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La dernière entrée des « Cahiers de lecture » d’André Belleau, qui mourra le 13 septembre, est datée du 1er juillet 1986. Elle se termine sur ces mots : « Je ne puis refaire ma vie. Mais malgré les hauts et les bas, l’amitié qui me lie à Fernand Ouellette depuis plus de trente ans a été l’honneur de ma vie. » Cela suit un passage consacré à sa femme, Jacqueline Blanchard-Belleau (1927-2015). La calligraphie est mal assurée et des mots (« qui », « trente », « honneur ») sont recopiés dans l’interligne, comme pour s’assurer qu’on puisse les relire sans se tromper sur leur sens. Le passage a un caractère récapitulatif : l’auteur reconnaît ne pas pouvoir « refaire » sa vie ; il s’enorgueillit d’une amitié qui l’a longtemps accompagné (« plus de trente ans ») ; « ma vie » clôt les deux phrases.

Il y a trois de ces « Cahiers » et l’on trouve dans chacun des commentaires écrits de la même main tremblante. Quelques semaines ou mois avant de mourir, Belleau a relu les notes qu’il avait rassemblées depuis 1963. Il ne les a pas réorganisées, réécrites, transformées en profondeur, mais il a voulu s’y replonger et y laisser la trace, difficilement, d’une (re)lecture. Corrigeant, précisant, proposant des renvois, un auteur-lecteur arrêtait son texte une dernière fois. Pour lui-même ? Pour d’autres ?

Mais qu’est-ce que ces « Cahiers » ? Quelle place occupent-ils par rapport aux publications, études ou essais, d’André Belleau ? Que révèlent-ils de l’atelier de l’écrivain ?

Un journal intime ?

Les trois « Cahiers de lecture » d’André Belleau, ainsi qu’il les a intitulés, sont conservés au Service des archives et de gestion des documents de l’Université du Québec à Montréal, où il a enseigné de 1969 à sa mort, dans le fonds qu’il y a déposé[1]. Chacun a une page de titre : « CAHIER/DE/LECTURE./I/17 novembre 1963 — 22 juillet 1968 » ; « CAHIER DE LECTURE II » ; « CAHIER DE LECTURE III ». Sur la page de titre du deuxième, Belleau a dressé une liste de voyages pendant lesquels il a pris des notes — numérotés de 1 à 6 — et de ceux pour lesquels il n’y a « Pas de notes » ; au total, cela fait quatorze voyages. La liste continue au début du troisième, avec deux voyages numérotés 7 et 8, signe de continuité dans l’organisation. Les « Cahiers » sont paginés : 121 pages pour le premier ; 171, pour le deuxième ; 108, pour le troisième. Ils comptent un peu plus de 60 000 mots. Sauf pour des extraits parus en 1995[2], ils sont inédits.

À certains moments, l’écriture est régulière, puis des semaines ou des mois passent sans qu’il y ait de nouvelle entrée. Le premier cahier se termine le 22 juillet 1968 et le deuxième s’ouvre le 7 février 1971. (Sept pages de « Feuillets » — c’est leur titre —, rangées avec le deuxième « Cahier », sont datées de 1969 et 1970.) Plus tard, Belleau signale lui-même un hiatus : « Je reprends ces notes après une interruption de près de cinq mois. Cette longue interruption est le signe que tout s’est mis à aller plus mal encore : insomnie, santé, travail, etc. » (III, p. 74 ; 27 février 1983)

