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La présente livraison de Voix et Images traite des différents avatars de la question des passages : passages d’un pays à l’autre, bien sûr, mais aussi de la culture populaire à la culture savante, d’une époque à une autre porteuse de nouvelles valeurs, du roman à la télévision ou au théâtre. En cela, elle reflète bien les préoccupations actuelles qui tournent autour de l’hétérogénéité, du métissage, des identités hybrides et des formes plurielles.

Le dossier de ce numéro de la revue est consacré à Noël Audet, poète, essayiste et romancier, qui a longtemps été professeur à l’Université du Québec à Montréal et qui, cet automne, publie coup sur coup un roman et un essai. On trouvera ici un entretien sur son travail romanesque, une bibliographie et un extrait d’une pièce de théâtre inédite qui illustre sa fascination pour l’infinie variété des formes de la langue parlée. Quatre analyses mettent en lumière la richesse et l’actualité de ses romans. Ainsi, Jacques Allard propose une traversée de l’ensemble de l’oeuvre où s’articulent trois grands discours : amoureux, politique et esthétique. On sait que L’ombre de l’épervier a fait l’objet d’une télésérie à succès ; c’est ce passage du roman au petit écran qui retient l’attention de Mylène Nantel. Eva Le Grand situe le romancier dans le contexte plus vaste du roman des Amériques, du Kafka d’ Amerika à Fuentes et Nélida Piñon, et s’attarde à sa vision d’une identité américaine mouvante et multiple. Solange Arsenault analyse les manifestations du carnavalesque dans La terre promise, Remember ! (La toile de Giuseppe Fiore reproduite en couverture représente justement Remember, cochon volant et parlant que chevauche le narrateur pour ses promenades dans le temps et dans l’espace.)

Dans la section « Études », Pascal Caron s’intéresse à une autre adaptation, la pièce de théâtre tirée de L’hiver de force par Lorraine Pintal, et montre que la complexité et l’ambiguïté du roman de Ducharme ont souffert de ce passage d’un genre à un autre. Valérie Caron étudie deux textes de femmes contemporaines, Le bruit des choses vivantes d’Élise Turcotte et Tableaux de D. Kimm, dans lesquels elle voit de nouvelles représentations de la maternité. Enfin, Johanne Pelland remonte à des romans peu lus des années 1960 qui illustrent le passage d’une époque où le changement est subi comme une fatalité à une autre où les personnages se voient comme les agents du changement et donc de leur destin. Des chroniques de nos habituels collaborateurs complètent le tout. Un nouveau chroniqueur vient de se joindre à l’équipe : il s’agit de François Paré, responsable désormais de la rubrique « Essai/Études », à qui je souhaite la bienvenue. Enfin, signalons la parution d’un compte rendu d’Anthony Wall sur les études québécoises dans l’Ouest canadien.

Assumer la direction d’une revue aussi connue et respectée que Voix et Images a quelque chose d’intimidant. Heureusement, à titre de nouvelle directrice, je peux compter sur le soutien du Département d’études littéraires de l’UQÀM et sur la collaboration d’un comité de rédaction exceptionnel : Marie-Andrée Beaudet, Robert Major, Janet Paterson, Daniel Chartier et, depuis peu, Paul Chamberland, à qui je souhaite également la bienvenue. Je compte aussi sur le dévouement de notre secrétaire de rédaction, Diane Brabant, et de Régis Normandeau, responsable de la mise en pages. Le Service des publications, en particulier Chantal Bouthat, nous est aussi d’un précieux secours. Je remercie enfin Max Roy, qui a dirigé la revue pendant un an avant d’assumer une autre fonction administrative importante, de l’excellent travail qu’il a accompli. Il continue de soutenir activement la revue, ce dont je lui sais gré.