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Panneton, Jean. Le séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, 1860–2010. Québec, Septentrion, 2010. Pp. 375. Illustrations, bibliographie, index[Record]

  • Brigitte Caulier

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  • Brigitte Caulier
    Département d’histoire et CIEQ, Université Laval

Pour célébrer leurs anniversaires marquants, les institutions choisissent souvent l’album souvenir qui jalonne le grand récit de leur développement. Jean Panneton, fils de la maison et supérieur du Séminaire depuis 1989, s’est dévoué à la tâche pour souligner le 150e anniversaire du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, dans un style familier où la répétition didactique des idées principales rappelle la carrière de l’enseignant en littérature que fut l’auteur. Celui-ci nous livre un ouvrage, bien illustré, qui dépasse le catalogue en nous proposant une histoire de cette institution essentielle dans le développement de Trois-Rivières et de la région. Pour rendre compte de l’évolution institutionnelle et des activités éducatives du séminaire, Jean Panneton divise son ouvrage en six parties. La première est consacrée au Collège des Trois-Rivières fruit de l’initiative de notables trifluviens. L’ancienne résidence du gouverneur devenue caserne trouve ainsi une troisième vocation. La polémique marque les débuts du collège. Le recrutement des enseignants place les prêtres, et surtout les séminaristes, en conflit de loyauté avec le Séminaire de Nicolet leur alma mater. Dès 1873, le collège se dote d’une section commerciale à côté du ratio studiorum qui décourage plus d’un élève et épuise financièrement plus d’une famille. Un an plus tard, le Collège cède la place au Séminaire Saint-Joseph qui vient ravir à Nicolet son séminaire, coup de grâce après l’anéantissement des prétentions épiscopales de la rive sud en 1852. L’institution s’éloigne de la ville et se dote de ses propres édifices. Cette deuxième partie mène le lecteur jusqu’en 1929 à l’orée du projet d’agrandissement de l’édifice qui marque le « temps du granit ». Cette troisième période, largement étudiée, court jusqu’en 1989 et se subdivise en une présentation de la vie et de la mort du cours classique en 1968, puis de la « quête d’identité ». Les « belles années » du cours classique débutent en 1929 quand le cours commercial disparait au profit de deux années préparatoires au long cursus de sept ans. À partir de 1936, les séminaristes se consacrent à leurs études, et seuls des prêtres enseignent jusqu’à près de 800 élèves en 1960. Par la suite, la redéfinition institutionnelle se poursuit jusqu’en 1989 et se traduit par l’abandon du niveau collégial pour un recentrement sur le secondaire. La place des professeurs laïcs progresse à partir de 1955 ainsi que la syndicalisation des différentes catégories d’employés. Laissant vibrer sa corde littéraire, l’auteur parcourt le « Bel aujourd’hui », cette quatrième période dans la vie du Séminaire où se renforce la présence laïque dans l’administration et le corps enseignant. Les femmes s’y font une place, et c’est seulement en 1998 que les filles entrent dans les classes. Panneton consacre une partie aux activités parascolaires et une dernière aux institutions nées des initiatives du Séminaire ou encouragées par ce dernier, « L’arbre et ses branches ». Il présente des notices sur chacune, du Séminaire Sainte-Marie de Shawinigan à l’UQTR ou au Musée Pierre-Boucher. L’auteur a bénéficié d’un accès illimité aux archives de l’institution. Il les exploite avec habileté pour ménager l’intérêt de son lecteur et particulièrement celui des anciens de l’institution. Il n’a pas renoncé pour autant à des bilans quantitatifs sur les effectifs professoraux et étudiants, les finances, les frais de scolarité. La vie au Séminaire, le rythme scolaire et les programmes font l’objet d’une présentation détaillée qui permet de bien comprendre le projet éducatif et son évolution. La transition des années 1960 et les différentes réformes qui mèneront à la fondation des cégeps font l’objet d’une présentation très claire, malgré leur complexité. Malheureusement, l’historiographie, renouvelée depuis quelques années sur les collèges classiques, n’a pas …