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Peretz, Pauline, dir. New York: histoire, promenades, anthologie & dictionnaire. Paris : Éditions Robert Laffont, 2009. 1360p. Cartes, chronologie, bibliographie, index[Record]

  • Marise Bachand

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  • Marise Bachand
    University of Western Ontario

«Plus peut-être que toute autre ville, à l’exception de Paris ou de La Nouvelle-Orléans, New York est un lieu de mouvement perpétuel et de constant changement», écrivait en 1843 l’abolitionniste Lydia Maria Child. (p.659) C’est autour du thème du mouvement que Pauline Peretz a imaginé cet ouvrage choral qui sillonne la ville à travers ses gratte-ciel, ses quartiers, son fleuve, sa culture et son histoire. Ce New York est d’abord et avant tout une invitation à la découverte. Comme l’indique le sous-titre, la ville est explorée en quatre temps. La première partie propose une synthèse historique débutant au dix-septième siècle alors que l’île de Manhata, peuplée par des groupes algonquiens, devient un avant-poste néerlandais du commerce de la fourrure. Tour à tour colonie anglaise, premier port commercial de la jeune république et porte d’entrée continentale pour des millions d’immigrants, New York surmonte une grave crise budgétaire et affirme au tournant du vingt-et-unième siècle son statut de ville monde. Cette fresque écrite à huit mains témoigne de la multiplicité des approches existantes en histoire urbaine — tantôt histoire événementielle, économique, sociale, culturelle ou politique. Parmi les propositions fort différentes signées Bertrand Van Ruymbeke, Jean Heffer et Catherine Pouzoulet, celle de Romain Huret sur « Le Grand Siècle new-yorkais » (1898–1975) reflète le mieux la production historiographique des vingt-cinq dernières années, préoccupée d’abord et avant tout par les hommes et les femmes qui peuplent la ville. Intitulée « Promenades », la deuxième partie du collectif est la plus imposante, mais également la moins cohérente de l’ouvrage. Fourre-tout d’essais aussi hétérogènes que sont les enracinements disciplinaires de leurs auteurs, ces promenades sont organisées selon une logique aléatoire (et présentées ici dans le désordre). Robert Kelly et Peter Marquis revisitent nostalgiquement le Brooklyn de l’enfance — vécue ou imaginée — avec ses confiseries, ses terrains vagues, ses marais et ses Dodgers. Les vignettes « nyu yorkish » de Pauline Peretz rappelle qu’au-delà du mythique Lower East Side, New York est la première ville juive du monde. Caroline Rolland-Diamond et Hélène Harter parcourent respectivement les parcs et les ponts, des landmarks indissociables de l’expansion urbaine et des revendications citoyennes. Michael J. Balz, pour sa part, inscrit de manière anecdotique la métropole dans l’espace géographique qui l’entoure, la vallée de l’Hudson. D’autres promenades célèbrent le côté sombre de Gotham. À travers une relecture du roman Manhattan Transfer (1925) de John Dos Passos, Peter Hyll Larsen fait du gratte-ciel la métaphore de la difficile ascension sociale. Yann Philippe examine le rapport obsessionnel du roman policier à la ville, tandis que Peter Hägel raconte les cauchemars urbains des cinéastes de King Kong à Taxi Driver. Paradoxalement, les contributions les plus achevées de cette partie sont celles qui s’éloignent le plus du thème de la promenade. Isabelle Richet retrace les grands moments de l’histoire d’Harlem, cette « ville noire dans la ville blanche ». Creuset des avant-gardes artistiques au vingtième siècle, le New York raconté par Laure Ainoha Bordonaba est celui de Greenwich Village, de Soho et des galeries d’art, mais surtout celui des artistes qui « peignent la ville à hauteur d’homme, depuis la rue». (p.458) Andrew Diamond raconte comment Queens, un quartier ouvrier blanc moribond s’est métamorphosé en quartier multiethnique dynamique sous l’impulsion de la nouvelle immigration. Dans un essai sur le Bronx des années 1970, borough le plus pauvre, Pierre Evil fait quant à lui la genèse du hip-hop, « cette fleur multicolore et sauvage sortie des fissures du trottoir ». (p.348) En troisième partie, Peretz propose une fort jolie anthologie regroupant les textes d’une soixantaine d’auteurs, des classiques surtout et quelques contemporains. On y …