Manuscrits, les textes sont facilement lisibles, à l’exception de quelques noms propres dans une très longue énumération (III, p. 25-27) et malgré d’« affreuses pages » (III, p. 100) à la toute fin du dernier cahier, dont celle du 1er juillet 1986. Ils sont rédigés sur des feuilles de format 8 ½ par 11 pouces, sauf à quatre moments, entre 1978 et 1982, quand des feuilles de formats plus petits sont recueillies sur des feuilles plus grandes ; dans trois cas, il s’agit de souvenirs de voyage. À cinq reprises, de 1979 à 1981, des articles ont été découpés (de Jean-Louis Bory, de Jean-Paul Sartre et de Jean-Paul Enthoven dans Le Nouvel Observateur, d’un journaliste sportif du Daily News, d’un auteur anonyme dans Time), puis collés sur une feuille[3]. L’ordre est chronologique, sauf pour des pages du troisième « Cahier » (p. 65 et suivantes), comme si des textes avaient été recopiés dans le désordre. Des pages ont une apparence scolaire, notes infrapaginales à l’appui (le 21 novembre 1963, par exemple ; I, p. 7). Belleau n’aborde que très rarement de front sa technique de rédaction — « Je n’ai rien noté. Je couche cela de mémoire » (II, p. 103) —, mais il évoque des notes prises dans un carnet (III, p. 6) et un agenda (III, p. 94).

Le contenu des « Cahiers de lecture » peut être réparti en trois ensembles, chacun correspondant à une dominante particulière[4].

Beaucoup de pages sont consacrées à des listes d’oeuvres lues (complètement ou partiellement, avec le nombre de pages), jamais lues ou à lire (« J’ai de ces lacunes… » ; II, p. 70). Belleau rassemble des citations, des résumés, des commentaires (parfois détaillés), des comparaisons, des notes d’histoire littéraire, des souvenirs d’enfance (Jules Verne, Karl May), des dessins résumant des concepts (chez Teilhard de Chardin ; I, p. 9). Le premier « Cahier » s’ouvre sur ces mots : « Quelques livres lus au cours des derniers mois » (I, p. 2) ; suit une énumération. À côté des lectures professionnelles — pour la préparation de cours, pour la rédaction de travaux savants, pour des recensions —, on découvre plusieurs ouvrages lus pour le plaisir du « lecteur naïf » (II, p. 122), en l’occurrence des romans policiers ou d’espionnage, mais c’est un plaisir coupable. Louanger John Dickson Carr, le « cher et vieux Eric Ambler » (III, p. 16), Josephine Tey, James Hadley Chase, Nicolas Freeling ? Certes, mais s’imposent bientôt les obligations professionnelles : « Aujourd’hui, pour moi dernier jour de l’été, je laisse le roman policier pour quelque temps. Je reviens aux lectures dites “sérieuses”… » (I, p. 59) Cela n’est guère mieux en 1977 : « Lectures de vacance [sic] :/D’abord trop de “policiers” » (II, p. 83), ni en 1981 : « Lectures de vacances aussi peu sérieuses que d’habitude » (III, p. 27), ni en 1984 : « Le seul livre ou à peu près que j’aurai réussi à lire depuis la fin de la session, je viens de le terminer : un mauvais roman policier surfait par la critique. » (III, p. 93) Le lecteur est présent dans les trois cahiers, d’où leur titre, mais de façon inégale.

Les récits de voyage sont nombreux, particulièrement dans le deuxième « Cahier », et on en trouve dans le troisième. Leur contenu est nécessairement toujours assez similaire : itinéraires détaillés (Belleau privilégie « un itinéraire voulu et conçu » ; II, p. 133), menus qui ne le sont guère moins, paysages (« je ne peux redire les fleurs ni les arbres. C’est le cadre, l’ensemble qui comptent » ; II, p. 92), visites culturelles (« Je déteste les musées » ; II, p. 24). Belleau ne contemple pas sans ironie sa condition de voyageur moderne : « je regarde devant le lac, assis sur la terrasse de mon hôtel, des photos en couleur du lac » (II, p. 93 ; l’auteur souligne). Les destinations sont essentiellement européennes et américaines : l’Italie, la France (« J’essaie d’aimer Chinon : c’est la ville de Rabelais » ; II, p. 26), Israël (brièvement évoqué), les Pays-Bas, la Suisse, l’Allemagne, Londres, New York, la côte du Maine en été (« J’aime ce pays d’une manière un peu déraisonnable » ; III, p. 63). En 1974, tourisme et théorie littéraire se conjuguent : Belleau et Fernand Ouellette rencontrent nombre de critiques, de Jean Starobinski (« Quelle belle tête d’intellectuel juif ! » ; II, p. 53-54) à Hans Robert Jauss, de Françoise Van Rossum-Guyon à Jacques Leenhardt (« Le critique [de gauche] dont je me sentirais le plus près » ; II, p. 68). Certains voyages sont l’occasion de comparaisons : qu’est-ce qui a changé à Rome entre 1964 et 1980 (III, p. 3 et suivantes) ? À Paris, entre 1964 et 1982 (III, p. 36 et suivantes) ? « Illusion ! Je voulais revivre ces moments de ma vie. Je n’y arrive pas ou j’y arrive si peu » (III, p. 36) ; « Les Champs-Élysées ne sont plus ce qu’ils étaient. » (III, p. 47) Contrairement aux membres de sa famille et à ses visiteurs quand il séjourne en Nouvelle-Angleterre, ses compagnons de voyage, en Europe, ne sont que très peu mis en scène.

