissance lui faisait ressentir, elle a accepté le défi que lui proposait Penashue : « I still worried, but there did not appear to be anybody else available and Tshaukuesh had asked me to help her, so we carried on » (ibid.). Dès le départ, Penashue avait donné une directive à sa traductrice : « You don’t have to write exactly what I said because my English is not that good. You can use different words but it has to mean exactly what I said » (p. 13). Puisque leur projet de traduction ne pouvait s’appuyer sur aucune méthodologie, Yeoman a voulu mettre par écrit son expérience (p. 20). Effectivement, son livre a entre autres le mérite de nourrir un domaine encore très peu développé. Écrit dans un langage accessible, il s’adresse bien sûr aux traductologues et aux traducteurs, mais aussi à ceux qui s’intéressent aux cultures autochtones. Le deuxième chapitre, « Walking », porte également sur l’Innusi et présente la marche comme un acte militant pour plusieurs Autochtones (pp. 49-66) : « Going to nutshimit [le territoire ancestral des Innus, the wilderness] on foot was a statement: it told the world that the Innu were strong, that their traditional ways were good and had not been lost, and most importantly, that the land was theirs » (p. 52). Le chapitre trois, « Stories », se penche davantage sur l’écriture de Penashue, la mettant en parallèle avec celle d’autres auteurs innus, dont Natasha Kanapé Fontaine et Joséphine Bacon (pp. 67-90). Yeoman accorde une place considérable aux écrivaines innues qui ont publié en français (et qui ont été traduites en anglais), ce qui est aussi remarquable que rare pour un ouvrage de langue anglaise. Elle souligne le défi que représente la traduction des littératures et des films en langues …

Appendices