Abstracts
Résumé
À l'encontre de la thèse de l'influence abusive de l'abbé Henri-Raymond Casgrain sur Laure Conan, il s'avère que l'instance d'énonciation d'Angéline de Montbrun pratiquait déjà spontanément une écriture orientée vers la valorisation de l'histoire. En se fondant sur une analyse sémiotique de la narration et de renonciation des romans historiques de la première romancière du Québec, le présent article propose l'hypothèse suivante : un roman argumente en vue de l'attribution (par le lecteur) d'une valeur ajoutée au fait de raconter (par écrit). La stratégie enonciative consiste à appeler la valorisation de l'histoire — liée à l'écriture — au moyen de la mise en oeuvre d'une interaction verbale fictive. L'article en arrive à la conclusion que si, comme le prétend l'idéologie libérale depuis I960, ces romans historiques relèvent de notre préhistoire, c'est parce qu'ils faisaient une équation d'identité entre littérarité et historicité. De la littérature comme constitution du « patrimoine sacré de la langue française » à celle qui se fait moderne en faisant le pari d'un « pays à inventer » d'abord dans les mots, il y aurait simplement prise de conscience de ce que l'histoire est à faire — et affaire d'écriture. Rien ne servirait d'essayer, en retour, d'établir une équation d'identité entre historicité et littérarité.
Abstract
Contrary to the thesis regarding the abusive influence of abbé Henri-Raymond Casgrain on Laure Conan, at the level of enunciation, Angéline de Montbrun is already spontaneously oriented towards an emphasis on the value of history. Based on a semiotic analysis of narration and enunciation in the historical novels of Quebec's first female novelist, this article offers the following hypothesis: a novel attempts to induce the reader to add value to the fact of telling a story in writing. The enunciative strategy is to emphasise the value of history — related to writing — by establishing a fictitious verbal interaction. In conclusion, it is asserted that if, as liberal ideology has contended since I960, these historical novels belong to our prehistory, the reason is that they establish an equation of identity between literarity and historicity. From a literature constituting the "the sacred heritage of the French language" to a literature that becomes modern through the wager of a "country to be invented" (initially in words), the shift would imply no more than becoming aware of the fact that history remains to be made — and is a matter of writing. Conversely, it would be pointless to try and establish an equation of identity between historicity and literarity.
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