Le 26 décembre 1978, André Belleau évoque en termes précis son nouvel état de santé : « Sous la menace d’un cancer du poumon dont des signes à vrai dire ambigus mais probables sont apparus dans la semaine du dix décembre, je lis “La Peste” de Camus » (II, p. 106). Dès lors, le ton change radicalement : le lecteur et le voyageur ne disparaissent pas, mais est de plus en plus présent le diariste, celui qui interroge le je qu’il est et a été. La mort est toujours là : « Y a-t-il une préparation à la mort, une préparation de longue date ? Et moi qui tremble d’angoisse ! » (II, p. 109) ; « Pour la première fois peut-être dans ma vie, la mort devient une réalité concrète, proche » (II, p. 109 ; l’auteur souligne) ; « Je n’ai aucune des qualités qu’il faut pour affronter ce qui s’en vient » (III, p. 30) ; « L’écran entre nous et la mort vient de s’abaisser d’un dernier cran pour s’abolir à jamais. Nous voilà au large, en plein dehors, au grand vent de la mort. C’est notre tour. » (III, p. 99) Le mot « dépression » est employé (II, p. 112, p. 123, p. 134).

Se multiplient non seulement les allusions à son état de santé, mais encore les évocations du passé et le décompte des amis morts : « Ce cahier, depuis au moins trois ans, est constamment traversé par la pensée de la mort. » (III, p. 33) Le 1er juillet 1979, Belleau dresse une liste des oeuvres de Henry Miller et une de celles de Marcel Brion, et note systématiquement l’âge qu’ils avaient au moment de les écrire (II, p. 126) : que va-t-il laisser, lui ? Plus tard, il rappellera l’âge de William Styron (II, p. 137) et de Robert Merle (II, p. 141). Cette omniprésence de la mort donne aussi lieu à des énumérations de noms propres, et l’une se clôt sur ces mots : « J’ÉCRIS CES NOMS AVANT L’OUBLI. » (III, p. 27) Mais quel oubli ? De qui ? Par qui ?

Ce Belleau des dernières années est obsédé par la mort (par sa mort) et par le bilan qu’elle le pousse à dresser : personnel (II, p. 157-160 ; III, p. 16-17), littéraire (II, p. 153), amical (III, p. 33-34), intellectuel et professionnel (III, p. 69-70), familial (III, p. 67-68 et p. 107-108).

L’atelier de l’écrivain

Pour mettre en lumière le rôle qu’ont pu jouer les « Cahiers de lecture » dans le travail d’André Belleau, on retiendra quatre exemples.

« L’effet Derome ou Comment Radio-Canada colonise et aliène son public » est un des articles les plus célèbres de l’essayiste. Partant d’une question de phonétique — pourquoi Bernard Derome, le présentateur vedette de la télévision publique (Radio-Canada), prononçait-il les noms étrangers tels des mots anglais ? —, Belleau en arrive à élaborer une interprétation de la « colonisation culturelle » au Québec. On cite habituellement cet essai à partir de la version parue dans Liberté en 1980, ou sa reprise dans deux des recueils de l’auteur[5], sans relever qu’elle a été précédée de deux autres. La première date de 1974, en avant-propos à la pièce de théâtre La Sagouine d’Antonine Maillet[6]. La seconde, dans la rubrique collective « À suivre » de Liberté, sous la signature « A. B. », est de 1976[7]. C’est dire que Belleau est souvent revenu sur cette réflexion.

Le troisième « Cahier de lecture » permet de voir dans quel cadre elle s’inscrivait :

Écrire un essai un jour sur la « décomposition culturelle » du Canada français. Un discours dépourvu de tout esprit de regret ou de revendication, appliqué à voir et à donner à voir les signes : l’effet Derome ; les maisons des villages ; l’oubli des chants de noël [sic] ; les références culturelles ; dans le « Time », récemment, article sur la traduction anglaise des lettres de Mme de Sévigné ; ceci intéresse le « Time » mais non nos CEGEP[8]; émissions culturelles (?) de Radio-Canada ; programmation générale de Radio-Canada. Lire et organiser la multitude des signes.

III, p. 83-84

Cet « essai » n’a jamais abouti, mais « L’effet Derome » aura occupé son auteur durant au moins dix ans, de l’avant-propos de 1974 à cette note du 24 décembre 1984.

D’autres articles de Liberté, dont Belleau a été le cofondateur en 1959, apparaissent dans les « Cahiers » et certains sont célèbres. « La littérature québécoise est traversée par une opposition nature-culture. L’écriture s’y sent coupable vis-à-vis la nature et censure le signifiant. Mais l’écriture peut-elle se greffer sur la nature ? » se demande le critique le 22 septembre 1976 (II, p. 78-79). On retrouvera ce propos, l’année suivante, au début de « Culture populaire et culture “sérieuse” dans le roman québécois[9] ». Le 15 mai 1982, en voyage de travail à Paris, il note : « Claude Duchet me suggère un titre “final” pour la conférence de samedi prochain : “L’Institution littéraire québécoise : le conflit des codes”. » (III, p. 40) Douze jours après : « Hier, ce fut la “Conférence” […]. Je pense que ça a très bien marché ! Sujet : l’institution littéraire québécoise : le conflit des codes. J’avais beaucoup travaillé. » (III, p. 49) Le texte du même titre avait paru dans Liberté un an plus tôt[10]. Ce sont deux des publications de Belleau parmi les plus citées et commentées.

Les lecteurs de Notre Rabelais (1990) savent l’importance des théoriciens chez Belleau, au premier rang desquels Mikhaïl Bakhtine, découvert au début des années 1970[11]. Pourtant, ce n’est pas ce nom qui ressort des « Cahiers », mais celui de Roland Barthes : « J’aime assez Roland Barthes dont j’ai lu en octobre “Critique et vérité” », affirme d’abord Belleau le 2 novembre 1971 (II, p. 6), avant d’aller plus loin le 1er novembre 1979 : « je me sens tellement “barthésien” lorsque je lis ses observations sur les formes et les discours ! » (II, p. 147) et le 25 mars 1980, la veille de la mort de l’auteur[12] : « Les Essais critiques de Barthes représentent pour moi l’idéal formel de l’essai. » (II, p. 151) Cela étant, il y a très peu de réflexions de nature théorique dans les « Cahiers » : sur les « aspects linguistiques » de L’éducation sentimentale de Flaubert (II, p. 2-4), sur le rôle du « sémantisme » dans « l’effet esthétique » (II, p. 76), sur le nom propre dans le roman (II, p. 78), sur la nature de l’idéologie (III, p. 17-18 et p. 32-33). Les « Cahiers » ne sont pas le lieu de l’élaboration des positions théoriques de Belleau[13].

Ses lecteurs ne peuvent pas ignorer que les questions de langue sont partout sous sa plume, qu’il s’agisse de la langue romanesque (Le romancier fictif, 1980) ou de la langue commune, l’une et l’autre étant continuellement imbriquées chez lui. Les « Cahiers de lecture » font ressortir sa fréquentation des recherches en linguistique, notamment dans deux passages.

En avril-mai 1980, Belleau évoque ses études universitaires en lettres, qu’il a entreprises dans la trentaine :

Hiver 1968. Je suis étudiant à l’Université de Montréal. Je travaille dans ma chambre (mon bureau était alors dans la salle à manger). Est-ce que je revois des notes de cours, prépare un examen, fais un devoir ? Je ne sais plus trop. Mais il s’agissait de philologie française. Joie intense, profonde, libérante du travail intellectuel. Sentiment de coïncider parfaitement avec ce que je faisais.

II, p. 168 ; l’auteur souligne

Un an plus tôt, le 17 juillet, il décrivait ses activités de chercheur universitaire :

Ajoutons à cela la lecture (et la mise en fiches) des numéros nombreux des revues spécialisées qui s’étaient accumulés pendant ma maladie : « Littérature », « Poétique », « Le Français moderne », « Langue française », « Le Français aujourd’hui », « Le Français dans le monde »

II, p. 130

Belleau pouvait avoir des mots durs envers les linguistes[14]. Ce n’est pas par méconnaissance : il mettait « en fiches » leurs écrits ; il tirait une « joie intense » de la philologie.

On le voit : dans certains cas, les « Cahiers » servent de laboratoire pour les textes à paraître ; ailleurs, en revanche, Belleau revient sur des textes publiés. Ils sont un moment d’un travail intellectuel qui n’hésite pas à faire retour sur lui-même. Ils ne font pas que précéder ce qui serait l’oeuvre.

Relectures

Il ne saurait s’agir ici de proposer une lecture systématique des « Cahiers de lecture » et de les transformer en oeuvre achevée ; ils s’y refusent par nature. Cela étant, on ne manquera pas de retenir une double volonté de leur auteur.

D’une part, les « Cahiers » ont été constitués pour être réutilisés. On l’a vu : en couverture des deuxième et troisième, Belleau a énuméré la liste des voyages qu’il a faits, qu’il en ait rapporté des notes ou pas. À la fin du premier, il y a un index de trois pages des « Auteurs dont il est question dans ce cahier » — dans les faits, il y a des auteurs et des titres, à l’occasion soulignés en rouge. Des renvois internes apparaissent fréquemment : « voir note du 4 janvier » (I, p. 31) ; « J’ai fait état, dans ce cahier […] » (I, p. 44) ; « J’ai parlé du roman policier à trois reprises ci-haut : le 1er avril après avoir lu The Maltese Falcon de Dashiell Hammett ; le 14 juin à propos du Dr. No d’Ian Fleming ; et le 18 juillet, j’ai fait mention de The Red Widow Murders de John Dickson Carr… » (I, p. 53) ; « Il est question des trois premiers [romans] dans ce cahier ou le précédent. » (III, p. 66) Le 28 mars 1980, se penchant sur le roman Le semestre de Gérard Bessette, il écrit : « Voir ma thèse. » (II, p. 154) Sur cette page, d’une calligraphie différente, on lit aussi : « Voir mon livre. » (II, p. 154) Durant les derniers mois de sa vie, Belleau s’est relu et annoté. Ces pages ont été conçues pour qu’on puisse s’y reconnaître[15].

D’autre part, rien ne permet de penser que Belleau destinait ses « Cahiers » à quelque forme de publicité que ce soit, sauf pour une note tardive, en capitales, le 14 mai 1986 : « ON COMPARERA MON ÉCRITURE ICI À CELLE QUI PRÉCÈDE[16]. » (III, p. 103) Il a cependant souhaité les déposer au service des archives de son université, leur assurant visibilité et pérennité. Ces « Cahiers » ont uniquement été exploités, et modestement, par les spécialistes de l’écrivain, mais leur existence est publique (il n’y a pas de restrictions à leur consultation) et leur conservation est assurée.

Lisons-les comme s’ils nous étaient adressés.